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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 13 numéro 2

Les Jeannotte dit Lachapelle de Coderre

Courage, témérité, persévérance
par Gwen Dale
Vol. 13 - no 2, décembre 2002
Ils ont été nombreux, ceux qui sont venus mal préparés pour les rigueurs de la colonisation dans l'Ouest, même certains qui avaient reçu une bonne éducation. Ils ont été attirés par des annonces promotionnelles ou encore par des parents déjà installés dans l'Ouest canadien. C'est la raison pour laquelle Hervé Jeannotte dit-Lachapelle de Beloeil, Québec est venu s'établir sur le «Flat à Jeannotte» près de Gravelbourg. Son frère Léo l'avait encouragé à venir avec la promesse d'une belle fortune qui l'attendait dans l'Ouest. C'était en 1911.
Nous reproduisons l'article suivant avec la permission du Wood River Free Press de Gravelbourg et de l'auteur Gwen Dale. Le texte a été traduit de l'anglais par Laurier Gareau.


Le métier d'Hervé est dans l'électrotechnique (le génie électrique) mais trouver un emploi dans ce métier à l'époque est impossible. Il avait travaillé plusieurs années dans un atelier à Montréal pour apprendre le métier d'électricien-ingénieur à un salaire de 75 cents par semaine.

Il n'est pas fermier, mais il était

Léon Jeannotte
Hervé Jeannotte
Photos: Jean et Gérald Jeannotte
Hervé Jeannotte vers 1910,
Albert


persuadé qu'il connaît ça «de la bonne terre». Au Québec, de l'herbe haute représente une terre fertile, mais ce n'est pas nécessairement le cas en Saskatchewan. Les terres les plus fertiles en Saskatchewan sont généralement recouvertes d'une herbe courte (ou prairie wool) et le colon fait bien de se tenir loin des hautes herbes.

Hervé Jeannotte prend un premier homestead dix milles et demi au nord de Gravelbourg. Il croit avoir obtenu une précieuse propriété; le paysage est de toute beauté, il y a du beau grand foin en abondance et un ruisseau serpente au milieu du carreau. Il croit avoir trouvé une superbe place pour y bâtir un foyer qu'il partagera avec sa future épouse. Il s'achète une charrue, un tracteur Rumilly neuf et une batteuse de Expense, Saskatchewan, mais immédiatement en enfonçant les quatre socs de sa charrue dans la terre, il se rend compte qu'il a commis une grave erreur. Son terrain est une terre pitoyable, un gumbo épais et en grande partie recouvert d'alcali. Seul un morceau à l'est du carreau peut produire une récolte. Prêt à tout pour gagner sa vie, Hervé demande à son père une avance sur son héritage. Il obtient la somme de mille cinq cents dollars qu'il utilise pour acheter une grosse batteuse et pendant les quinze prochaines années, Hervé gagne une bonne partie de sa vie à faire les battages pour les autres.

Le père d'Hervé, François Jeannotte, avait été un maître menuisier et avait fait beaucoup du travail de finition dans les wagons de chemin de fer de la compagnie Vanderbilt. La rumeur voulait aussi qu'il ait fait le

François Jeannotte
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
François Jeannotte dit Lachapelle à l'âge de 50 ans.

travail de menuiserie dans le wagon personnel de la reine Victoria. Un objet précieux dont possèdent les frères Jeannotte est une superbe boîte à bijoux sculptée d'une main experte par leur grand-père; la finition du bois marqueté ayant été bien préservée.

?équipe de «batteux» de Hervé Jeannotte
Photos: Jean et Gérald Jeannotte
L?équipe de «batteux» de Hervé Jeannotte vers 1915. On reconnaît dans la première photo de g. à d.: A. Emond, J. Marchand, Léon Jeannotte, O. Beaudoin, R. Myneault, E. Bergeron, Victor Bernier, Hervé Jeannotte. Sur le siège: Théophile Deschamps et Victor Hamel. C'est la même équipe d dans la deuxième photo.
?équipe de «batteux» de Hervé Jeannotte

C'est François Jeannotte qui aurait laissé tomber le nom dit Lachapelle. Dans sa jeunesse, il écrivait régulière-ment à sa fiancée, Azilda Auclaire qui demeurait à Beloeil et elle lui écrivait à son tour. Mais François n'était pas le seul dit Lachapelle dans la région. Par erreur, un cousin a reçu une lettre d'amour écrite par Azilda. Le cousin, après avoir lu la lettre, a taquiné le pauvre François qui n'a pas tardé à régler le problème. Pour éviter que son courrier aboutisse à nouveau en mauvaises mains, il a écrit à Azilda pour lui dire de laisser tomber le Lachapelle de son nom de famille. À compter de ce moment, il a commencé à s'identifier comme Jeannotte tout court.

