Des histoiresLe Collège Mathieupar Charles Brûlé, o.m.i. Trois personnes cherchèrent, chacune en sa sphère d'influence, à établir une oeuvre d'éducation catholique pour les francophones et obtinrent une charte légale de la législature provinciale en 1917... elles sont généralement reconnues comme fondateurs du Collège Mathieu: Mgr Olivier Elzéar Mathieu, archevêque de Regina; M. l'abbé Charles Maillard, curé de Gravelbourg; M. l'abbé Pierre Gravel, prêtre-colonisateur et fondateur de Gravelbourg. Cette charte encore en force aujourd'hui établit le Collège sous l'autorité de l'Église catholique et donne le pouvoir d'établir, de maintenir et de diriger à Gravelbourg un collège et des écoles pour promouvoir l'éducation dans les arts et les sciences; le pouvoir d'établir les cours et les règlements voulus pour faire avancer la cause de l'éducation générale, professionnelle ou technique; le pouvoir de conférer diplômes ou certificats aux élèves compétents; et enfin le pouvoir d'affilier d'autres écoles et collèges. C'est dire, et l'histoire nous le fait voir, que la corporation du Collège Mathieu peut offrir une variété de cours autres que le cours 'collégial' dit classique. Le Collège Mathieu ouvre ses portes le 14 décembre 1918 à 72 élèves dont le plus jeune a tout juste huit ans. Désormais, les hésitations et les difficultés, les espoirs et les élans vitaux du Collège suivront de près ceux de la francophonie de la Saskatchewan. Dès la première année scolaire, le Collège offre un cours élémentaire et un cours secondaire, un cours de commerce et un cours de lettres sans négliger un cours de théologie aux séminaristes qui donnent un coup de main à l'enseignement et à la surveillance. De 1918 à 1920, la corporation du Collège sera d'abord sous la direction du clergé séculier et ensuite sous celle des Oblats de Marie-Immaculée. Le premier Collège, le pavillon actuel sera agrandi, et deviendra jardin d'enfance. Le deuxième collège, le principal édifice actuel doublera sa capacité. Les cours de lettres et de philosophie couronnés du baccalauréat ès art seront offerts sous l'affiliation d'abord avec l'Université Laval puis ensuite avec l'Université d'Ottawa. Un cours de commerce d'une durée de trois ans s'ajoute à la fin de cette décade ainsi qu'un cours d'agriculture de trois ans. Le nombre des élèves augmente; il y aura 257 inscriptions pendant l'année 1928-29. À l'automne de 1929, les religieuses Oblates missionnaires du Sacré-Coeur ouvrent un jardin d'enfance près de l'église paroissiale et il n'y aura plus que 145 inscriptions au Collège pour l'année 1929-30. Désormais, les finissants du jardin d'enfance se dirigeront tout normalement vers le Collège. Au cours de cette première décennie la formation totale de l'élève se voit assurée par des associations athlétiques, d'art dramatique, d'art oratoire, d'art musical (fanfare, orchestre, orphéon), de service d'autel, d'A.C.J.C. (Association catholique de la jeunesse canadienne), de l'lmmaculée Conception (congréganistes). De 1930 à 1940, les inscriptions varient entre 76 et 111. C'est le résultat d'une sévère crise économique mondiale suivie d'une grande sécheresse dans l'Ouest canadien. Le Collège vivote à peine; le personnel va quêter chaque année auprès des Canadiens français du Québec et se rend même en France. Les cours d'agriculture et de commerce tombent dans l'oubli; le cours des arts voit quelques-unes de ses années se grouper par deux. Le diocèse de Gravelbourg ouvre en 1931 un grand séminaire dans le premier petit collège, pavillon actuel. Nous voyons naître au Collège la J.E.C. (jeunesse étudiante catholique). En raison des dures conditions de vie du temps, les élèves de cette période reçoivent une frappe de caractère, un élan de vie chrétienne et patriotique pouvant surmonter toute épreuve. Le Collège Mathieu voit un renouveau durant la décade 1940-50. C'est la guerre mondiale suivie de l'après-guerre. Un corps de cadets s'organise au Collège de même que le C.E.O.C. (corps d'entraînement d'officiers canadiens). De 93 en 1940-41, les inscriptions s'élèvent jusqu'à 232 en 1949-50. Plus de 150 de nos anciens élèves s'enrôleront dans les forces militaires au cours de la guerre. Il y