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Des histoires

Le Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur

Un bout d'histoire (224)

Le Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur (1)

Pensionnat de Notre-Dame du Sacré-Coeur

Dirigé par les Filles de la Providence, Howell, Sask. Cette institution a pour but de donner aux enfants une éducation chrétienne. Le programme scolaire comprend tous les Cours d'études de l'école séparée, en anglais et en français. Les petits garçons en-dessous de onze ans y sont admis. Pour renseignements particuliers s'adresser à la Révérende Mère Supérieure.
Le Patriote de l'Ouest
le 6 janvier 1916

Au début du siècle, plusieurs congrégations religieuses sont venues fonder des couvents en Saskatchewan, la plupart du temps dans des communautés alors francophones: Forget, Montmartre, Gravelbourg, Willow Bunch, Laflèche, Ponteix, Saint-Brieux, Saint-Louis, North Battleford, Duck Lake et Prud'homme. «Néanmoins, l'attrait le plus puissant demeurait la perspective d'oeuvrer dans un champ neuf où germaient déjà de très nombreuses vocations. Il ne fallait pas non plus négliger le fait qu'un avenir prospère semblait promis à l'Ouest et, par suite, à ses institutions d'enseignement.»(1)

Une des premières congrégations religieuses à venir s'établir dans l'Ouest canadien a été Les Filles de la Providence. Elles sont arrivées dans le diocèse de Prince Albert en 1897 et la même année, elles ont fondé le couvent de Saint-Louis.

C'est cette même congrégation qui ira fonder le Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur à Prud'homme, Saskatchewan. «En octobre 1905, les Filles de la Providence acceptaient la responsabilité de l'enseignement à Bonne Madone et à Howell.»(2) Rappelons que la communauté de Prud'homme portait le nom de Howell jusqu'en 1923.

C'est suite à une demande du curé-fondateur de Prud'homme, l'abbé Constant Bourdel, que les Filles de la Providence ont accepté d'établir un couvent dans ce village. «Quelques jeunes religieuses nouvellement arrivées de France étaient à terminer leurs études à Regina en vue d'obtenir les certificats d'enseignement requis dans cette province.»(3) Soeur Saint-Victor était une de ces jeunes religieuses de Regina nommée pour faire l'enseignement à Prud'homme. Les deux autres étaient Mère Saint-Germain, la supérieure, et Soeur Saint-Philippe. Soeur Saint-Victor n'est toutefois pas arrivée à Prud'homme avant l'automne 1906 puisque la supérieure avait décidé qu'elle devrait faire d'autres études à Prince Albert avant d'entreprendre sa carrière d'enseignante.

Sachant que les Filles de la Providence s'en venaient dans sa paroisse, l'abbé Bourdel avait déjà fait construire un couvent. «La maison est de 32 pieds carré avec un bon soubassement; au rez-de-chaussée, un couloir sépare le bâtiment qui a trois chambres sur chaque côté; le plancher principal est utilisé comme chapelle mais sera converti en dortoir. La maison est non seulement grande, mais très confortable. Elle est située au sommet d'une butte.»(4)

De plus, l'abbé Bourdel avait fait des démarches pour établir un district scolaire séparé dans sa paroisse, mais ce n'est qu'en août 1906 que le gouvernement provincial a créé un district scolaire séparé à Howell. Dès le mois de septembre, les Filles de la Providence accueillaient des jeunes filles dans leur couvent et Soeur Saint-Victor était arrivée pour commencer l'année dans l'école séparée.

Bientôt, cependant, une chicane a éclaté entre un parent et Soeur Saint-Victor. Le parent, un des commissaires d'école, n'était pas d'accord avec une punition imposée à son fils et il avait décidé de se débarrasser de la religieuse. Il a réussi à faire élire son candidat lors d'élections tenues au mois de janvier. Soeur Saint-Victor a donc décidé de démissionner comme institutrice de l'école séparée. Il était même question que les Filles de la Providence quittent Howell, car sans le salaire de Soeur Saint-Victor, elles n'avaient plus suffisamment de ressources financières pour maintenir le couvent.

L'abbé Bourdel a réussi à les convaincre de rester et, en 1909, c'est le couvent de Bonne Madone qui a été fermé. Petit à petit, le nombre de pensionnaires au couvent était à la hausse au Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur, passant de 2 en 1906 à 31 en 1911-1912. Les Filles de la Providence ont accepté de reprendre en main l'enseignement à l'école séparée de Howell en 1912. Dans les années suivantes, elles ont aussi enseigné à Vonda et Viscount.

