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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des histoires

Les débuts de l'A.C.F.C.

Un bout d'histoire....(17)

AURONS-NOUS DES DÉLÉGUÉS. UN APPEL AUX ASSOCIATIONS ST-JEAN-BAPTISTE. Les lecteurs du Patriote connaissent déjà la convocation de l'important Congrès de la Langue Française pour l'an prochain, à Québec. Le désir manifesté des organisateurs du Congrès est que tous les groupes français d'Amérique y soient représentés. La province du Manitoba a récemment organisé, à cet effet, une succursale du Parler Français dans la ville de St-Boniface. La Saskatchewan et l'Alberta resteront-elles en arrière? Nous avons bien l'espoir qu'il n'en sera pas ainsi. Voilà tout de suite une magnifique occasion qui s'offre aux diverses Associations St-Jean-Baptiste déjà fondées de manifester leur vitalité, et c'est aussi une nouvelle raison qui s'ajoute à tant d'autres de hâter partout la fondation de nouveaux Cercles.
Le Patriote de l'Ouest
le 17 août 1911

Puisque nous fêtons cette année le 80e anniversaire de la fondation de l'A.C.F.C., cette chronique ne peut certainement pas passer sous silence les débuts de notre association provinciale. Il y a eu récemment un article à ce sujet signé par Jacques Follorou (Eau vive le 5 mars 1992), mais il y a beaucoup d'autres détails intéressants à souligner.

Par exemple, qui est le père de l'A.C.F.C.? Qui a eu la brillante idée de convoquer les Franco-Canadiens de la Saskatchewan à une réunion à Duck Lake en 1912? «Il n'est pas facile de dire qui a cuisiné l'organisation des Fêtes de la St-Jean-Baptiste en 1911 et imaginé la fondation d'un mouvement français organisé, mais le Père Achilles Auclair, o.m.i., par la voix du Patriote de l'Ouest dont il était le rédacteur s'en est fait le porte-voix.»(1) En effet, le père Félix-Achilles Auclair a écrit de nombreux articles pour convoquer les francophones de la Saskatchewan à une réunion à Duck Lake en février 1912. Le but de cette rencontre était de préparer la participation des Franco-Canadiens de la Saskatchewan au Congrès du Parler français qui devait avoir lieu à Québec à l'été 1912.

Le père Auclair, comme bien d'autres dans la province, croyait que se rassemblement provincial pourrait se faire par l'intermédiaire des cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste.

À quel endroit dans la province peut-on trouver le plus d'appui à l'idée d'un regroupement tel que proposé par le père Auclair? «Il semble que c'est à St-Denis, où les Français n'y étaient installés que depuis deux ans, dit le journal, qu'on ait prêché avec le plus de vigueur le besoin d'un lien entre groupes français.»(2) Deux ans plus tôt, en 1909, l'abbé Philippe-Antoine Bérubé de Vonda(3) avait invité tous les représentants de tous les cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste de la province à une grande réunion dans sa paroisse. Le missionnaire-colonisateur espérait ainsi suivre l'exemple du Manitoba et former un regroupement provincial des cercles locaux de la Société Saint-Jean-Baptiste.(4)

Pourquoi les chefs des francophones de la Saskatchewan croient-ils important de former un regroupement des Franco-Canadiens de la Saskatchewan? La plupart des curés croient que les Canadiens français doivent s'unir pour sauvegarder leur langue et leur foi. Quant à lui, l'abbé Bérubé estime qu'il y a deux autres raisons. «M. le curé de Vonda affirma que les deux grandes questions autour desquelles nous devions nous unir, c'était la question des écoles et la colonisation.»(5)

Bien sûr, l'abbé Bérubé est missionnaire-colonisateur pour la région nord de la Saskatchewan. Il est convaincu que s'il peut établir un bloc de centres francophones dans le nord de la province, les Canadiens français seront plus forts. Jusque dans les années 1930, la colonisation sera un des plus importants dossiers de l'A.C.F.C.

Quant aux écoles, il est à noter que c'est la situation des écoles catholiques et françaises dans le district du Keewatin (le nord de l'actuelle province du Manitoba) qui fait parler d'elle au congrès de 1912. Puisque le Keewatin doit se joindre au Manitoba, le clergé ne veut pas que les écoles du district soient sujettes à la loi manitobaine de 1890. Six ans plus tard, en 1918, les Canadiens français de la Saskatchewan sont impliqués dans leur propre crise scolaire.

La Saskatchewan doit envoyer quatorze délégués au Congrès du Parler français à Québec en juin 1912. Combien de femmes sont choisies pour représenter la communauté canadienne-française de la Saskatchewan? Aucune. «Quatorze délégués furent choisis pour représenter la Saskatchewan au Congrès de la Langue Française à Québec: S.E. Mgr Mathieu, S.E. Mgr Charlebois, Hon. Turgeon, P. Lacoste, O.M.I., Vicaire Général de Prince-Albert. M. Quennelle, Père Delmas, O.M.I., l'abbé Charles Maillard, membre du Conseil épiscopal de Régina, Père Auclair, rédacteur du Patriote, l'abbé Bérubé, missionnaire-colonisateur, Vonda, l'abbé P.E. Myre, directeur de la Bonne Presse et curé de Marcelin, M. Amédée Cléroux, agent d'Immigration, Vonda, M. Louis Schmidt, historien de St-Louis, etc.»6 La communauté francophone, à cette époque, est bien dans les mains du clergé.


(1) Album souvenir, A.C.F.C. 1912 Jubilé d'or 1962, Saskatoon: L'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan, 1962. p. 32.
(2) Ibid. p. 32.
(3) Saint-Denis faisait encore partie de la paroisse de Vonda en 1909.
(4) En 1908, l'archevêque de Saint-Boniface, Mgr Langevin, avait invité les cercles locaux du Manitoba à former une fédération provinciale.
(5) Denis, Raymond, Mes mémoires, Volume 1, copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. p. 47.
(6) Album souvenir, Op. cit. p. 32.

Sources:

Album souvenir, A.C.F.C. 1912 Jubilé d'or 1962, Saskatoon: L'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan, 1962.

Denis, Raymond, Mes mémoires, Volume 1, copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan.





 
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