Marie-Anne Hamel vers 1910
Photos: Jean et Gérald Jeannotte
Marie-Anne Hamel vers 1910. Cette femme bien éduquée n?a jamais hésité à prêter main forte, soit sur le siège de la disc à herse vers 1920 ou à faire boire un petit veau à la bouteille devant le «shack» des Jeannotte en 1921.
Marie-Anne Hamel vers 1910
Marie-Anne Hamel vers 1910

Tout en faisant du travail à la pige (custom work) pour des fermiers des environs, Hervé tente aussi bien que mal de gagner sa vie de son homestead. Pendant ce temps, il écrit régulièrement à sa fiancée, Marie-Anne Hamel qui était restée derrière au Québec. Elle a été surtout élevée dans un couvent de Warwick au Québec, sa mère étant décédée quand Marie-Anne avait quatre ans. Puisque la belle-mère ne veut pas l'avoir dans les jambes, elle passe une grande partie de sa vie comme pensionnaire dans un couvent où elle obtient une bonne éducation. Elle devient institutrice et elle enseigne pendant trois ans et demi dans une école au sud de Montréal. Chaque mois, son salaire est de 15 $, mais elle doit payer 7 $ pour sa pension.

En 1918, Marie-Anne se rend dans l'Ouest avec son père et en attendant d'épouser Hervé, elle travaille un certain temps pour les avocats Bonneau et Crépeau de Gravelbourg. Enfin, ils se marient et leur premier enfant, Jean, est né en 1920. Deux filles suivent Jean, soit Germaine et Lucienne. En 1929, c'est au tour de Gérald de naître. Les quatre enfants sont nés dans le vieux «shack» d'Hervé, les trois premiers au «Flat à Jeannotte» 10 milles et demi au nord de Gravelbourg. Quand Gérald est né, le vieux «shack» avait été déménagé près de Coderre.

Les trois aînés de la famille Jeannotte
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Les trois aînés de la famille Jeannotte, Jean, Lucienne et Germaine avec le chien Demsey vers 1930.


En 1927, Hervé a échangé son premier homestead (une demie section avec le carreau de pré-emption) contre une nouvelle demie section près de Coderre. Le «shack» a été déménagé du «Flat à Jeannotte» au nouveau homestead, le site de l'actuel Ferme Jeannotte, située six milles et demi au sud et à l'ouest de Coderre, pas loin de la rivière Wood. Il faut recommencer à zéro comme s'en souvient Jean: «C'était un deuxième homestead pour papa et il a dû casser le terrain.»

Quand les enfants sont petits, Marie-Anne accompagnent souvent Hervé pendant les moissons, couchant parfois avec ses trois enfants à la belle étoile sous les wagons. Elle y va pour faire la cuisine quand il n'y a personne d'autre pour la faire. C'est quand même incroyable de penser qu'une femme avec son éducation aurait si facilement accepté la vie rigoureuse de la femme du colon. Marie-Anne était pleinement dévouée à son mari et à ses enfants.

Hervé espérait que sa situation financière s'améliorerait, mais par 1929, il n'y avait plus un grand besoin pour des équipes de «batteux» alors que les fermiers s'étaient regroupés pour acheter de plus petites batteuses.

Pour empirer la situation, le testament de son père, François, a été invalidé parce qu'il était écrit en français. François était venu dans l'Ouest vivre avec ses enfants et mourir chez son fils, Hervé. Les tribunaux ont décidé que le testament était invalide parce que François avait vécu en Saskatchewan pour plus de six mois et que le document était rédigé en français. Hervé a démissionné comme exécuteur du testament de son père et a repayé le 1 500 $ qu'il avait déjà reçu en héritage. C'est sa soeur Orpha qui a hérité l'argent de son père.

