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Société historique de la Saskatchewan

Des histoires

Le fiasco aux chutes La Colle

Un bout d'histoire....(56)

Prince Albert: Les travaux de la digue en ciment aux chutes Lacolle avancent rapidement.
Le Patriote de l'Ouest
le 3 avril 1913

Immédiatement avant le début de la première guerre mondiale, le conseil municipal de la ville de la Prince Albert, et la plupart de ses résidants, croyaient fermement que leur ville deviendrait une des grandes métropoles des Prairies. Et, pour cette raison, le sentiment était commun chez les dirigeants de la ville qu'une grande métropole ne doit pas avoir peur de prendre des chances.

Depuis les années 1880, certains caressaient le rêve d'aménager la rivière Saskatchewan Nord, et surtout ses chutes La Colle, une collection de gros cailloux vingt-trois milles à l'est de la ville, pour améliorer le transport par bateau à vapeur. «Mais même si le Prince Albert de 1906 présentait des apparences boueux, malpropres et d'un trou perdu, peu de citoyens doutaient qu'il deviendrait rapidement une ville pleinement moderne et affairée...En mars 1905, la Chambre de commerce avait enquêté au sujet de la possibilité d'enlever un des grands obstacles à la navigation entre Edmonton et Grand Rapids: la chaine de rapides 23 milles à l'est de la ville connue comme les chutes La Colle.»(1)

C'est en 1906 que les dirigeants de la ville commencent à songer sérieusement à un projet hydro-électrique, utilisant ainsi les ressources de la rivière. Et, pour rendre la chose plus frivole, ces dirigeants vont foncer dans l'aventure tout en ignorant l'avis des experts. C'est ainsi que la ville de Prince Albert sera endettée pour des années à venir par un projet qui n'aboutira jamais.

«La disposition d'esprit prédominant parmi les citadins à cette époque est illustrée par la déclaration d'un échevin qu'il y avait suffisamment de pouvoir dans les chutes La Colle pour tourner la ville sens dessus dessous.»(2)

Toutefois, il semblerait que les dirigeants préféraient encore faire disparaître les chutes La Colle, pour faciliter le transport en bateau à vapeur sur la Saskatchewan Nord, et de chercher ailleurs des sources hydro-électriques. «Pendant deux ans après 1906, toutefois, l'idée (d'une station hydro-électrique) n'est pas concentrée sur la Saskatchewan Nord. Plutôt, on tourne son attention vers un ruisseau qui coule dans la Saskatchewan Nord avec force quatre milles à l'ouest de la ville. À l'époque, ce ruisseau était connu comme la rivière aux Coquilles (Shell River).»(3)

En 1906, le Conseil municipal embauche un ingénieur de Toronto, Charles H. Mitchell, pour préparer un rapport au sujet des possibilités de développer un projet hydro-électrique sur la rivière aux Coquilles. C'est Mitchell qui sème l'idée d'un projet aux chutes La Colle. Dans son rapport, l'ingénieur fait état des possibilités de la rivière aux Coquilles, puis, il ajoute le commentaire suivant: «Il suggèrait que pour la somme rondelette de $1 000 000, il serait possible de générer un minimum annuel de 10 000 chevaux-vapeur aux chutes La Colle.»(4) Ce total est sûrement plus intéressant pour les dirigeants de la ville que les mille ou 1 500 chevaux-vapeur qu'il serait possible de générer sur la rivière aux Coquilles.

Mitchell, dans son rapport, propose la construction d'un barrage de 750 pieds avec une écluse pour la navigation. En avril 1909, le Conseil municipal fait donc une requête pour une concession pour développer le potentiel hydro-électrique des chutes La Colle. Les échevins de Prince Albert sont tellement emballés par les propos de Mitchell qu'ils ne pensent plus uniquement aux besoins hydro-électriques de la ville de Prince Albert, mais aussi au potentiel de vente d'électricité aux communuatés du nord de la Saskatchewan.

Avant même que les travaux de construction commencent sur le projet, les coûts et les estimés commencent à grimper rapidement. Malgré cela, le Conseil municipal choisit d'amorcer le projet en 1912. «Malgré cela, la plupart des échevins et des citadins croyaient que, peu importent les coûts finaux, ils se rattraperaient de leurs pertes.»(5)

La construction commence à l'automne 1912 et se poursuit durant l'hiver. Les coûts du projet aux chutes La Colle continuent à grimper. En juillet 1913, la ville de Prince Albert manque de fonds pour poursuivre avec le projet et les bons de la ville tombent en valeur alors que les financiers européens perdent toute confiance dans l'Ouest canadien. Enfin, la ville de Prince Albert ne peut plus obtenir de prêts pour terminer le projet et le tout est abandonné.

«Ainsi, la ville de Prince Albert avait dépensé un total de $1,2 million pour une écluse en béton sans barrière et un barrage qui n'enjambait que le tiers de la rivière Saskatchewan et qui était incapable de produire de l'électricité.»(6) Pour cette raison, le Conseil municipal de Prince Albert devrait pratiquer la responsabilité fiscale pendant les 50 prochaines années afin de repayer sa dette. Aujourd'hui, il est toujours possible de voir le produit de cette grande aventure sur la rivière Saskatchewan Nord, une écluse en béton sans barrière et un barrage qui n'est pas fini.

Bien sûr, le Conseil municipal de Prince Albert ne l'a peut-être pas réalisé à l'époque, mais il ne faisait rien pour améliorer la navigation sur la rivière, venant ajouter un autre gros caillou en béton.

(1) Abrams, Gary William, Prince Albert: The First Century 1866-1966, Saskatoon: Modern Press, 1966. p. 140. (Traduction)
(2) Ibid. p. 140. (Traduction)
(3) Ibid. p. 164. (Traduction)
(4) Ibid. p. 165. (Traduction)
(5) Silversides, Brock V. Gateway to the North: A Pictorial History of Prince Albert, Saskatoon: Western Producer Prairie Books, 1989. p. 15 (Traduction)
(6) Ibid. p. 15. (Traduction)

Sources:

Abrams, Gary William, Prince Albert: The First Century 1866-1966, Saskatoon: Modern Press, 1966.

Silversides, Brock V. Gateway to the North: A Pictorial History of Prince Albert, Saskatoon: Western Producer Prairie Books, 1989.





 
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