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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 6 numéro 3

Le Centre culturel Maillard

Dix années d'existance du premier bijou culturel fransaskois
par Michel Vézina
Vol. 6 - no 3, février 1996
La saison 1995-1996 marque la dixième année d'existence de l'édifice connu sous le nom de Centre culturel Maillard, à Gravelbourg. L'inauguration officielle a eu lieu en février 1986, suivie de la visite de son excellence l'honorable Jeanne Sauvé, gouverneur général du Canada, en septembre de la même année. En effet, dès l'été 1985, les bénévoles qui avaient travaillé d'arrache-pied à cette construction avaient vu leurs efforts couronnés de succès. Sans tambour ni trompette, les opérations quotidiennes de fonctionnement s'étaient mises en branle à l'intérieur de la bâtisse.


Dans un article publié dans L'Eau Vive du 19 février 1986 relatant l'inauguration du Centre culturel Maillard ainsi que la bénédiction des locaux par son Excellence Mgr Noël Delaquis, évêque de Gravelbourg, Fernande Prud'homme écrivaient les lignes suivantes: «Plusieurs dignitaires prirent la parole et, tous ont su marquer leur vive appréciation pour le travail accompli, en soulignant la beauté de l'édifice qui, par sa structure moderne, en fait un monument historique à la gloire de la communauté de Gravelbourg. Le Centre culturel Maillard représente pour l'élémentfrancophone de Gravelbourg et de toute la Saskatchewan un atout précieux pour la préservation et la promotion de la culture française dans l'Ouest, et il est le fruit de l'esprit d'initiative, de dévouement et de persévérance, de personnes qui ont su mettre leurs talents au service de la communauté.,,

Conçu par l'architecte Gerry Norbraten de Regina et construit sous la direction de Carl Pilkey d'Assiniboia, la supervision du projet était confiée à un comité composé d'Allan Bourgeois, président du Centre culturel Maillard, Marie-Rose Archambault, représentante du Musée, René Archambault, président du Conseil des francophones de Gravelbourg, Denis L'Heureux, membre du Conseil de ville de Gravelbourg, Raymond Mulaire, administrateur de l'hôpital St-Joseph et de Cécile Allard, coordonnatrice et conceptrice du projet.

Construit au coût de 300000,00$, le Centre culturel Maillard devait être le premier maillon d'une série de centres culturels à être construits en Saskatchewan française: Bellevue, St-Denis, Debden, Willow Bunch, Ponteix et plus récemment, des centres scolaires communautaires dans les centres urbains de Regina et Prince-Albert.
Photo: Centre culturel Maillard
Philippe Lafrance, Président du Conseil des Francophones de Gravelbourg avec Mgr Noël Delaquis lors de la bénédiction du Centre culture Maillard en février 1986.

Origine du projet
En 1969, le Secrétariat d'Etat du Canada (devenu depuis le ministère du Patrimoine canadien) s'était doté d'une Direction de l'action socio-culturelle afin de protéger et de développer les minorités de langue officielle au Canada. Les programmes de cette Direction avaient pour but de permettre un épanouissement culturel à ces groupes, ainsi que le développement de leur identitié, tout en leur permettant de participer à la communauté canadienne. Dès lors naîtront des organisations fransaskoises vouées à l'atteinte de ce but. Gravelbourg ne fait pas exception. Selon une étude réalisée, en 1973, par Wilfrid B. Denis de Saskatoon, pour le compte du Secrétariat d'Etat du Canada, au sujet d'un centre culturel à Gravelbourg, celui-ci souligne le fait que «[d]epuis nombre d'années, Gravelbourg se dit être la capitale francophone de la Saskatchewan... et que ... [d]ès lors Gravelbourg pourrait sefaire appeler 'La ville aux centres culturels'.»

En 1973, en plus du cercle local de l'ACFC qui organisait des activités culturelles françaises, on comptait dans la ville de Gravelbourg les centres culturels suivants: le Centre régional de culture et de loisirs de Gravelbourg (qui regroupait Ponteix, Ferland,
Allan Bourgeois a été le president du Centre Culturel Maillard
Photo: Centre culturel Maillard
Allan Bourgeois a été le president du Centre Culturel Maillard durant les premières années du centres. On le voit ici lors de la bénédiction du Centre Culturel Maillard en février 1986

Regina, Gravelbourg et le Collège Mathieu et planifiait, coordonnait et organisait des évènements culturels pour l'ensemble de la région; le Mat du Collège Mathieu mis sur pied en 1970 pour répondre aux besoins des élèves désireux de s'initier à la musique, au théâtre, au cinéma et à tout autre activité susceptible de développer le goût pour la culture française; et le Centre culturel établit en 1970 pour planifier les activités de l'année et préparer les budgets des organisations francophones de Gravelbourg qu'il regroupait. Ce dernier a pris le nom de Centre culturel Maillard en 1973.

