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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 10 numéro 4

Le costume d'époque Saskatchewan 1870 - 1920

par Jean Duperreault et Micheline Bénard
Vol. 10 - no 4, avril 2000
N.d.l.r.: L'été dernier, Jean Duperreault et Micheline Bénard entreprenaient une recherche historique afin de trouver l'habit traditionnel des pionniers francophones de la Saskatchewan dans le but de doter l'Ensemble folklorique, Les Cabrioles de Regina, d'un costume. Voici le résultat de leurs recherches.

L'histoire d'un costume
Avant 1905, la Saskatchewan faisait partie des Territoires du Nord-Ouest qui couvrait une immense étendue de plaines et de forêts vierges entre la petite province qu'était le Manitoba et la province de la Colombie britannique. L'arrivée des frères de la Vérendrye, vers 1750, initiait une exploration de ce territoire inconnu. Les coureurs de bois et les traiteurs de fourrures les suivaient peu après. Puis, ce fut au tour des Métis, les descendants des coureurs de bois et des traiteurs de fourrures et des femmes indiennes. Avec l'entrée du Manitoba dans la confédération canadienne en 1870, on commença à rêver à un projet de voie ferrée transcanadienne. Ce chemin de fer serait subventionnée par le gouvernement canadien. Ensuite, la colonisation du vaste territoire de la Saskatchewan serait encouragée.

Collection Jean Duperreault
Collection Jean Duperreault

En peu de temps, les quelques milles Métis qui avaient laissé derrière eux la région de la Rivière Rouge et qui avaient trouvé de bonnes terres en Saskatchewan, notamment à Lebret, Batoche et la Montagne des bois, ne furent plus les seuls à parcourir les prairies. Le gouvernement et les compagnies de chemin de fer avaient initié une grande campagne de promotion dans l'Est du Canada, aux États-Unis et en Europe dans le but d'attirer de nouveaux colons dans l'Ouest canadien. On promettait aux gens des terres agricoles gratuites; 160 acres étaient disponibles pour un seul frais de dix dollars pour l'enregistrement du «homestead». Environ un million de colons s'établirent en Saskatchewan entre 1896 et 1930. Il y avait des Ukrainiens, des Allemands, des Norvégiens, des Russes, des Britanniques, mais surtout, il y avait des Français qui étaient venus du Québec, du Nord-est des États-Unis, de la France et de la Belgique.

Laura Gaudet, sa fille Georgine et son mari
Photo: Collection Laurier Gareau
Laura Gaudet, sa fille Georgine et son mari Rosario Gareau, vers 1922.

Ces gens amenèrent avec eux leurs coutumes traditionnelles et leurs valeurs. C'est une partie de notre héritage. Mais très souvent les costumes traditionnels n'étaient pas adaptés à la réalité climatique de la Saskatchewan. Il fallait donc adapter le costume.

En entreprenant cette recherche pour trouver le costume d'époque typique des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, nous nous sommes rapidement rendus compte que le costume typique était en
Armandine Gareau et son Mari Hector Gaudet
Photo: Collection Laurier Gareau
Armandine Gareau et son Mari Hector Gaudet, vers 1916.

grande partie déterminé par les tâches quotidiennes de nos ancêtres et la disponibilité du matériel nécessaire à la confection de ces costumes.

Les vêtements «filés à la maison» dans l'Ouest canadien étalent confectionnés soit en laine ou en lin. Ces vêtements étalent pour la plupart très simples et en une couleur unie. Souvent les vêtements quotidiens, «filés à la maison>' n'étaient pas teints donc étaient d'un gris pâle ou d'un brun jaunâtre. Les vêtements portés pour les grandes occasions étaient teints avec des produits préparés à la maison. Certaines plantes avaient été apportées des pays d'origine. Ainsi, les femmes obtenaient une belle couleur bleue avec la guède ou le pastel des teinturiers. Mais pour la plupart, on obtenait les teintures des plantes locales (voir encadrement).

Quand les femmes avaient les moyens de se procurer de l'étoffe du magasin général, elles pouvaient s'acheter du coton, du feutre et parfois de la finette. Le matériel qu'elles se procuraient au magasin était souvent teint. Cependant, s'acheter du tissu déjà teint était un luxe que peu de personnes étalent en mesure de se permettre.

Donc, sur semaine, tous portaient des vêtements confectionnés soit avec de la laine, du feutre, du coton ou du lin. Le dimanche, les femmes ajoutaient un tablier propre et une écharpe. Sur leurs pieds, elles portaient des bottines en cuir épais. Toutes les femmes portaient un chapeau ou un bonnet. Les hommes portaient un pantalon, une chemise en coton et des bretelles. Les jeunes garçons portaient des vêtements semblables aux hommes tandis que les jeunes filles portaient des vêtements semblables à leur mère.

Voici un exemplaire du costume des femmes, et de la chemise de l'homme, que l'on a confectionné pour l'Ensemble folklorique, Les Cabrioles de Regina.
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