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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 2 numéro 2

Le Programme libéral

politique d'antan et d'aujourd'hui
Vol. 2 - no 2, janvier 1991
Les résidants de la Saskatchewan ont été appelés à se prononcer sur le sort de leur gouvernement en octobre dernier. Le résultat : une victoire écrasante pour le Nouveau Parti démocratique. Les premières élections provinciales, en Saskatchewan et en Alberta, ont eu lieu à l'automne 1905. Le libéral Walter Scott a été élu premier ministre de la Saskatchewan le 13 décembre 1905. Les libéraux seraient au pouvoir en Saskatchewan jusqu'en 1929. En Alberta, ce sont également les libéraux qui forment le premier gouvernement provincial. Alexander-Cameron Rutherford a été élu premier ministre à l'automne de 1905 et les libéraux sont demeurés au pouvoir jusqu'en 1921.

L'article suivant a paru dans le Courrier de l'Ouest, le journal francophone de l'époque, le 14 octobre 1905. Comme exercice intéressant, on pourrait repérer les points soulevés dans le programme libéral de 1905 qui ont été abordés lors de nos récentes élections en Saskatchewan, que ce soit par les libéraux, les conservateurs ou les néo-démocrates.



Le Courrier de l'Ouest, Edmonton, le 14 octobre 1905

Le Programme libéral
et ce qu'il veut dire


Après avoir lu attentivement le programme libéral, il importe que les électeurs en saisissent la véritable signification, toute la haute portée.

Ce programme, large et prévoyant, signifie que, sous un régime libéral, nous aurons un ministère qui s'occupera en conscience et avec succès, de la réalisation des articles suivants:

1° Promouvoir le progrès dans Alberta;
2° Maintenir fermement les droits de la province afin de ne pas les laisser choir sous la dictature des Orangistes d'Ontario;
3° Favoriser et établir partout de bonnes écoles, mais de manière que les écoles catholiques jouissent de la même indépendance et de la même liberté que les écoles protestantes;
4° Empêcher les compagnies et autres monopoles corporatifs de s'enrichir d'une façon illigitime, aux dépens du colon et de la classe ouvrière;
5° Donner toute l'aide possible à l'agriculture et à l'élevage (rancher);
6° Avoir un gouvernement économe et gérant les affaires publiques d'une façon tellement pratique et sensée que tous pourront y voir clair, le citoyen ordinaire aussi bien que l'homme d'état et le financier, et puis voir à ce que les officiers publics se comportent en serviteurs du peuples et non pas comme s'ils en étaient les maîtres;
7° Poursuivre avec vigueur l'ouverture des chemins, de même que la construction des ponts et des bateaux traversiers;
8° Prendre les mesures nécessaires pour hâter la construction du chemin de fer de la Baie d'Hudson afin d'avoir un moyen de transport à bon marché et la voie la plus courte vers un port de mer;
9° Encourager toute espèce d'opération minière dans Alberta;
10° Amener la Compagnie du C.P.R. à payer la taxe au plus tôt possible;
11° À l'aide substantielle du gouvernement de Sir Wilfrid Laurier, voir à la fondation d'une université provinciale, avec l'assurance d'un traitement libéral et équitable pour les étudiants français et catholiques;
12° Ne jamais endetter la province d'Alberta, ni la mettre dans l'obligation d'imposer des taxes pour le paiement des intérêts sur débentures ou emprunts;
13° Empêcher les capitalistes d'obtenir qu'on leur abandonne, en échange de rien, le privilège de posséder et de contrôler l'éclairage électrique, les aqueducs, les tramways, les lignes d'omnibus ou de voiturage publics et ainsi de suite;
14° Que toutes les parties de la province d'Alberta soient également favorisées;
15° Donner une base équitable et solide aux lois et à la justice, sans jamais méconnaître qu'un homme en vaut un autre aux yeux de la loi et devant la justice.

Tel est le programme libéral, vraiment libéral; programme large, honnête, répondant à tous les besoins, allant droit au but.

Qu'on l'examine donc avec soin.
Qu'on en lise et relise toutes les clauses afin de les retenir.

Et après cela, on en trouvera plus un seul homme sensé et raisonnable qui ne se déclare satisfait, ne pouvant en exiger davantage d'un programme politique.





 
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