Des histoiresLes batteuxUn bout d'histoire....(11) Les Moissonneurs: Le Département de l'Agriculture maintient un représentant à North Portal, Sask, pour diriger les moissonneurs qui viennent des États-Unis. Les districts qui auraient besoin de main-d'oeuvre pourront communiquer avec le Département de l'Agriculture, à Regina, par lettre ou par télégramme payé d'avance, indiquant le nombre d'hommes requis, la durée probable de l'engagement et le prix des salaires avec pension. Le Patriote de l'Ouest le 31 août 1911 Les batteux! Ils viennent des Maritimes, du Québec et de l'Ontario. D'autres arrivent de l'Europe et des États-Unis. Chaque automne, entre 1896 et 1930, ils s'emmènent dans l'Ouest canadien par millier pour aider avec les travaux de la moisson. Plusieurs choisissent de rester et de prendre un homestead, tandis que d'autres optent de retourner chez eux. C'est à l'été de 1891 que commence la belle histoire des batteux. Cette année-là, la récolte de blé s'annonçait excellente dans les prairies de l'Ouest. Les agriculteurs avaient donc demandé au gouvernement de leur aider à trouver de la main-d'oeuvre pour travailler aux moissons. Le gouvernement fédéral avait recruté plus de 1 300 hommes dans les Maritimes, au Québec, en Ontario et en Angleterre et les compagnies de chemin de fer avaient mis des wagons à la disposition de ces jeunes hommes pour les transporter dans l'Ouest à un prix raisonnable. Pourquoi le gouvernement et les compagnies de chemin de fer aident-ils avec ce projet? C'est qu'ils se rendent compte que ces excursions pour les battages sont un moyen idéal de convaincre des jeunes hommes de venir s'installer définitivement sur des homesteads de l'Ouest. Nombreux furent ceux qui, venus simplement pour faire les récoltes, ont aimé le pays et se sont pris un homestead . Joseph Fournier de Sainte-Claire de Dorchester, Québec vient faire les battages en 1909 avec ses deux fils, Louis et Joseph et un neveu, Joseph Chabot. Ils s'engagent avec une équipe de batteux dans la région de Milestone au sud de Regina. Lorsque la pluie arrête les travaux, les quatre se rendent au bureau de l'agent des Terres du Dominion à Moose Jaw où ils se réservent des homesteads, sans avoir vu la région, dans le sud-ouest de la province. L'année suivante, Joseph Fournier devient le premier colon de Ferland. Pourquoi viendraient-ils dans l'Ouest pour faire un travail dur? C'est que les salaires des batteux sont très élevés comparativement à ceux payés ailleurs au Canada. Dans l'Est, un ouvrier reçoit un salaire maximal de 30 $ par mois. Comme batteux, un débutant peut gagner jusqu'à 1,50 $ par jour, alors qu'un employé avec plus d'expérience peut obtenir jusqu'à 3,50 $ par jour. En 1915, par exemple, alors qu'il y avait une récolte record en Saskatchewan, les salaires ont atteint 6,00 $ et 8,00 $ par jour. À cause de ces salaires, plusieurs étudiants et même des commis de magasin et des boulangers, s'organisaient pour prendre leurs vacances durant le temps des récoltes et bénéficier d'un bon salaire. Il y a parfois d'autres raisons que l'argent pour motiver un jeune homme à venir faire les battages; un a été laissé par la fille qu'il aime, un autre espère vivre une dernière grande aventure avant de se marier, tandis qu'un troisième veut visiter des amis dans l'Ouest. Ce que le gouvernement et les compagnies de chemin de fer ne leur disent pas avant leur départ de Halifax, de Fredericton, de Québec ou de Toronto, c'est que la vie du batteux n'est pas facile. La journée commence régulièrement à quatre heures du matin et elle ne prend fin que tard le soir. Et quand il y avait de la pluie, comme c'est souvent le cas l'automne en Saskatchewan, ils devaient se tenir occupé. Une ancienne pionnière de la région de Fir Mountain, Mme Madeleine Dumélie-Coupal, racontait dans une entrevue ce que faisait ces hommes quand la pluie venait: «Mais, aussitôt que la pluie venait, puis des fois il pleuvait dans l'automne pour une semaine ou dix jours, il fallait les garder ces hommes-là. Maman faisait cuire pour eux. Mais les hommes étaient bons par exemple. Ils lui aidaient beaucoup. Ils lavaient des fenêtres. Ben! il fallait qu'ils s'occupent, hein, ces gars-là.»(1) Une équipe de batteux se compose de 12 à 28 hommes. Selon Grant MacEwan, les salaires d'une équipe de batteux sont répartis d'après le travail de chaque membre: «On payait cher les services de l'ingénieur; il était l'homme de l'heure, envié par ses confrères, et au début du siècle il recevait un salaire de 3,50 $ par jour. Le séparateur, celui qui connaissait toutes les courroies et qui pouvait trouver tous les petits trous à huile dans la batteuse, recevait un salaire de 3,00 $ par jour. Celui qui lançait les gerbes de grain dans la batteuse recevait 2,50 $ par jour et, enfin, ceux qui remplissaient l'engin à vapeur de bois et d'eau, ainsi que ceux qui transportaient les gerbes des champs recevaient 1,60 $. Si ces derniers fournissaient leurs propres chevaux et wagons, ils recevaient 4,00 $.»(2) La belle époque des batteux prend fin avec la grande dépression des années 1930. Puisqu'il y a sécheresse dans l'Ouest, il n'y a aucun besoin pour de la main-d'oeuvre agricole. Après la guerre, les moissonneuses-batteuses commencent à faire leur apparition et le temps des batteux est passé. (1) Gendron, Claudette, Entrevue avec Madeleine Dumélie-Coupal de Regina et autrefois de Fir Mountain, Projet de la Société historique de la Saskatchewan, 1980, Archives de la Saskatchewan, Cassette R-5215. (2) MacEwan, Grant, Power for Prairie Plows, Saskatoon: Western Producer, 1971 (Prairie Books), p. 50. (Traduction) Sources: Chabot, abbé Adrien, Aperçu historique de Ferland, Sask., Gravelbourg: Les cinquante ans de Ferland Sask. 1910-1960. Cherwinski, Joe, «Les trains de la moisson», Horizon Canada, Volume 3, Saint-Laurent (Qué): Centre d'Études en enseignement du Canada, 1985. Gendron, Claudette, Entrevue avec Madeleine Dumélie-Coupal de Regina et autrefois de Fir Mountain, Projet de la Société historique de la Saskatchewan, 1980. Archives de la Saskatchewan, Cassette R-5215. MacEwan, Grant, Power for Prairie Plows, Saskatoon: Western Producer, 1971. (Prairie Books) p. 50.Traduction. |
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