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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 2 numéro 3

Les média anglais et les crises scolaires

Vol. 2 - no 3, mars 1992
Comment ont réagi les média anglais de la province aux différentes crises scolaires? L'éditorial suivant est un bon exemple. Publié en janvier 1919, l'article montre les couleurs bleues (conservatrices) et orangistes du journal.

THE REGINA  DAILY POST



Comment les amendements à la loi scolaire sont reçus au Québec

Vraiment, la presse du Québec témoigne d’ingratitude dans son attitude envers le gouvernement Martin en ce qui concerne l’utilisation de la langue française dans les écoles de cette province.

Durant le récent débat, les orateurs du gouvernement, de façon unanime, ont indiqué les graves conséquences qui s’ensuivraient si le peuple canadien-français n’obtenait pas les droits qui leur reviennent en vertu des amendements à la Loi des Écoles. Il fut signalé, et réitéré, que les Canadiens français étaient déjà agité à cause des restrictions sur l’usage de la langue française dans les écoles de l’Ontario et l’impression fut laissée que le gouvernement Martin avait déterminé qu’aucun Canadien français ne devrait éprouver un froissement devant les actions du gouvernement de la Saskatchewan dans cette affaire.

Devant cette attitude, le commentaire suivant de La Presse, le plus grand journal canadien-français dans le Dominion, est intéressant:

Il n’y a rien de plus amusant que les tentatives entreprises pour prouver que les droits accordés à la langue française dans cette province (Saskatchewan) ne sont pas égaux à ceux donnés à la minorité canadienne-française de l’Ontario. Nous ne nous attarderons pas à prouver que ces allégations sont vraies ou fausses, nous contentant de dire que ni en Ontario, ni dans l’Ouest, la langue française reçoit les considérations qui lui reviennent ayant été la langue des premiers colons, des explorateurs du Canada, et les véritables évangélisateurs du pays que nous habitons en ce moment.

Il est, en effet, totalement inutile de faire des comparaisons entre les deux systèmes, qui ne rendent pas justice à l’élément français, et qui ne sont pas plus remarquables par ce qu’ils nous ont enlevé que par ce qu’ils nous ont donné. Tant dans la Loi des écoles de l’Ontario que dans celle que le premier ministre Martin est en train d’évoluer, il est clair ce qu’ils pensent de la langue française, mais cela n’a jamais été inspiré par l’esprit de la justice, et encore moins celui de la générosité que la minorité française a le droit de s’attendre de ceux qui constituent l’élément clé de la nation.

S’il y a une chose qui nous frappe avant tout, c’est l’unanimité avec laquelle les provinces anglo-canadiennes désirent mettre au ban de la société la langue française. Si nous comparons la législation, dont monsieur Martin se vante d’en être le champion, avec celles du passé, nous en arrivons nécessairement à la conclusion que la nouvelle loi n’en vaut pas la vieille, et la même chose peut être dit de l’amendement XVII comparativement à ce qui l’a précédé. Si, en effet, ce qui se déroule ici se répète ailleurs, nous ne pourrons dire que le résultat de la guerre a été de permettre aux petites nations de lever haut la tête et de gagner leur place au soleil.

Dans d’autres journaux français on peut lire la même chose. Le Devoir, par exemple, dans un éditorial le Jour de l’An, déclare qu’à la veille de la Nouvelle Année, des troubles sont à prévoir dans la situation des écoles de la Saskatche-wan. Il y a partout des objections à la législation du gouvernement Martin.

C’est extrêmement ingrat, comme nous l’avons dit, à cause des déclarations de M. Martin et de ses ministres que le gouvernement avait déterminé de faire ce qu’il faut faire pour les Canadiens français, mais le fait est que la législation soit allée trop loin ou pas assez loin. C’était l’intention, si on en juge par les discours des membres du gouvernement, de reconnaître la nationalité canadienne-française par cette législation, mais dans ce domaine, selon les journaux du Québec (et comme l’a indiqué à plusieurs reprises le Post), la législation ne va pas assez loin. Cependant, la législation va trop loin pour permettre à la Saskatchewan de se vanter, comme elle devrait pouvoir se vanter, qu’un système scolaire existe avec une seule langue d’instruction, qu’elle est une province anglaise et qu’elle a l’intention d’y demeurer.

La situation peut être franchement énoncée. Le peuple canadien-français ne sera satisfait que s’il obtient l’égalité de sa langue avec l’anglais dans toutes les provinces du Dominion. Ils ont ce droit au Québec, et personne, en autant qu’on le sache, ne leur en veut. Mais dans les autres provinces, et surtout dans celle-ci, la chose ouverte et virile est de soit rendre le français égal à l’anglais dans les écoles ou de faire de l’anglais la seule langue d’enseignement et d’étude jusqu’après les classes primaires. Pleine égalité entre le français et l’anglais, aucun gouvernement dans cette province n’oserait l’accorder, et le jour viendra (dans un futur rapproché) quand l’anglais sera la seule langue utilisée dans les écoles.

Cet article a paru dans le Regina Daily Post le 2 janvier 1919. Traduction: Laurier Gareau.








 
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