Le Centre régional de culture et de loisirs de Gravelbourg était surtout un comité administratif qui réunissait les demandes de subvention des cercles locaux «afin de présenter une demande conjointe au Secrétariat d'Etat à Ottawa et ensuite de distribuer les subventions». Il donnait surtout une aide morale et encourageait les cercles locaux. Ne coordonnant presque pas les activités des différents centres dû au peu de communication entre les réunions, le Centre régional a été dissous le 8 novembre 1972.

Quelques mois plus tard, en 1973, l'étude de Wilfrid Denis recommandait: «que le Centre culturel fasse les arrangements nécessaires afin de s'assurer des locaux adéquats ce qui inclut les possibilités d'entente avec le Mat et le Collège Mathieu pour assurer l'utilisation maximale de ces lieux.» Par contre. Monsieur Denis recommandait que si le Centre culture demeurait un centre purement administratif: «que le
Réunion annuelle du comité local de l?ACFC
Photo: Centre culturel Maillard
Réunion annuelle du comité local de l?ACFC et du Centre Culturel Maillard à la salle paroissiale de Gravelbourg en avril 1982.

centre aménage un local pouvant contenir près de deux cents personnes afin que les sièges et l'acoustique soient satisfaisants, de telle sorte que l'ambiance des représentations soit plus plaisante.

C'est à cette époque dans son histoire que le Centre culturel prend le nom de Centre culturel Maillard.

Malgré les recommandations du rapport Denis, on devra attendre les années 1980 avant que le Centre culturel Maillard puisse se doter d'un endroit physique. Nombreuses activités ont lieu durant les années 1970, entre autres la participation du Centre culturel Maillard à la fondation de la Commission culturelle de la Saskatchewan en 1974. Les francophones de Gravelbourg s'entendaient pour dire qu'un édifice pour abriter le centre culturel était vital pour la préservation et la
Cécile Allard
Photo: Centre culturel Maillard
Cécile Allard, conceptrice du projet du Centre Culture Maillard lors de la Cabane à sucre en1982

promotion de la langue et de la culture des Fransaskois et que dans son enceinte, on verrait se dérouler une grande diversification d'activités pour répondre aux besoins de la communauté.

C'est au début des années 1980 que la communauté fransaskoise de Gravelbourg a entamé des discussions sérieuses qui ont mené à l'ouverture du centre Maillard en février 1986.

Au début de 1981, un comité a été mandaté de préparer un mémoire qui a été présenté au conseil de ville de Gravelbourg et au ministère provincial du Tourisme.. Le 13 mai 1982, une demande d'achat de la vieille gare du Canadien National pour en faire un centre culturel a été présentée au conseil de ville de Gravelbourg. Cette proposition a aussi été présentée au ministère provincial de la Jeunesse et de la Culture et à la Direction du développement et de l'emploi du Canada.

Cette année-là, l'architecte de Regal Homes Ltd. de Moose Jaw a fait une étude de la structure de la gare. Il semblait donc que la vieille gare du Canadien National était vouée à devenir le centre culturel de Gravelbourg. Le ministère de 1 Emploi et de l'Immigration du Canada a même octroyé 50 000,00 $ en novembre 1982 pour le projet de rénovation de la vieille gare.

Mais l'année suivante, le projet se transformait en projet de construction plutôt qu'en projet de rénovation alors que le montant de cette subvention augmentait à 75 000,00 $. C'est qu'en janvier 1983, dû à des complications avec le Canadien National, le Centre culturel Maillard avait étudié la possibilité d'acheter un autre immeuble à Gravelbourg dont celui d'Heritage Ford qui était libre depuis quelque temps.

Chantier de construction du  Centre Culturel Maillard
Photo: Centre culturel Maillard
Chantier de construction du Centre Culturel Maillard de Gravelbourg en 1985.

