Revue historique: volume 1 numéro 1Les Gareau dans l'OuestGens du pays - Spécial généalogique par Laurier Gareau Vol. 1 - no 1, octobre 1990
Selon le chercheur Robert Gareau, le premier Gareau en Nouvelle-France fut Jean St-Onge Gareau. Fils de Dominique Gareau et de Marie Pincault, Jean St-Onge est né dans la paroisse de Ste-Marguerite de Cogne dans la région de La Rochelle, région située dans le centre-ouest de la France. Il est déjà installé en Nouvelle-France en 1670, car le 2 novembre de cette année, il épouse Anne Taibot à Boucherville. Son frère, Pierre, vient le rejoindre à Boucherville et son mariage à Barbe de Montreuil est béni dans cette communauté le 3 novembre 1684. Les Gareau de lOuest sont sans doute descendants de cette union. Dominique, le père de Jean St-Onge et de Pierre, vient aussi sétablir au Canada, à Port-Royal en Acadie. En 1686 il épouse, en deuxième noce, Marie Gaudet, fille de Jean Gaudet et soeur de Denis Gaudet qui est lancêtre de tous les Gaudet de St-Isidore de Bellevue. Entre-temps, à Québec, Jean St-Onge Gareau eut quatre fils : Pierre, lainé, se marie en 1696 à Montréal à Marie Guertin et en deuxième noce en 1720 à Marie-Anne Mauge; Dominique a épousé Geneviève Bounay en 1706 à Boucherville; François sest marié une première fois en 1711 à Boucherville avec Marie-Marguerite Montribout et en deuxième noce à Bécanville en 1723 avec Marguerite Chedevergue; le cadet, Jean St-Onge, se marie à Boucherville le 12 janvier 1712 à Thérèse Bau. La troisième génération, les fils de Pierre, Dominique, François et Jean St-Onge (2), sest établie dans les régions de Contrecoeur et Chambly. Entre-temps, les fils de Pierre Gareau et Barbe de Montreuil quittent Boucherville pour sétablir à Terrebonne. Lainé, Pierre(2), se marie à Madeleine Renaud à lîle St-Jean aujourdhui lîle du Prince Edouard), mais revient sinstaller à Terrebonne où ses quatre fils sont baptisés. Afin de relier les deux généalogies (celle de Robert Gareau et celle du Père Denis Dubuc), il serait sans doute
logique de suivre cette lignée. Le troisième fils de Pierre, Antoine, sest marié à Marie-Josephte Jouin à Terrebonne le 9 janvier 1757. Puisquil était commun à cette époque de reprendre le nom du père ou du grand-père, il est probable quAntoine Gareau de St-Jacques de lAchigan (ancêtre des Gareau de Bellevue) était un descendant de cet Antoine.
Avant de faire le saut pour en arriver aux Gareau de l'Ouest, il faut mentionner que cinq autres Gareau ont immigré de la France au Canada, mais il est fort douteux quaucun ait eu des liens de parenté avec les Gareau de lOuest. Jacques Philippe Vadeboncoeur Gareau était le fils de André V. Gareau et Suzanne Paluseau du diocèse de La Rochelle. Il est à Montréal en 1731 car les registres indiquent quil a épousé Marie Imbaut de cette ville le 3 février. Jean-Pierre Gareau du diocèse dAngers en France est à Boucherville en 1735. Son mariage à Charlotte Besnard est enregistré le 8 mai. Pierre Gareau, fils de Pierre et de Marie Paguideau du département de Marne dans le nord-est de la France, épouse Marie Charlotte Jacques à St-Cuthbert, Québec, le 4 novembre 1788. René Gareau, fils de Mathurin Gareau et de Julienne Marson du diocèse de Nantes dans le sud-est de la Bretagne, est un soldat à Montréal en 1759. Le 21 mai de cette même année, il épouse Marie-Anne Larivière à Bout de lîle. Enfin, Jean-Baptiste Gareau, fils de Pierre et de Catherine Baron, est originaire de St-Jean dAngely dans le sud-ouest de la France. Le 3 février 1722, il se marie avec Marguerite Godin à Pointe Claire, Québec. Revenons à la Généalogie des familles de St-Isidore de Bellevue. Selon cette oeuvre, les familles Gareau sont venues de St-Jacques lAchigan. Leur ancêtre québécois était Antoine Gareau marié à Marie-Louise Robichaud. St-Jacques est situé au nord-est de Montréal. Ludger Gareau fut le premier des fils dAntoine à venir tenter ses chances dans lOuest. (Voir article page 6.) Son frère, Azarie, naît à St-Jacques le 19 janvier 1854. À lâge de seize ans, il décide daller chercher un emploi dans les villes industrialisées du nord-est des États-Unis. Installé dans lÉtat du Massachusetts, il rencontre et épouse Alexina Houle en 1873. En 1876, un fils, Napoléon, est né de cette union, mais Alexina meurt quelque temps après dune pneumonie. Azarie décide alors de revenir au Québec. Là, il rencontre Julie Beauchemin, sa deuxième femme. Deux enfants, une fille, Diana, et un fils, Wilfrid, naissent au Québec. En 1882, Azarie choisit de venir rejoindre son frère Ludger dans lOuest canadien. Il sinstalle à dix milles à lest de Batoche dans la région qui deviendra en 1902 la paroisse St-Isidore de Bellevue. En 1892, Azarie obtient ls lettres patentes de son homestead, le carreau nord-est, Section 10, Township 44, Rang 28. Dix ans plus tard, en 1902, il obtient le titre du carreau sud-ouest, Section 14, Township 44, Rang 28 sur lequel il a exercé son droit de préemption. Au cours des années suivantes, Azarie établit ses fils sur des terres avoisinantes.
