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Des histoires

Le Grand Tronc Pacifique

Le Grand Tronc Pacifique sera peut-être cédé au gouvernement — La compagnie du G.T.P. ayant de grandes difficultés à faire face à ses obligations financières, il est possible que le gouvernement se rendra acquéreur de toute la ligne transcontinentale. Le projet n'est encore qu'à l'état de rumeurs.

Le Patriote de l'Ouest
le 3 février 1916
Le Grand Tronc Pacifique sera peut-être cédé au gouvernement — La compagnie du G.T.P. ayant de grandes difficultés à faire face à ses obligations financières, il est possible que le gouvernement se rendra acquéreur de toute la ligne transcontinentale. Le projet n'est encore qu'à l'état de rumeurs.
Le Patriote de l'Ouest
le 3 février 1916

La compagnie du Grand Tronc avait été la première grande compagnie de chemin de fer au Canada. Dans les années 1850, la compagnie avait construit la première grande ligne reliant Montréal, Toronto et le sud-ouest de l'Ontario.

Puisque Wilfrid Laurier croyait fermement que le XXe siècle serait celui du Canada, son gouvernement avait commencé, en 1903, un programme ambitieux de développement ferroviaire dans l'Ouest canadien pour concurrencer les travaux de construction du Canadien Pacifique. Cette nouvelle politique ferroviaire avait toutefois été dressée à la hâte et elle allait devenir un fardeau financier pour la jeune nation canadienne. La politique permettrait à Ottawa d'intervenir financièrement dans la construction des lignes transcontinentales de chemin de fer. En effet, Laurier et ses libéraux se sont engagés dans la construction de deux nouveaux réseaux transcontinentaux, le Canadian Northern Railway et le Grand Tronc Pacifique.

Le Canadian Northern avait vu le jour au Manitoba durant les années 1890. Puisque la compagnie venait faire concurrence au Canadien Pacifique, elle était très populaire auprès des fermiers des Prairies. Son succès avait encouragé les directeurs du Grand Tronc à se lancer dans une nouvelle expérience dans l'Ouest canadien. Ils avaient donc décidé de prolonger leur réseau jusqu'au Pacifique.

En 1902, le Grand Tronc avait fait appel à l'aide financière d'Ottawa dans le but de se porter acquéreur du Canadian Northern. Toutefois, les fermiers de l'Ouest ne voulaient pas que le Canadian Northern passe sous le contrôle du Grand Tronc à moins que ce dernier puisse garantir les mêmes tarifs réduits et le même programme de lignes secondaires offerts par le Canadian Northern. Puisque le Grand Tronc refusait, Ottawa a décidé d'encourager la construction de deux nouvelles lignes transcontinentales.

Ottawa avait aussi essayé de convaincre les directeurs du Grand Tronc de construire une nouvelle voie qui passerait par le nord du Québec et de l'Ontario, mais la compagnie avait refusé et le gouvernement fédéral avait été obligé de construire lui-même le passage du nord. Le Grand Tronc Pacifique était donc libre de construire seulement la section la plus rentable du prolongement proposé vers l'ouest, soit de Winnipeg jusqu'au Pacifique.

Toutefois, l'éclatement de la première guerre mondiale en 1914 a poussé la compagnie du Grand Tronc Pacifique au bord de la faillite. C'était aussi le cas de l'autre compagnie et bientôt Ottawa a dû se porter acquéreur du Grand Tronc Pacifique et du Canadian Northern. Les deux sont devenus le Canadien National.

La compagnie du Grand Tronc Pacifique a toutefois connu la plus belle époque de son existence à la veille de la Première guerre mondiale. À Regina, par exemple, même si la ville devait son existence au Canadien Pacifique, c'était le Grand Tronc Pacifique qui en était le principal fournisseur pendant la première décennie du 20e siècle. La ligne du Grand Tronc suivait alors ce qui est aujourd'hui l'avenue College et la gare de la compagnie était située à l'ouest de la rue Albert sur l'avenue College. Les actionnaires du Grand Tronc avaient même proposé au Conseil municipal de Regina de bâtir leurs entrepôts le long du lac Wascana.

Puisque le Canadien Pacifique construisait alors des hôtels dans le style des châteaux européens, le Grand Tronc devait en faire autant. Des travaux de construction d'un bel hôtel de dix étages avaient commencé en 1913 à l'angle de la rue Albert et de l'avenue College. On promettait que l'Hôtel Qu'Appelle allait être le plus bel hôtel dans l'Ouest canadien.

Malheureusement, la guerre a éclaté en Europe en 1914 et les travaux ont été arrêtés, puis la compagnie du Grand Tronc a fait faillite en 1920. Éventuellement les fondations d'acier de l'Hôtel Qu'Appelle ont été enlevées et remplacées par le Musée de l'Histoire Naturelle devenu le Musée Royal de la Saskatchewan.

Sources

Un bout d'histoire (231)

Regehr, T.D., «Une politique qui déraille» Horizon Canada, Saint-Laurent: Centre d'Étude en Enseignement du Canada, Volume 7, No.79.

Simmons, Dale, «Regina and the Railroad», Regina Magazine, Juin 1996.






 
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