Des histoiresLes mouvements de femmesUn bout d'histoire (179) Les mouvements de femmes Chronique locale: Une délégation féminine s'est présentée aux quartiers généraux de la police pour proposer la nomination d'une matrone de police qui exercerait une plus grande vigilance morale et rendrait plus sévère la loi empêchant les jeunes enfants de fréquenter les vues animées le soir sans être accompagnés de leurs parents. Le Conseil de ville a pris la chose en considération et agira immédiatement concernant cette proposition. Le Patriote de l'Ouest le 29 avril 1915 Trop souvent, on a tendance à croire que les mouvements féministes ont commencé avec les années 1960 et que c'est à ce moment dans l'histoire que les femmes ont abandonné le foyer pour le monde du travail. Rien n'est plus faux. À l'exception peut-être des années d'après-guerre, c'est-à-dire les années 1950 et 1960, les femmes ont toujours eu à travailler pour permettre à la famille de survivre. Trop souvent, toutefois, les femmes avaient des emplois mal rémunérés. Dès 1857, à New York, un groupe de travailleuses dans les usines de textile et du vêtement avaient manifesté contre la journée de travail de 12 heures, les faibles salaires et les pauvres conditions de travail. Si les travailleuses étaient restées dans les quartiers pauvres de New York, la police n‘aurait rien fait, mais le moment que le défilé a atteint les districts riches de la ville, c'était la suppression de la manifestation par des actes de violence, d'arrestations et d'emprisonnement. C'est seulement au début du XXe siècle que l'attitude envers les femmes au travail commence à changer petit à petit. En 1910, lors d'un congrès international du mouvement socialiste, à Copenhagen, il a été décidé de proclamer le 8 mars comme Journée internationale des femmes. Le but de cette journée est de rappeler les violentes grèves des travailleuses du textile de New York. Dans l'Ouest canadien, l'absence d'industries dans lesquelles on pouvait trouver des milliers de femmes désabusées, et une reconnaissance de certains droits tôt au début du XXe siècle, veulent dire que les mouvements féministes n'auront jamais l'impact ici qu'elles ont eu dans les grandes villes de l'Est. La majorité des gens dans les prairies vivent à la ferme. Les femmes sont donc occupées à défricher le terrain avec leur mari, leur père ou leurs frères pour ensuite aider à ensemencer et à récolter le grain. À la ferme, il y a toujours du travail pour tout le monde, surtout pour la femme qui doit aussi voir à l'entretien de la maison et à la préparation des repas. Plusieurs femmes deviennent des domestiques et nombreuses sont celles qui commencent un commerce. Dans bien des cas, ce sont des femmes qui ont ouvert les premiers magasins généraux dans les milieux ruraux. Au niveau carrière, c'est surtout vers l'enseignement que se dirigent les femmes et il est donc tout à fait normal que ce soit dans cette profession qu'elles gagnent d'abord l'équité salariale. C'est grâce à un regroupement de femmes de Saskatoon, le Saskatoon Women Teachers' Association que les enseignantes ont réussi à obtenir la parité salariale. «La Saskatchewan (1937) dépense plus sur l'alcool que les salaires des enseignantes et... 51 pour cent des enseignantes canadiennes reçoivent moins en salaire que les filles qui relient les livres d'écoles.»(1) Dans toutes nos bonnes familles canadiennes-françaises, il y a toujours eu de nombreuses «maîtresses d'écoles» ou institutrices. Dans la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan, le journalisme est une autre carrière qui permet à certaines femmes de se valoriser. C'est vers 1880 que certains propriétaires de journaux ont premièrement embauché des femmes pour travailler comme journalistes. Au début du XXe siècle, on trouve donc certaines femmes dans le métier et la plupart des journaux anglais ont une page féminine. Le clergé catholique de la Saskatchewan s'oppose farouchement aux mouvements de femmes. Toutefois, les curés approuvent certainement des requêtes comme celle proposée par les femmes de Prince Albert, soit la création d'un poste de matrone de police car cette personne «exercerait une plus grande vigilance morale et rendrait plus sévère la loi empêchant les jeunes enfants de fréquenter les vues animées le soir sans être accompagnés de leurs parents.» Le Patriote de l'Ouest ne tarde pas à suivre l'exemple des journaux anglais. «Dès la fondation du Patriote de l'Ouest, on a voulu offrir des articles consacrés aux femmes, aux enfants et à la famille. Les dirigeants de l'hebdomadaire allaient recruter deux jeunes femmes originaires du Québec pour assurer le contenu de la page En famille.»(2) Les deux jeunes femmes sont Marie-Anne Duperreault (Perrette) et Annette Saint-Amant. Malgré l'absence de mouvements de femmes, il n'est pas surprenant que les provinces des prairies aient été les premières à donner le droit de vote aux femmes. (1) Canadian Women's Calendar Collective, Herstory 1978, Saskatoon: Canadian Women's Calendar Collective, 1978, p. 58 (Traduction) (2) Sciences humaines, matériel d'appui, Programmes fransaskois, La Saskatchewan française, Volume 3, Les personnalités métisses et fransaskoises, Regina: BMLO, 1995, p. 295. Source Canadian Women's Calendar Collective, Herstory 1978, Saskatoon: Canadian Women's Calendar Collective, 1978. Sciences humaines, matériel d'appui, Programmes fransaskois, La Saskatchewan française, Volume 3, Les personnalités métisses et fransaskoises, Regina: BMLO, 1995. |
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