a au Collège une caisse d'épargne. Les élèves du grand séminaire se rendront en 1946 à un séminaire interdiocésain pour les francophones de l'Ouest canadien à Saint-Boniface, Manitoba. Le petit collège devient alors Pavillon des Arts. Dès 1942, un accord est conclu avec le département provincial de l'éducation où celui-ci reconnaît une équivalence entre nos années d'immatriculation et les années du cours secondaire de la Saskatchewan. En 1948, trois huttes militaires nous arrivent de Mossbank; elles sont aménagées en dortoirs. Les anciens dortoirs se transforment en salles de classe, l'étage des classes en bureaux-chambres de professeurs. Enfin un hangar d'avions de Mossbank se transforme en gymnase en 1949. 1952-53 sera l'année du plus grand nombre d'inscriptions (264), et toute cette décade de 1950 à 1960 verra le chiffre d'inscriptions se maintenir dans les deux cents excepté en 1959-60: 194. L'école des Arts et Métiers ouvre en 1953; on y offre des cours complets en soudure à l'arc et à l'acétylène, en mécanique automobile, en menuiserie et en électricité. L'année 1958 voit s'élever une nouvelle balle-au-mur, la troisième, adossée d'un 'curling'. Des cours d'initiation musicale et de l'histoire de l'art sont offerts aux élèves. Et c'est au cours de cette décennie que s'organise la cité étudiante avec ses nombreux services. En 1963, on voit s'élever au coin nord-est de l'édifice principal un nouveau bloc de trois étages, c'est une bibliothèque moderne bien adaptée à notre âge moderne. Les années 1960-70 voient aussi d'autres adaptations aux circonstances de la vie francophone. L'Université de la Saskatchewan, campus de Regina, qui deviendra plus tard l'Université de Regina, offre à la population des cours bilingues en quelques-unes de ses facultés; et alors dès 1968, le Collège Mathieu n'offrira plus que le cours secondaire. Le nombre d'élèves varie au cours de ces dix années de 259 à 181; moins l'année 1967-68... 155. Cette décade voit s'organiser un 'conseil des loisirs' chez les élèves; et aussi de nombreux cours d'été pour instituteurs (trices) et autres. Le Collège organise au cours de l'année scolaire des voyages culturels en France au cours de la décade 1970-80. Et tout comme la population scolaire de la Saskatchewan et du Canada tout entier diminue considérablement en ces dix ans, de même la population scolaire chez les francophones . . . et les inscriptions – 158 en 1970-71, 121 en 1979-80. Voilà dix ans que le Collège offre une éducation mixte; il accepte garçons et filles. La direction du Collège passe en 1976 des mains des Oblats de Marie-Immaculée à la francophonie de la Saskatchewan. Des laïques et des représentants du clergé sont membres de la corporation civile du Collège et ils en dirigent habilement et avec courage sa vie actuelle et son avenir. En 1979-80, le Collège Mathieu offre le cours secondaire d'une école privée 'désignée', française et catholique, partiellement subventionnée par le secteur public. Ce Collège continue à vivre sa devise 'Schola discere vitam' – école de vie. Il a fourni à la francophonie de nombreux anciens qui ont donné une part et même toute leur vie à l'agriculture, au commerce, à l'industrie, aux forces armées; quelque 130 au sacerdoce et à la vie religieuse, quelque 70 à l'art médical et dentaire, une trentaine au droit de même qu'au génie, une centaine (les prêtres éducateurs exclus) à l'enseignement, et plusieurs en agronomie, en diplomatie, en littérature, en sciences sociales et en sciences pures. Reconnaissons ici le dévouement des dirigeants actuels et passés du Collège Mathieu, le personnel enseignant, le personnel de soutien, tous les employés: ils sont près de 200 hommes et femmes, 60 du clergé séculier, 175 religieux, 60 religieuses. Ce personnel dévoué cherche encore aujourd'hui à diriger l'étudiant(e) sur la bonne voie selon le Livre de Proverbes ch. 22 v. 6: 'Instruis l'enfant de la voie à suivre, devenu vieux, il ne s'en détournera pas'. (Cet article a d'abord été publié en 1981 dans Chabot, abbé Adrien, Histoire du Diocèse de Gravelbourg, 1930-1980. Nous le reproduisons avec la permission de l'Évêché de Gravelbourg.) |
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