Des histoiresLes inspecteurs d'écolesUn bout d'histoire....(31) M. F.X. Chauvin. M. F.X. Chauvin, inspecteur général de nos écoles est allé en mission officielle à Marcelin cette semaine pour régler quelques difficultés au sujet du site de l'école et du futur couvent. À Regina, M. Chauvin s'emploie activement à promouvoir les intérêts de l'éducation au point de vue catholique et français et nous sommes heureux de pouvoir le féliciter de plusieurs succès partiels déjà obtenus dans ce sens auprès du Département de l'Éducation qui manifeste d'ailleurs une louable mentalité de justice et d'impartialité à l'égard de l'enseignement du français dans notre province. Le Patriote de l'Ouest le 7 novembre 1912 Lorsque Raymond Denis est élu président de l'Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan en 1925, une de ses premières priorités sera de mettre sur pied un réseau d'inspecteurs d'écoles franco-canadiens. Avec l'adoption de l'Ordonnance 22 de la Loi scolaire en 1892, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest avait créé un Comité de l'Instruction Publique dont le mandat était d'administrer tant les écoles catholiques que protestantes. C'est ce comité qui nommait les inspecteurs d'écoles. «Le ministère de l'Instruction publique avait constamment refusé de nommer un inspecteur bilingue pour les écoles de langue française. Certes, suite aux pressions exercées par l'ACFC, il avait successivement confié des charges d'inspecteur à MM. F.X. Chauvin, J.E. Morrier et Louis Charbonneau. Il les avait pourtant affectés à des postes ordinaires où ils n'avaient que très rarement l'occasion d'inspecter une école bilingue.»(1) En 1912, F.X. Chauvin effectue donc un de ses rares voyages dans une communauté francophone et c'est pour régler un problème de site de l'école de Marcelin et non pas pour inspecter une école bilingue. Dans les écoles bilingues, le gouvernement se contente généralement des inspecteurs qui ne parlent pas le français. La situation devient plus grave après l'adoption des amendements Martin en 1918 qui limitent l'enseignement du français à une heure par jour, sauf pour le cours de première année qui peut encore être offert en français. Si, en 1912, le Département de l'Éducation manifeste «une louable mentalité de justice et d'impartialité à l'égard de l'enseignement du français dans notre province», ce n'est plus le cas après 1918. «Ainsi le tristement célèbre A.W. Keith se permettait d'ouvrir les portes des petites écoles de campagne à coups de pieds, d'y interdire l'usage des manuels français pourtant agréés par son ministère, d'interpréter les dispositions des lois scolaires comme bon lui semblait, d'arracher les crucifix des murs comme à Bellevue et à Domrémy, de menacer ouvertement les commissaires comme à Saint-Denis, de terroriser les institutrices nouvellement sorties de l'école normale, de se vanter publiquement qu'aucun Québécois n'obtiendrait jamais de brevet d'enseignement dans son territoire, de rédiger des rapports de toute évidence mensongers et, par-dessus tout, de scandaliser la population catholique en visitant les écoles au bras de sa maîtresse, au vu et au su de tout le monde!»(2) C'est pour cette raison qu'au congrès conjoint de l'ACFC et de l'Association des commissaires d'écoles franco-canadiens de la Saskatchewan (ACEFC), en 1925, on demande des inspecteurs de langue française pour les écoles bilingues. «La question était plus délicate. Nos moyens financiers ne nous permettaient pas d'employer des laïcs. Il nous fallait donc faire accepter nos suggestions par nos Évêques. Or ceux-ci n'avaient déjà pas assez de prêtres. De plus il ne fallait pas n'importe quel prêtre. Nous avions déjà eu des visiteurs d'écoles, ils ne nous avaient pas donné satisfaction.»(3) Les deux Évêques de la province, Olivier-Elzéar Mathieu à Regina et Joseph Prud'homme à Prince Albert acceptent de libérer chacun un prêtre pour agir comme inspecteurs d'écoles; en réalité, Mgr Prud'homme libère deux Oblats de Marie-Immaculée, les pères Auclair et Jan pour cumuler les fonctions d'inspecteurs. Le père Achille-Félix Auclair, ancien directeur du Patriote de l'Ouest est alors affecté à l'archidiocèse de Regina pour assumer les fonctions d'inspecteur d'écoles dans le sud. Lorsque l'ACFC décide de nommer ses propres inspecteurs en 1925, elle n'a pas l'intention de demander la permission au gouvernement de la Saskatchewan. «La loi réservait aux seuls inspecteurs à l'emploi du gouvernement le droit de surveiller le déroulement des classes, d'évaluer les aptitudes du titulaire et de mesurer les connaissances des élèves. L'association ne fit en conséquence aucune démarche auprès des autorités pour obtenir la reconnaissance officielle de ses inspecteurs. Elle préféra emprunter une voie détournée. Il suffisait, soutenait-elle, d'obtenir le consentement des commissaires de l'arrondissement pour que quiconque puisse visiter une école à titre d'ami et de conseiller. Et rien n'empêchait ce 'distingué visiteur', une fois sur les lieux, de poser quelques questions de catéchisme et de français aux élèves.»(4) Deux de ces distingués «amis et conseillers» qui ont oeuvré pour l'ACFC durant les années 1950 et 1960 furent les abbés Roger Ducharme dans le sud et Arthur Marchildon dans le nord. Le programme d'inspecteurs d'écoles de l'ACFC se poursuit jusqu'à la fin des années 1960, lorsque le gouvernement provincial adopte une nouvelle Loi scolaire qui permet l'établissement d'écoles désignées. (1) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. p. 220. (2) Ibid. p. 220. (3) Denis, Raymond, Mes Mémoires, Volume un, Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. p. 127. (4) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Op. cit. p. 222. Sources Denis, Raymond, Mes Mémoires, Volume un, Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. |
|