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Des histoires

Les Filles de la Providence

Un bout d'histoire (136)

Les Filles de la Providence (1)

Prince Albert: Un télégramme à l'évêché annonçait dimanche matin la mort de la Révérende Mère Marie-Berchmans, survenue à Vègreville, Alta. Mère Marie-Berchmans (Marie Bédier), née à Rennes (France) en 1875 fut l'une des six premières religieuses de la communauté des Filles de la Providence de St. Brieux (Côtes du Nord) qui arrivèrent le 15 mai 1897, à Prince Albert, à la demande de S.G. Mgr Pascal et vinrent établir dans le diocèse où elles possèdent d'excellents pensionnats à St-Louis, Domrémy, Howell, et aussi à Vègreville (diocèse de St-Albert).
Le Patriote de l'Ouest
le 12 mars 1914

Les premières Filles de la Providence arrivent en Saskatchewan le 15 mai 1897, à la demande de l'évêque du diocèse de Prince Albert. «En 1896, par l'entremise de M. Bodard, agent colonisateur, Mgr Pascal, évêque de Prince Albert, invita la Congrégation à venir s'établir dans son diocèse.»(1) Auguste Bodard, un Français d'origine, avait établi la Société d'Immigration française en 1887 dont le but était d'encourager l'immigration franco-européenne en Saskatchewan, plus particulièrement dans la région Prince Albert, Duck Lake et Domrémy.

Six religieuses arrivent donc dans le diocèse en 1897: Mère Saint-Jean Berchmans, Mère Marie Berchmans, Mère Marie du Rosaire, Soeur Saint-Philip, Soeur Sainte-Germaine, Soeur Marie-Madeleine. Trois d'entre elles demeurent à l'évêché à Prince Albert et les trois autres vont fonder le premier couvent des Filles de la Providence en Saskatchewan à Saint-Louis. «Dès leur première semaine à Saint-Louis les religieuses se mirent à ensemencer un jardin, oui, mais aussi à ensemencer un jardin spirituel en préparant les enfants à la première communion.»(2)

Au cours des prochaines années, elles ouvrent des couvents-pensionnats dans plusieurs autres villages francophones du diocèse de Prince Albert: Domrémy (1903), Bonne Madone (1905), Saint-Brieux (1924), Léoville (1937), Victoire (1950) et l'Institut de Notre Dame de la Providence à Prince Albert (1959).

En 1905, elles établissent un couvent à Howell, un village qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de Prud'homme. C'est à cet endroit que les Filles de la Providence auront éventuellement le centre de leur opération en Saskatchewan: une école, un pensionnat et, à partir de 1923, le noviciat de la congrégation. Le noviciat est d'abord établi à Vègreville en Alberta en 1908, mais il est transféré à Prud'homme en 1923 et restera dans cette communauté jusqu'en 1964 lorsqu'il sera rétabli à Prince Albert.

À partir de Prud'homme, les Filles de la Providence vont enseigner à l'école de Vonda et même, pour une courte période de temps, à Saint-Denis. «En 1963, une petite maison fut ouverte à Saint-Denis pour trois religieuses qui ont enseigné sous la direction de Mme Clodomir Denis. Ici comme ailleurs, les résultats de la centralisation dans de grandes unités scolaires voulaient dire que les élèves seraient transportés à Vonda par autobus. Les religieuses quittèrent Saint-Denis en 1971.»(3)

Dans la ville de Saskatoon, les Filles de la Providence jouent également un rôle important dans l'éducation des jeunes francophones. En 1961, Mère Marie Claire ouvre une maternelle francophone dans une maison près de l'école Saint-Paul et de la paroisse Saints-Martyrs-Canadiens. Le succès de cette maternelle est tel que des élèves de l'école Saint-Paul viennent à la maison après les heures de classe et le samedi pour étudier le français. À cette époque, l'enseignement du français est rare dans les grandes villes de la province, puisqu'il n'existe pas encore d'écoles d'immersion. En effet, l'école Saint-Paul deviendra une des premières écoles d'immersion à Saskatoon.

Dans le diocèse de Régina, les Filles de la Providence ont oeuvré dans deux communautés francophones: Périgord (1935) et Saint-Front (1937). Elles ouvrent des couvents dans ces deux villages et assurent l'enseignement des jeunes.

(1) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures—One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 410.
(2) Ibid., p. 411.
(3) Robertson, D.F., The Sword of Saint Paul, A History of the Diocese of Saskatoon 1933-1983, Saskatoon (Sk): The Episcopal Corporation of Saskatoon, 1982, p. 73.