Ce projet ne qualifiait toutefois pas auprès du ministère du Tourisme, tandis que l'octroi du ministère de la Jeunesse et de la Culture pour l'aménagement d'un édifice culturel avait été remis en entier à la ville de Gravelbourg qui l'avait dépensé sur la construction de la nouvelle Palestre.

Enjuin 1983, deux représentants du Centre culturel et du conseil de ville de Gravelbourg ont rencontré Serge Joyal, Secrétaire d'Etat, qui leur a conseillé de construire un centre culturel. Le conseil de ville était prêt à donner un terrain vacant, celui de l'ancienne Palestre, d'une valeur estimée à 37 000,00 $.

Était-il possible d'entreprendre un projet semblable? Une étude de faisabilité a été réalisée par l'Université de la Saskatchewan à Saskatoon à la demande du Secrétariat d'Etat et enjanvier 1984, uune demande de 509 000,00 $ a été envoyée par la communauté fransaskoise de Gravelbourg au Secrétariat d'Etat. Le Secrétariat d'Etat n'a pas tardé à informer le comité du Centre culturel Maillard, en février 1984, qu'il vaudrait mieux remiser le projet pour un an.

La réaction des membres du Centre culturel Maillard n'a pas tardé à venir. Il n'en est pas question! Le 8 mars 1984, deux délégués du Centre culturel Maillard et du conseil de ville se rendaient à Ottawa pour rencontrer Serge Joyal. La démarche a porté fruit. Trois semaines plus tard, le 30 mars 1984, le Centre culturel Maillard recevait 300 000,00 $ du Secrétariat d'Etat pour son projet de construction d'un centre culturel. Venait ensuite des demandes auprès du ministère des Communications (90 000,00 $) et du ministère de la Culture et des Loisirs qui allouait 10 000,00 $ à la ville de Gravelbourg pour l'approvisionnement du musée qui devait s'installer dans le centre.

Le contrat de construction a été attribué en juillet 1984 à la compagnie Leeviule Construction Ltd. d'Assiniboia pour un total de 399 914,00 $. Il est important de noter que des sept soumissions reçues, aucune ne venait de compagnie de construction dans la région de Gravelbourg. La cérémonie de la bénédiction du terrain et de la levée de la première pelletée de terre a eu lieu le 15 août 1984. En janvier 1985, une entente contractuelle a été signée en bonne et due forme entre la ville de Gravelbourg et le Centre culturel Maillard pour le partage du centre.

La construction a été terminée en juillet 1985 et les clés remises au comité du Centre culturel Maillard. La Commission culturelle fransaskoise a contribué 8 000,00 $ pour l'ameublement du foyer.

Le Centre culturel Mallard est donc devenu une réalité. De nombreuses activités sont donc prévues pour le Centre culturel Maillard et on espère que les gens découvriront de nouvelles façons de se servir du Centre et que les activités deviendront de plus en plus variées d'année en année.

L'histoire culturelle de Gravelbourg
La programmation du Centre culturel Maillard se situe dans la continuité d'une tradition de vie culturelle et artistique qui a toujours été vivante et qui remonte au tout début de Gravelbourg. Vers 1911, «un groupe de francophones inspirés de membres de la famille Gravel se réunissent defaçon informelle pour s'amuser, danser, chanter mais également pour réfléchir aux moyens de préserver la langue et lafot, leur héritage culturel canadienfrançais. Gravelbourg, à cette époque, en est encore à ses premiers balbutiements et est une communauté de pionniers arrivés depuis encore peu d'années» rapportait L'Eau Vive en 1986 à l'occasion du 80e anniversaire de la présence francophone dans la région.

En 1912, un cercle local de l'ACFC, pas toujours distinct de celui de la St-Jean-Baptiste, voyait le jour.
Le Franco-ontarien, Robert Paquette
Photo: Centre Culturel Maillard
Le Franco-ontarien, Robert Paquette, a été un des nombreux artistes de renomés nationales et internationales qui s:est prodit à Gravelbourg au fil des ans.

L'ACFC s'occupait beaucoup d'éducation à cette époque et, dans ce qui deviendrait le Centre fransaskois d'éducation, l'art et la culture n'étaient jamais oubliés.