(1) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986, p. 269.
(2) Ibid., p. 269.
(3) Prud'homme History Committee, Life as it was, Prud'homme, Saskatchewan, 1897-1981, Prud'homme: Prud'homme History Committee, 1981, p. 77. (Traduction)
(4) Ibid., p. 79. (Traduction)

Sources
Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986.

Prud'homme History Committee, Life as it was,
Prud'homme, Saskatchewan, 1897-1981, Prud'homme: Prud'homme History Committee, 1981.

En 1920, le Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur à Prud'homme prenait de plus en plus d'importance. Dès 1910, les Filles de la Providence avaient été obligées d'ajouter une aile à leur premier couvent, puis en 1914, il avait été nécessaire d'ajouter une autre aile. En effet, le nombre de pensionnaires au couvent était passé de 12 en 1909 à 31 en 1911-1912 à 49 en 1912-1913. En 1914, les religieuses avaient dû refuser 50 pensionnaires à cause d'un manque d'espace. Même l'agrandissement de 1914 n'avait pas réglé tous les problèmes, si bien qu'en 1916-1917, les Soeurs ont dû aménager le grenier pour accommoder les 95 élèves inscrits dans leur pensionnat.

Bien sûr, les religieuses acceptaient aussi les petits garçons dans leur couvent. Le plus fameux de ces petits garçons a été Maurice Baudoux qui allait devenir curé de Prud'homme, premier évêque du diocèse de Saint-Paul en Alberta et archevêque de Saint-Boniface. «Les parents s'accommodent mal de l'enseignement à l'école locale, avec peu de français et encore moins de religion; ils décident bientôt que le jeune Maurice sera pensionnaire au couvent de Howell. Mais comme les religieuses refusent d'accepter les adolescents, il faut d'abord convaincre la Mère Supérieure que le garçon qu'on lui présente un beau matin n'a pas treize ou quatorze ans comme sa haute taille le laisse supposer, mais tout juste dix.»(1) Nous sommes alors en 1912.

En 1916, le Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur est devenu le siège provincial de la congrégation religieuse en Saskatchewan. Il devenait donc urgent que les Filles de la Providence songent à construire un nouvel édifice. «En 1920, elles entreprenaient la construction d'un couvent moderne qui fut complété à la toute fin de l'année suivante. C'est à peu près à ce moment que le village reçut son nouveau nom de Prud'homme.»(2)

Ayant maintenant un bel édifice moderne, les Filles de la Providence ont déménagé leur noviciat de Vègreville à Prud'homme en 1923. Une des cinq premières postulantes était Alice Raymond devenue Soeur Saint-Mélanie (Sr. Mélanie Raymond) qui est décédée quelques semaines avant Noël.

Durant les années 1920, le nombre de pensionnaires au Couvent Notre-Dame du Sacré-Coeur variait entre 70 et 90 élèves. Puis, durant la crise économique, 20 à 30 élèves seulement étaient inscrits au couvent. Il a rebondi à plus de 80 élèves durant la guerre et c'est maintenu à ce nombre jusqu'au début des années 1960.

Puis petit à petit, le couvent de Prud'homme a commencé à perdre de son importance, surtout à cause de la centralisation des écoles et l'établissement de High Schools en milieu rural. Le nombre de pensionnaires a chuté si bien qu'en 1965-1966 il n'y avait que 8 filles au couvent. En 1955, le siège provincial des Filles de la Providence avait été déménagé à Prince Albert, puis en 1965 c'est le noviciat qui a quitté Prud'homme pour Prince Albert.

En 1977, les quelques religieuses qui restaient encore à Prud'homme ont abandonné le couvent pour aménager dans le presbytère. Le vieux couvent avait bien servi la congrégation des Filles de la Providence et la communauté de Prud'homme (Howell) depuis plus de 55 ans.

(1) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 16.
(2) Lapointe, Richard, La Saskatchewan de A à Z, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1987, p. 247.

Sources
Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lapointe, Richard, La Saskatchewan de A à Z, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1987.

Prud'homme History Committee, Life as it was, Prud'homme, Saskatchewan, 1897-1981, Prud'homme: Prud'homme History Committee, 1981.





 
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