Sources
Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures—One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.

Robertson, D.F., The Sword of Saint Paul, A History of the Diocese of Saskatoon 1933-1983, Saskatoon (Sk): The Episcopal Corporation of Saskatoon, 1982.

Lorsque les Filles de la Providence arrivent dans l'Ouest canadien, à Prince Albert et, à Saint-Louis, en 1897, elles apprennent que les enseignants doivent avoir un brevet d'enseignement des Territoires du Nord-Ouest avant de pouvoir diriger une salle de classe même si la personne détient déjà un diplôme universitaire. Mère Saint-Jean Berchmans, supérieure des Filles de la Providence en Saskatchewan, reconnaît l'importance de se conformer aux exigences du ministère de l'Éducation. «Le couvent qui leur est destiné n'est pas encore prêt et la supérieure revient à Prince Albert. Elle désire se perfectionner en anglais afin de pouvoir se conformer au programme d'études du ministère de l'Instruction publique; elle connaît cette langue déjà passablement bien pour l'avoir étudiée pendant plusieurs années en France.»(1)

Les Filles de la Providence n'ont pas peur d'innover et elles sont les premières religieuses à suivre des cours à l'École Normale de Regina. Les autres congrégations religieuses suivront leur exemple afin de pouvoir offrir à la jeunesse francophone de la Saskatchewan le meilleur enseignement possible.

Dans bien des cas, les religieuses des Filles de la Providence doivent suivre des cours du secondaire avant de s'inscrire à l'École Normale afin de parfaire leurs connaissances de l'anglais. Puisque les écoles secondaires, où les religieuses pourraient apprendre l'anglais, sont rares à cette époque dans l'Ouest canadien, les Filles de la Providence demandent alors, en 1903, la permission à Mgr Pascal d'envoyer deux de leurs soeurs à Régina. «Elles demandent et obtiennent la permission de Mgr Pascal de s'inscrire à l'école publique de Régina. En février 1903, les Filles de la Providence font contacte avec Régina....»(2) Certains catholiques critiquent les religieuses pour s'être inscrites dans une école protestante, mais il le faut si elles veulent enseigner dans le territoire. Après avoir terminé leurs études secondaires, Soeur St-Pierre et Soeur St-Sylvestre deviennent les deux premières religieuses à s'inscrire à l'École Normale.

Pendant de longues années, les Filles de la Providence se sont dévouées à l'enseignement des jeunes canadiens-français de la Saskatchewan.

Lorsqu'elle arrive dans l'Ouest en 1897, Mère Marie-Berchmans est une des trois Filles de la Providence qui demeurent à l'évêché de Prince Albert. «Cette bonne religieuse a été durant quatorze années au service dévoué et intelligent de l'évêché de Prince Albert.»(3) Soeur Saint-Philip et Soeur Sainte-Germaine sont les deux autres religieuses qui demeurent avec elle à Prince Albert. «Les trois autres, Mère Saint-Jean Berchmans, Mère Marie du Rosaire et Soeur Marie-Madeleine se dirigèrent à Saint-Louis, paroisse de l'abbé Barbier, composée de quelques familles françaises ainsi que de Métis anglais et français.»(4)

Mère Marie-Berchmans travaille aussi pendant deux années à l'orphelinat Saint-Patrick de Prince Albert entre 1901 et 1906.

En 1908, les Filles de la Providence établissent leur noviciat à Vègreville en Alberta. C'est là que Mère Marie-Berchmans se rend en 1913. «Déjà souffrante, elle partait au mois de juillet dernier pour prendre un peu de repos dans sa communauté à Vègreville, mais elle ne put se remettre au travail. La nouvelle de la mort de Mère Marie-Berchmans a été apprise ici avec grand regret.»(5)

(1) Lapointe, Richard, «Mélanie Noury», 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 305.
(2) Archdiocese of Regina, A History 1910 - 1985, Regina (Sk): Archidiocese of Regina, 1988, p. 542.
(3) «Chroniques locales», Le Patriote de l'Ouest, le 12 mars 1914.
(4) Comité d'histoire locale, Je me souviens, Histoire de Saint-Louis et des environs, Saint-Louis: Comité d'histoire locale, 1980, p. 46.
(5) «Chroniques locales», Op. cit.

Sources
Archdiocese of Regina, A History 1910 - 1985, Regina (Sk): Archidiocese of Regina, 1988.

Comité d'histoire locale, Je me souviens, Histoire de Saint-Louis et des environs, Saint-Louis: Comité d'histoire locale, 1980.

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures—One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891—1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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