Revue historique: volume 7 numéro 1Le R.P. W. Piédalue, O.M.I., est décédé à GravelburgUne page d'histoire La Liberté et le Patriote, le 25 février 1965 Par Laurier Gareau Vol. 7 - no 1, octobre 1996 Les années 1964 et 1965 ont été particulièrement difficiles pour la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan, car dans l'espace de quelques mois, entre septembre 1964 et février 1965, elle a perdu trois de ces grands chefs: Antonio de Margerie le 10 septembre 1964, Raymond Denis le 19 février 1965 et le R.P. Wilfrid Piédalue, o.m.i., le 21 février. De Margerie et Denis sont bien connus de la plupart des Fransaskois, mais le nom du père Piédalue est surtout connu de ses anciens élèves du Collège Mathieu. Wilfrid Piédalue est né à Montréal le 14 janvier 1902. Il était le fils d'Anatole Piédalue et de Cordélie Galipeau. Il avait déjà commencé ses études à l'école de Saint-Pierre Apôtre à Montréal lorsque ses parents ont décidé d'immigrer vers l'Ouest canadien et de s'établir à Winnipeg. Il a poursuivi ses études à l'école paroissiale du Sacré-Coeur à Winnipeg avant de se diriger vers le Juniorat de Saint-Boniface. Il a ensuite étudié la théologie au noviciat de Ville La Salle et au Scolasticat des Oblats à Rome où il a été ordonné prêtre le 12 juillet 1925. Le père Piédalue est arrivé à Gravelbourg en 1927 et il y ait resté jusqu'à sa mort en 1965, sauf pour un bref séjour au scolasticat de Lebret en 1931. «Mathématicien brillant, le défunt s'est spécialisé surtout dans l'enseignement de la philosophie et il avait publié l'an dernier en manuscrit un manuel de ses cours en quatre volumes. Il s'apprêtait à donner à cette oeuvre une forme plus définitive quand la mort l'a frappé. Depuis plusieurs années il se rendait durant l'été à l'Université d'Ottawa pour des cours d'été et pour la correction des examens. La population du sud de la Saskatchewan le connaît à titre de célébrant des prières du matin et du rosaire au poste de CFRG, et comme co?iférencier très apprécié. Pendant la période des vacances, il consacrait aussi une partie de son temps à la prédication de retraites aux communautés religieuses. On trouvait chez lui un patriotisme à toute épreuve, une curiosité intellectuelle toujours jeune et une joie de vivre communicative. Le père Piédalue a su inspirer ses élèves au Collège Mathieu et plusieurs anciens s'en souviennent encore avec émotion. «Il possédait au plus haut degré le don de communiquer le goût de la recherche et de l'excellence intellectuelle. Plusieurs se rappellent aussi sa contribution à titre de directeur du cercle Lacombe, le cercle local de l'Association Catholique de la Jeunesse Canadienne, durant les années 1930. L'un d'eux écrit: 'Le nouvel étudiant au Collège Mathieu remarquait d'abord sa coupe de cheveux, une coupe de cheveux en brosse!... comme bon nombre d'entre nous! Les aînés se souvenaient que, plus jeune, le père Piédalue appliquait de solides coups d'épaules aux matchs de hockey. Plus âgé, il préférait le bridge au hockey et il contribuait à la partie de cartes saj oie de vivre habituelle. Il a trouvé le temps, pendant des années, de conseiller les dirigeants de l'Amicale et, toujours fin psychologue, de rehausser le moral de l'étudiant découragé. '» Comme bien d'autres oblats du Collège Mathieu, le père Piédalue n'a jamais hésité à contribuer aux diverses causes françaises dans sa province d'adoption. Il a travaillé de longues heures à la campagne de souscription pour la construction des stations de radio CFRG à Gravelbourg et CFNS à Saskatoon; il a même fait partie du premier Conseil de direction de la station CFRG. «Pendant de nombreuses années, il a récité le chapelet du soir à la radio. Il arrivait invariablement aux studios à la dernière seconde, plusieurs s'en souviennent, déposait son énorme cigare dans le cendrier à l'entrée et entonnait «Au nom du Père... « d'une voix forte en même temps qu'il soufflait une dernière bouffée odorante.» Je n'ai pas eu la chance de connaître le père Wilfrid Piédalue. Je suis seulement arrivé au Collège Mathieu à l'automne 1965. Toutefois, j'en ai beaucoup entendu parlé... et j'ai souvent entendu parler de son fameux cigare. «Et toujours son cigare! Le nuage bleu et l'odeur du tabac trahissaient ses allées et venues si bien qu'on le retrouvait aussi facilement à la bibliothèque du premier étage qu'à ses cours de philosophie au troisième!» (Les citations sont tirées de Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan 1988. pp. 320 à 322 et «Le R.P. W. Piédalue, O.M.I., est décédé à Gravelbourg», La Liberté et le Patriote, le 25 février 1965.) |
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