Puis, c'est la grande dépression, les «dirty thirties». Jean se souvient des tempêtes de poussière; «si épaisse qu'il était impossible de voir la couleur de la table de cuisine.»

Le besoin pour des batteux a disparu et, avec la sécheresse, il n'y a rien à moissonner. Les gens vivent dans un véritable «Dust Bowl» (une cuvette de poussière)! Comme bien d'autres, les Jeannotte survivent aussi bien que mal. Il y a les poulets, un peu de bétail et un peu de jardinage. Il n'y a ni pluie, ni argent et leur niveau de vie se détériore à coup d'œil.

Au début de la crise, Hervé se rend dans l'Est dans l'espoir d'y trouver du travail. Il laisse sa famille dans le petit «shack» sur le homestead. Il planifie les faire venir quand il aura trouvé un emploi et se sera établi. On peut seulement imaginer le stress sur Marie-Anne. Les moyens de communication ne sont pas ce qu'ils sont aujourd'hui et il n'y a pas d'argent. Jean est assez vieux pour donner un coup de main à sa mère, mais il y a quatre enfants à nourrir. Jean se souvient de cette absence: «Pendant les années 1930, papa est retourné dans l'Est pour chercher du travail. Maman, et nous les enfants, nous étions restés derrière dans le vieux shack. Quand papa est revenu en 1931, il avait perdu tellement de poids que maman ne l'a pas reconnu! Il avait presque crevé de faim là-bas à Amos, Québec. Il aurait pu obtenir du travail, mais il n'y avait pas d'argent pour le payer.» Un an plus tard, Hervé revient à Coderre.

Les aventures de Hervé n'ont pas porté fruit; la grande dépression sévit d'un bout à l'autre du pays. S'il y avait eu suffisamment d'argent pour l'embaucher, Hervé aurait obtenu du travail. Toutefois, s'il avait trouvé un travail, il aurait travaillé sans paie!

Peste après peste, un désastre après l'autre, de la sécheresse aux mouches, des sauterelles aux chenilles et même les gophers! On publie même des

Hervé et Marie-Anne Jeannotte avec leurs enfants
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Hervé et Marie-Anne Jeannotte avec leurs enfants Jean, Lucienne et Germaine vers 1930.

annonces dans les journaux demandant aux gens de s'attaquer aux gophers. Dans la plupart des municipalités, les queues de gophers valent un cent chacune. La famille Jeannotte fait comme bien d'autres et vend les queues de gopher, mais Marie-Anne pousse davantage l'histoire des gophers. Jean et Lucienne attrapent et dépouillent des gophers. Marie-Anne découpent le dos des peaux et les fait sécher. Puis, elle fabrique un manteau pour Gérald avec ces peaux de gophers. Gérald ne se souvient pas combien de gophers ont sacrifié leur vie pour ce manteau, mais selon lui, «c'était un manteau très chaud.» Il dit avoir complètement usé le manteau.

Jean a plusieurs souvenirs des années de crise. «Nous avions deux vaches. Maman emballait le beurre dans du sel et les œufs dans du papier pour qu'ils se gardent plus longtemps. Elle utilisait des peaux de lapin pour de la fourrure. Finalement, il y a eu un peu d'argent; nous avons demandé et obtenu du «relief» du gouvernement, d'abord

Gérald Jeannotte
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Gérald Jeannotte portant le manteau de peau de gophers confectionné par sa mère.


L?école Bar Hill près de Coderre
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
L?école Bar Hill près de Coderre vers 1935. Gérald Jeannotte est le dernier à droite de la première rangée. Lucienne et Germaine sont à la gauche de la troisième rangée et Jean est le deuxième de la droite de la troisième rangée.

cinq dollars par mois et ensuite huit dollars par mois. Nous faisions bouillir de l'écorce d'arbre pour faire un breuvage. C'est quelque chose que mes parents avaient appris des Métis. Ce n'est qu'avec le début de la Deuxième Guerre mondiale que nous avons commencé à faire un peu d'argent pour se sortir de nos dettes.»