L'abbé Roger Ducharme dresse le tableau suivant: «À travers cette immense tâche (de 1925 à 1968) l'A.C.F.C. a aussi, comme elle l'a pu, travaillé au développement culturel des communautés par des veillées, des soirées, des concerts, du chant, de la musique, du théâtre, des concours oratoires, du Festival de la chanson française, etc. Ses efforts en ces domaines ont pavé le chemin pour les troupes théâtrales, musicales, artistiques ou autres qui se présentaient, qu'on invitait... C'est ainsi qu'arrivèrent les chansonniers du Québec et d'ailleurs pour poursuivre la tradition et continuer d'approfondir un sens d'appartenance et de fierté dans le quotidien.,,

Au fil des ans, que ce soit au Collège Mathieu, à l'amphithéâtre du couvent des Soeurs de Jésus-Marie, au Gaiety Theatre, à la salle de la Legion ou à la salle paroissiale, les arts se sont épanouis à Gravelbourg.
Le début des années 1980 voit la création à Gravelbourg de la troupe des danseurs
Photo: Centre culturel Maillard
Le début des années 1980 voit la création à Gravelbourg de la troupe des danseurs de la rivière Lavieille.

Y ont passé des têtes d'affiche comme Félix Leclerc, Jacques Labrecque, Monique Leyrac, Gilles Vigneault, les 100 Noms, des pièces de théâtre du Cercle Molière tout comme du répertoire local ou encore des représentations du Ciné-Club ou de films d'envergure comme Jésus de Montréal ou Jours de plaine.

Trois manifestations d'envergure ont marqué la vie artistique et culturelle à Gravelbourg.

«Pendant une vingtaine d'années, à compter de 1947, le sud de la Saskatchewan retentit de ses milles échos mélodieux sortant spontanément du coeur et des poitrines de la gent écolière unie et réunie pour chanter à coeurjoie, enfrançais... « Il s'agissait bien sûr du Festival de la chanson française qui regroupait chaque année jusqu'à mille personnes dans le gymnase du Collège Mathieu..

En 1972, une manifestation provinciale a vu le jour à Gravelbourg: la Cabane à sucre, une véritable institution fondée par Paul Arès et qui a eu lieu annuellement jusqu'en 1990. Depuis, cette fête a été intégrée dans «La Fête des Bons vivants».

Puis, à trois reprises, Gravelbourg a été l'hôte de la Fête fransaskoise: en 1986, en 1988 et en 1993. Cette dernière avait pour but de souligner le 75e anniversaire du Collège Mathieu.

Bien sûr, toutes ces activités ont eu lieu grâce au dévouement inlassable d'une multitude de bénévoles.

Les nombreuses activités culturelles ont fait que Gravelbourg est devenu le visage et le miroir de la communauté fransaskoise locale, régionale et provinciale. Les manifestations culturelles ont permis à une véritable pépinière de talents de voir le jour dans les divers aspects de l'art: visuel, dramatique, folklorique, musical, chant choral, etc... C'est ainsi qu'on a sculpté des arbres autour du Centre culturel Maillard, qu'on a tressé du blé, qu'on a peint portraits et paysages, qu'on a photographié l'environnement, qu'on a dansé des danses sociales, en ligne ou folklorique, qu'on a exprimé ses sentiments dans le théâtre, qu'on a reflété l'art coutumier par l'artisanat, qu'on amis de l'avant les sites exceptionnels de Gravelbourg par le tourisme, qu'on a regroupé les jeunes, les scouts, les femmes, les aînés, qu'on a organisé une multitude de colloques, réunions de toutes sortes avec comme seule limite une imagination débridée.

Le Centre culturel Maillard contemporain
Maintenant que la culture et les arts ont un toit à Gravelbourg, la programmation comporte deux dimensions: l'aspect activités et l'aspect permanence.

L'aspect activités contemporaines à l'édifice n'a pas démenti le passé: tout au long de l'année, on retrouve expositions d'art, assemblée générale annuelle, Fête de la Ste-Catherine, Fête de Noël, Fête des Rois, Fête des Bons vivants, Semaine nationale de la Francophonie, Fête de la St-Jean et un grand nombre de représentations théâtrales ou de spectacles de toutes sortes.