Jusquen 1902, les Gareau de Bellevue appartiennent à la paroisse de St-Antoine de Padoue, Batoche. Toutefois, Azarie travaille pour améliorer le sort des autres Métis de Bellevue. Il ouvre un bureau de poste qui reçoit le nom de Garonne. Il se fait instituteur et enseigne à ses enfants et à
dautres jeunes Métis du coin. Puisquil veut que ses enfants reçoivent une bonne éducation, plusieurs sont placés en pension au presbytère de Batoche afin quils puissent assister aux classes de Mlle Onésime Dorval. Selon les registres de la paroisse de St-Antoine de Padoue, Batoche, Ludger et Azarie signaient leur nom Gareault. Seul leur jeune frère, Napoléon, arrivé à Batoche pour le mariage de Ludger en septembre 1884, refuse dajouter le lt à la fin de son nom. Notez dans les signatures des registres de la paroisse de Batoche que Napoléon a signé Garau lors du mariage de Ludger le 16 septembre 1884. Nous savons que Ludger et Azarie sont demeurés neutres durant la résistance de 1885. Selon une courte histoire, rédigée par une de ses filles, Ludger aurait laissé son frère Napoléon en charge de sa maison à Batoche lorsqu'il était dans lEst durant lhiver de 1884-85. Dans une liste préparée à la suite des troubles par le secrétaire de Riel, Philippe Garnot, nous retrouvons le nom de Napoléon comme étant un des soldats de Dumont. Napoléon aurait-il été membre de la petite armée de Gabriel Dumont ? Peut-être ! Toutefois, il ne faut pas oublier que Garnot était en prison et quil a probablement été forcé de rédiger sa liste. Comme son frère Ludger, Napoléon rencontre une jeune Métisse de la région, Angélique Nolin, quil épouse en 1890. Celle-ci est décédée en 1894. Deux enfants nés de cette union meurent en bas âge. Napoléon quitte la région après la mort de sa femme et il est probable quil soit allé se rétablir en Colombie-Britannique, quoiquil nexiste aucun document à son sujet après 1894. Un autre frère, Ernest, l'aîné des enfants dAntoine Gareau, est aussi venu tenter ses chances dans lOuest. Deux de ses fils, Philippe-Wilfrid (1894) et Azarie-Jules (1897), sont nés et ont été baptisés à Batoche. Toutefois, Ernest et sa famille retournent au Québec. Seul en Saskatchewan, Azarie fait venir deux de ses soeurs. Ernestine, célibataire, aide son frère sur la ferme et au bureau de poste jusquà sa mort en 1931. Une autre soeur, Rosanna, assume le poste dinstitutrice à Bellevue. Elle enseigne pendant un an et rencontre un jeune Canadien, Philippe Chamberland, quelle épouse en 1892. Cette famille sinstalle à Bellevue et y reste. Lorsquil a préparé la Généalogie des familles de la paroisse de St-Isidore de Bellevue, le Père Denis Dubuc sest surtout arrêté sur les Gareau qui étaient venus vivre en Saskatchewan. Toutefois, nous avons découvert deux autres enfants dAntoine qui ne figurent pas dans cette généalogie. Il y a quelques années, lorsque je faisais une recherche aux Archives de la Saskatchewan, jai découvert ce bref article dans le Patriote de lOuest du 29 août 1912: BELLEVUE: M. Jules Gareau, 52 ans. Il est venu visiter ses frères et soeurs, établis ici, quil navait pas vus depuis 42 ans. Jugez de leur surprise et de leur joie. Ailleurs, jai découvert que Jules Gareau était établi dans le comté de Jefferson dans lÉtat du Montana. Lautre enfant dAntoine Gareau qui ne figure pas dans la Généalogie de Bellevue est Diana (Soeur Marie-Wilfrid), religieuse avec les Soeurs de Sainte-Anne à Lachine, Québec. Comme religieuse, Diana a enseigné aux États-Unis et dans la province de Québec. Née à St-Jacques lAchigan en 1863, elle est décédée en 1941 après 57 ans de vie religieuse. Une de ses nièces, Adrienne, la fille dAzarie, est aussi devenue Soeur de Sainte-Anne à Lachine. Entre 1890 et 1920, le gouvernement fédéral veut encourager limmigration vers lOuest. Des campagnes de recrutement sont lancées dans la plupart des pays de lEurope. Afin de recruter des colons de langue française, on fait appel aux colons déjà établis dans lOuest canadien. Plusieurs colons, désireux de voir les propriétés voisines prises par des colons de langue française, écrivent des lettres chantant la beauté et la prospérité des terres de lOuest. Azarie Gareau, établi à Bellevue depuis 1882, écrit la lettre suivante en 1904. Cette lettre est reproduite dans des brochures publicitaires distribuées au Canada et en Europe. Même si Azarie décrit la valeur de sa propriété en dollars canadiens, il mentionne aussi le franc français dans sa lettre.
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