Pour Gérald, la mémoire de sa mère reste gravée dans ses souvenirs: «Maman était une femme très intelligente. Si elle vivait aujourd'hui, elle serait probablement une avocate ou n'importe quelle profession qu'elle aurait choisie. Pendant la guerre, elle a travaillé comme comptable à Ottawa. Elle a écrit les examens requis et avait été immédiatement embauchée. Elle travaillait dans les approvisionnements et était chargée de suivre le mouvement des chars de combat envoyés et détruits au front. Elle gardait un bilan très juste de ces dépenses. Maman m'a fait venir à Ottawa pour que je puisse recevoir deux années de bonne éducation. Elle avait toujours voulu qu'on reçoive une bonne éducation. Par contre, il me semblait que j'avais une enseignante différente à tous les 15 minutes. Maman est restée à Ottawa trois ou quatre ans. Elle aurait pu rester là-bas après la guerre mais elle s'ennuyait tellement de son pays et de sa famille. Elle était fatiguée de rentrer à la maison le soir, quatre murs, un lit, une couchette pour moi et une plaque de cuisson.»

C'est en 1942 que Marie-Anne a été embauchée à Ottawa. Elle s'est donc retrouvée seule à Ottawa pour deux ans. En 1944, elle a fait venir son plus jeune, Gérald, pour qu'il puisse recevoir une bonne éducation.

Pendant que sa mère et son frère étaient à Ottawa, Jean est demeuré à Coderre pour aider son père à la ferme. À cause de la pénurie de main d'œuvre agricole pendant la guerre, le gouvernement cherchait à tout prix à maintenir les fermes en opération. Il y avait donc des dispenses pour des jeunes hommes qui travaillaient dans des fermes. Hervé aurait aimé se faire embaucher pour les efforts de guerre,

[miniature1610]

Gérald Jeanotte dans un champ d?avoine
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Gérald Jeanotte dans un champ d?avoine à la récolte en 1942.

comme électricien, mais sa santé n'était pas bonne et on l'a refusé. Quand à Jean, il a tenté de s'enrôler comme mécanicien, mais on a découvert chez-lui un polio et il a été renvoyé.

Marie-Anne et Gérald sont revenus à Coderre un an après la guerre, en 1946.
La vie a toujours été une longue bataille pour Hervé et Marie-Anne. Par contre, celui qui avait encouragé Hervé à venir s'établir dans l'Ouest, son frère Léon, est devenu un grand succès à Gravelbourg. À un temps, il était propriétaire de cinq commerces en plus d'être fermier.

Malgré le travail ardu par maintenir une ferme viable, Hervé et Marie-Anne s'assurent que la famille

Marie-Anne et Hervé Jeannotte avec le bébé de Germaine
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Marie-Anne et Hervé Jeannotte avec le bébé de Germaine vers 1950. Ils sont devant le Model T à Jean.

soit heureuse. Et, les enfants seront des enfants. Jean se souvient, avec un petit rire, la fois qu'il a peint les cheveux de sa sœur; bien sûr il a fallu les couper! Selon Gérald, «On était toujours à me harceler. Une fois, j'étais assis sur mon cheval alors qu'il s'abreuvait. Lucienne m'a donné une poussée et j'ai glissé le long du cou du cheval pour aboutir dans l'auge. Germaine m'a aidé à sortir de l'eau tandis que Lucienne trouvait ça incroyable comment j'avais glissé le long du cou du cheval jusque dans l'eau.»

Avant tout, tous les enfants Jeannotte sont ambitieux. Germaine est une excellente artiste et elle a toujours travaillé à son art. Plus tard, elle a enseigné l'art. Lucienne est devenue garde-malade et elle a continué à travailler dans cette profession jusqu'à l'âge de 72 ans. Jean, avec ses talents mécaniques et artistiques, aurait aimé devenir bijoutier mais on avait besoin de lui à la ferme. Selon Gérald «Nous avions tous des ambitions. Moi, je voulais être dentiste mais tous les simples soldats étaient revenus de la guerre et avaient pris toutes les places en médecine dentaire.» Il a donc commencé à travailler avec son frère à la ferme.

