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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 12 numéro 3

Le cri du Pinson : Roland Pinsonneault se raconte

par Marc Masson
Vol. 12 - no 3, mars 2002
Pour l'occasion, permettez-nous de reproduire une critique des mémoires de Rolland Pinson-neault publiée dans L’Eau vive, du 18 octobre 2001.

C’est un vrai petit bijou que nous présente la Société historique de la Saskatchewan en menant à terme ce projet de la biographie de Roland Pinsonneault intitulé Le cri du Pinson. Ceux et celles qui ont entendu les discours enflammés et les plaidoyers tranchants prononcés par Roland Pinsonneault devant le public n’ont pas à douter du sens qu’on donne au titre de sa biographie. Nombreux sommes-nous qui, au cours des années, ont lu les éditoriaux virulents et les textes combatifs signés le Pinson dans l’Eau vive.
Raffiné par des décennies de luttes linguistiques, de revendications politiques, de discussions convaincantes, d’investissements personnels et d’actions sociales, Roland Pinsonneault ne laisse personne indifférent. Son message, toujours teinté d’un sentiment d’urgence, est un appel en faveur de la survie de la langue française et de l’identité canadienne-française dans l’Ouest.

L’analogie du cri est appropriée, depuis longtemps le Pinson fait appel aux siens et lance un cri pour la survie de son peuple.

Bien sûr, comme la plupart des récits biographiques de chez nous, l’auteur Jean-Pierre Leclerc traite la migration vers l’Ouest, la vie pionnière, la sécheresse et la crise des années 1930. Leclerc réussit assez bien à nous placer dans cette période qui correspond, à la jeunesse et aux années de formation du jeune Roland Pinsonneault.
Rolland Pinsonneault
Photo: Eau vive
Souvent décoré pour sa contribution à la cause fransaskoise, on voit ici Rolland Pinsonneault en compagnie de deux autres combattants fransaskois, Jos Jeanneau et Noëlla Girardinvers 1980.


Là où ce récit devient plus révélateur est lorsque débutent les décennies où Roland s’implique dans la vie publique. Les causes auxquelles Roland Pinsonneault investit et défend en dit long sur sa nature. Notons-en rapidement quelques-unes: le mouvement coopératif, le Saskatchewan Wheat Pool, l’Ordre de Jacques Cartier, l’ACFC et l’ACEFC, le Collège Mathieu, la Société Radio-Canada, l’Eau vive, la Coopérative des publications fransaskoises, l’Association de la presse francophone, et l’Institut de formation linguistique. La francophonie, l’éducation et les communications sont les piliers sur lesquels Roland Pinsonneault fonde son implication sociale, ils représentent également ce qu’il valorise le plus pour ses compatriotes.

Ce livre est important pour la communauté fransaskoise pour deux raisons. Premièrement parce qu’on apprend à mieux connaître Roland Pinsonneault et deuxièmement
Rolland Pinsonneault
Photo: Eau vive
Rolland Pinsonneault en compagnie du Premier ministre de la Saskatchewan, Grant Devine, vers 1990.

parce qu’il décrit globalement le contexte historique dans lequel l’homme travaille. Ce type d’ouvrage, traitant de la francophonie en Saskatchewan, est très rare. La trame de fond sur laquelle l’auteur se rattache fait revivre l’histoire contemporaine de la communauté fransaskoise. Une période difficile car, le château fort traditionnel des francophones, le milieu rural, se vide et le transfert linguistique du français vers l’anglais s’accentuera à des taux sans précédent. Cette période plus récente de la communauté fransaskoise est marquée par des changements rapides et des bouleversements majeurs.

À titre d’exemple, prenons la courte période entre 1964 et 1968 où Roland Pinsonneault préside les destinées de l’ACFC. Ces quatre années sont marquées par des changements monumentaux. Il y a bien sûr le changement du nom de l’ACFC mais aussi: le déménagement de son secrétariat de Vonda à Saskatoon et ensuite à Regina. La commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme bat son plein au cours de cette période. Il y a en 1965, la crise scolaire de Saskatoon, la commission Tate et ensuite la législation provinciale permettant la création des écoles d’immersion en 1968. Et ce dans une période où l’Église catholique laisse de plus en plus aux laïcs la responsabilité de s’occuper des affaires de la langue. Ce qui signifie qu’il faut de plus, former la population.

Le cri du Pinson raconte, d’une manière simple et dans un langage très accessible, la façon dont les convictions agissent sur le destin. Dans le cas de Roland Pinsonneault, ce destin est lié à la francophonie canadienne et à la communauté fransaskoise en particulier. Les gestes qu’il pose, son implication communautaire, les sacrifices qu’il fait reposent sur ses convictions humaines profondes. Jean-Pierre Leclerc a capté l’essence d’un homme qui se bat, parfois même contre les siens, pour la dignité et le respect du peuple canadien-français.

Ce livre permet de mieux connaître la vie de l’homme dévoué à ses convictions. Cette biographie intéressa quiconque veut mieux connaître le parcours récent de la communauté fransaskoise.

Rolland Pinsonneault
Photo: Eau vive
En 1992, Rolland Pinsonneault cède la présidence de Coopérative des Publications fransaskoises lors d'une réunion à Regina.

Le cri du Pinson de Jean-Pierre Leclerc, publié aux Éditions Francine Breton en collaboration avec la Société historique de la Saskatchewan, sera disponible à partir de samedi le 20 octobre 2001 où il sera lancé publiquement lors du banquet du 30e anniversaire de l’Eau vive. Il est disponible à la Société historique de la Saskatchewan au prix de 22,95 $.

Lorsque le livre de la grande plaine se sera refermé sur le Pinson, et que peut-être son âme voyagera encore sur les ailes du vent, son souhait le plus cher serait de pouvoir entendre, dans ce coin de pays, la douce musique des prières de ses descendants, dans la langue qui l'a toujours bercé.
(Le Cri du Pinson, Jean-Pierre Leclerc, p. 232.)






 
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