Des histoiresLe Collège Saint-François-Xavier d'EdmontonUn bout d'histoire....(36) Le Collège Saint-François-Xavier d'Edmonton Le Collège d'Edmonton Le R.P. Théophile Hudon, S.J. autrefois de Saint-Boniface, a été chargé par ses superieurs d'établir un collège commercial et classique à Edmonton. Cette nouvelle est accueillie avec joie par tous les catholiques de langue française de l'Alberta. Le Patriote de l'Ouest le 8 août 1912 Pour beaucoup de jeunes garçons Franco-Canadiens de la Saskatchewan, le départ, en septembre, pour le collège ne se faisait pas en direction de Gravelbourg, mais bel et bien vers Edmonton et le Collège Saint-François Xavier. Lorsque Le Patriote de l'Ouest annonce, en août 1912, que les Jésuites songent aller établir un collège catholique à Edmonton, la nouvelle s'adresse autant aux jeunes de la Saskatchewan qu'à ceux de l'Alberta. À cette époque, il n'existe qu'un seul collège dans l'Ouest, soit celui de Saint-Boniface. Même après l'ouverture du Collège Catholique de Gravelbourg en 1918, et jusqu'à la fermeture du Collège Saint-François Xavier en 1942, de nombreux Franco-Canadiens de la Saskatchewan se rendront chaque année à Edmonton pour suivre le cours classique des Jésuites. Le R.P. Théophile Hudon, S.J. arrive à Edmonton le 10 août 1912. Six ans plus tôt, deux autres missionnaires jésuites s'étaient rendus dans la nouvelle capitale albertaine pour explorer la possibilité d'y établir un collège. «En 1906, Mgr Legal, évêque d'Edmonton, invita les Jésuites à venir y fonder un collège. Cependant les pères Lecompte et Bernard, venus à Edmonton cette année-là, décidèrent que le temps n'était pas encore venu de commencer une oeuvre comme celle-là.»(1) Suite à son arrivée en Alberta, le père Hudon étudie la situation et décide que le temps est maintenant propice pour un collège. Il obtient une charte du gouvernement provincial le 25 mars 1913 et quelques mois plus tard, un groupe de cinq pères et trois frères jésuites arrivent pour commencer l'oeuvre de la congrégation en Alberta. «Ils ouvraient le collège le 1er octobre. Ils avaient 60 étudiants au début de l'année et 96 à la fin.»(2) Au début, comme c'est le cas au Collège Mathieu de Gravelbourg, le Collège Saint-François Xavier regroupe des garçons de l'élémentaire et du secondaire. Les Jésuites vont affilier leur collège à l'Université Laval à Québec et la première classe de Rhétorique écrit les examens de Laval en 1919. «En 1921, le collège a atteint son apogée: 221 étudiants. Cette année-là, les premiers bacheliers en sont sortis.»(3) La crise économique et la sécheresse des années 1930 allaient énormément nuire au Collège des Jésuites à Edmonton. La situation est particulièrement sombre à la fin de la dépression et au début de la deuxième guerre mondiale en 1939-1940. «Deux courants: le premier limpide et engageant! Le collège s'adapte aux exigences de l'Alberta. On introduit le High School et les grades en conformité avec le Département de l'Éducation. Le second sombre et inquiétant! Les élèves se font rares: 93 inscriptions dans l'année. Et une certaine angoisse envahit les esprits au sujet de l'avenir du collège.»(4) À cause d'un faible nombre d'inscription, le R.P. Émile Papillon, S.J., Provincial des Jésuites à Edmonton propose, le 15 juillet 1940, de suspendre les cours pour la prochaine année. Toutefois, la population canadienne-française de l'Alberta se rallie derrière les Jésuites pour garder le collège ouvert. On décide alors de lancer une grande campagne de souscription pour le collège. Pendant les six prochains mois, on organise des «Journées d'éducation» dans les différentes communautés francophones de la province pour aider à la souscription. «3 novembre: Journée d'éducation à Saint-Paul. L'assistance est nombreuse et sympathique; les conférenciers, convaincus et entraînants; les artistes apportent d'inappréciables harmonies. Les causeries portent sur l'éducation, la préparation d'une élite, la nécessité de l'apostolat laïc, l'aide au collège.»(5) Malheureusement, il est impossible de sauver le collège. «Le 25 novembre 1942 apparaissait dans un des journaux d'Edmonton la nouvelle suivante: 'Le Collège des Jésuites d'Edmonton vient d'être vendu à des intérêts américains pour la somme de $115 000.' Il y avait cette année-là 93 étudiants et 15 professeurs.»6 Le collège ferme ainsi ses portes. L'édifice est acheté par l'armée américaine; c'est au lendemain de Pearl Harbour et les États-Unis ont déclaré la guerre au Japon et à l'Allemagne. Les vols américains, en route pour l'Union Soviétique, font escale à Edmonton et la bâtisse du Collège des Jésuites va servir à l'administration de l'armée américaine sur le sol canadien. Lorsque le Collège Saint-François Xavier ferme ses portes en 1942, les Canadiens français de l'Alberta et de la Saskatchewan ne sont pas laissés sans institutions d'éducation secondaire et universitaire. En 1942, le Collège Saint-Jean d'Edmonton, ancien juniorat oblat, vient de s'affilier à l'Université d'Ottawa et continuera à offrir le cours classique jusqu'à la fin des années 1960 lorsqu'il deviendra le Collège Universitaire Saint-Jean rattaché à l'Université de l'Alberta. En Saskatchewan, le Collège Mathieu de Gravelbourg offre le cours classique et est également affilié à l'Université d'Ottawa jusqu'en 1967. Enfin, dans le nord de la Saskatchewan, on ouvre le Collège Notre-Dame à Prince Albert en septembre 1953. En mai 1958, le Collège Notre-Dame s'affilie à l'Université de Sudbury. En 1967, le diocèse de Prince Albert construit un nouveau Collège Notre-Dame à Saint-Louis. Aujourd'hui, seul le Collège Mathieu de Gravelbourg offre toujours un programme collégial du secondaire aux élèves francophones de l'Ouest. (1) Moreau, Joseph-P., «Le Collège des Jésuites (1913-1942)» Aspects du passé franco-albertain, Edmonton: Le Salon d'histoire de la francophonie albertaine, 1980, p. 21. (2) Ibid., p. 21. (3) Ibid.. p. 22. (4) «L'Oeuvre du Collège en l'année de la Renaissance», Xavier, Vol. 1, No. 1, Nov. 1940, p. 6. Xavier était le journal des élèves du Collège Saint-François Xavier d'Edmonton. (5) Ibid., p. 6. (6) Moreau, Joseph-P., op. cit., p. 21. Sources: Moreau, Joseph-P., «Le Collège des Jésuites (1913-1942)» Aspects du passé franco-albertain, Edmonton: Le Salon d'histoire de la francophonie albertaine, 1980. «L'Oeuvre du Collège en l'année de la Renaissance», Xavier, Vol. 1, no 1, novembre 1940. |
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