Il n'y avait pas d'oisiveté dans la maison Jeannotte. Hervé était intéressé dans la photo-graphie et l'haltérophilie. Marie-Anne était toujours occupée à faire du petit point. Il y a plusieurs œuvres de petit point encadrées dans le salon de la maison de Jean et Gérald. Jean aime faire des formes d'un relief accidenté (fretwork). Les deux frères aiment travailler le cuir et ils ont gagné nombreux prix à des foires agricoles avec leurs bourses en peau travaillée. Gérald se souvient avoir vu sa mère et son frère tricoter de gros chandails de curling et les vendre pour gagner quelques dollars de plus. Selon lui, «Nous avons essayé tous les hobbys imaginables. Nos deux sœurs se sont mariées et sont devenues mères de famille. Les deux sont aujourd'hui veuves et elles vivent en

Jean Jeannotte aujourd'hui.
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Jean Jeannotte aujourd'hui.

Colombie Britannique. Germaine a eu deux enfants, un fils et une fille, tandis que Lucienne a eu deux filles et un fils. Une fille de Lucienne, Glorianne Carrière, est mariée au chanteur western, Ronnie Prophet. Glorianne a souvent chanté avec Ronnie et elle a connu une certaine renommée par elle même.»

Gérald et Jean ont construit une nouvelle maison pour leurs parents. Hervé et Marie-Anne ont pu l'apprécier pendant plusieurs années. Selon leurs fils, «nous leur avons bâti la maison qu'ils avaient toujours rêvé avoir.» La plus grande crainte d'Hervé et Marie-Anne Jeannotte était d'aboutir dans un foyer de vieillards. «Ils avaient vu de première

Germaine Jeannotte
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Germaine Jeannotte vers 1950,
Lucienne Jeannotte
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Lucienne Jeannotte vers 1950
Gérald Jeannotte aujourd?hui.
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
Gérald Jeannotte aujourd?hui.

main les foyers de vieillards au Québec.» Né en 1885, Hervé Jeannotte est décédé dans sa maison à Coderre en 1960. Marie-Anne est née en 1895 et elle est décédée dans la même maison en 1980.

Jean et Gérald vivent encore à la ferme à Coderre. Ils sont bien connus, autant comme fermiers que comme patenteux et hommes d'affaires.

Selon Gérald, «on a cassé le terrain de cette ferme avec des pics, des pelles et des chevaux et on a ramassé des roches. Parfois, je pense que cette terre fait pousser les roches.»

La ferme des Jeannotte à Coderre
Photo: Jean et Gérald Jeannotte
La ferme des Jeannotte à Coderre l'été dernier.

Puisqu'il y a tellement de roches, ils ont inventé un morceau d'équipement pour aider à les ramasser, le «rock picker». Ils ont aussi inventé une façon de contrôler la profondeur du discer. Pour éviter de perdre le contrôle sur ces inventions, ils ont formé la Jeannotte Manufacturing Ltd. et ils construisent de l'équipement agricole à partir de leur «shop» à la ferme à Coderre. Ils travaillent toujours le terrain, n'ayant pas peur de tenter l'expérience de l'agriculture organique et ils élèvent toujours du bétail, une quarantaine de vaches.

Ni l'un ni l'autre des deux frères ne s'est marié. Gérald dit: «Je pense que Jean aurait fait un bon père, car il a beaucoup de patience. Mais moi? Non! J'étais pas fait pour être marié.» Selon les deux frères, ils étaient trop pauvres pour aller au couvent ou dans une école catholique. Ils ont fait leurs études à la petite école de campagne, Bar Hill School près de Coderre. «Nous vivions de pain, de lait et de sucre brun. Nous étions les plus pauvres dans la communauté, mais malgré cela, nous avons bien des choses à laisser derrière nous.»

Deux des inventions de Jean et Gérald Jeannotte
Photos: Jean et Gérald Jeannotte
Deux des inventions de Jean et Gérald Jeannotte, le «rock-picker» et le «depth controller» pour usage avec la plupart des modèles de «discers».

Deux des inventions de Jean et Gérald Jeannotte
Photos: Jean et Gérald Jeannotte
Deux des inventions de Jean et Gérald Jeannotte, le «rock-picker» et le «depth controller» pour usage avec la plupart des modèles de «discers».





 
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