L'aspect de permanence comprend l'utilisation de l'édifice pour loger tous les groupes francophones afin de leur assurer la survie et la réalisation de leurs projets: les danseurs de la Rivière La Vieille, le Conseil des francophones de Gravelbourg, le Centre culturel Maillard, et aujourd'hui l'Assocation communautaire fransaskoise de Gravelbourg, la prématernelle «Les Bout'Choux» devenus par la suite «Les Petits Rayons»,
Depuis son ouverture en 1986, plusieurs artistes locaux se sont présentés
Photo: Centre culturel Maillard
Depuis son ouverture en 1986, plusieurs artistes locaux se sont présentés dans la salle du Centre culturel Maillard, comme Gaetan Allard et Raymond Girardin


l'école Beau Soleil, le College Mathieu, la Bouquinerie Gravel et la troupe de théâtre «Les Productions de la part du lion». C'est aussi un local de rencontre pour les femmes, les aînés, les jeunes et les scouts. C'est une salle multi-fonctionnelle, un foyer, une salle d'entrepôt, etc...

Le fait que le Centre culturel Maillard appartienne à une association française n'empêchera pas d'accueillir quiconque désire louer des salles ou utiliser les services disponibles. C'est ainsi qu'au long des années, le Centre culturel Maillard a eu comme locataire des organismes tantôt anglophones, tantôt bilingue comme Sask. Crop Insurance, la Ville de Gravelbourg. Cypress Hill Community College, le Musée de Gravelbourg, et la grande salle a servi pour des noces, des soupers, des soirées, des réceptions, etc...

De plus, le proverbe disant que le malheur des uns fait le bonheur des autres, un évènement sans précédent viendra donner un coup de pouce pour la rentabilité du Centre culturel Mallard. Suite à l'incendie qui a détruit le Collège Mathieu en 1988, celui-ci s'est installé dans le Centre, pour l'année scolaire 1988-1989. Cet arrangement a épongé le restant de l'hypothèque sur le Centre.
L?artistes, Gerry Bebee, Sculpte des images dans les troncs d?arbes

Photo: Centre culturel Maillard
L?artistes, Gerry Bebee, Sculpte des images dans les troncs d?arbes autour du Centre Culturel Maillard en 1987.

Puis les efforts du Comité de parents pour une école française à Gravelbourg (C.P.E.F.G.) ont fait que le Centre culturel Maillard a été l'hôte pendant cinq ans de l'école Beau Soleil (1990-1995). Une fois de plus, art et éducation se mariaient sur un fond de culture dans la mosaïque gravelbourgeoise.

Au début des années 90, de nombreuses questions ont été soulevées sur la façon que la communauté fransaskoise de Gravelbourg gérait ses activités. Depuis, l'édifice est administré par un comité de gestion composé de membres du Centre culturel Maillard, du Conseil des francophones de Gravelbourg et du conseil de ville de Gravelbourg:.

Le Centre culturel Maillard (association) voit à l'organisation de nombreuses activités artistiques. Le Conseil des francophones de Gravelbourg, en plus de sa vocation politique, a aussi un volet culturel qui comprend la Cabane à sucre et l'administration de la Bouquinerie Gravel. Diverses personnes, mais souvent les mêmes, se retrouvaient un peu partout sur divers comités et on constatait un enchevêtrement de responsabilités, de décisions et d'activités.

Une crise n'a pas tardé à suivre. Un comité de travail a été mis sur pied ce qui a mené à la fusion du Centre culturel Maillai-d avec le Conseil des francophones de Gravelbourg. L'Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg, qui a pour vision «une communauté fransaskoise dynamique à Gravelbourg», a vu le jour.

L'accent sera dorénavant mis sur une culture communautaire cherchant à intégrer la culture française au coeur même de la vie communautaire. Les activités ne sont plus le fait unique d'un organisme en particulier. On s'ouvre davantage sur la jeunesse avec un coin des jeunes pour l'A.J.F. et la mise sur pied des scouts «Marcel Moor» pour les plus jeunes. On fournit des services techniques à la Fédération des femmes canadiennes-françaises et on facilite l'établissement d'une co-op alimentaire. L'informatique joue de plus en plus un rôle essentiel: le projet GraveiNet avec le SFEA (Collège Mathieu) pourrait éventuellement offrir un autre accès à l'autoroute électronique. Une collaboration plus étroite se fait avec le Collège Mathieu pour organiser certains spectacles dans le but d'améliorer la rentabilité de ces activités. Le chiffre d'affaires de la Bouquinerie Gravel augmente graduellement par ses ventes régulières et l'organisation des salons du livre dans le sud de la province. Le tourisme est aussi vu comme la voie de l'avenir pour les communautés fransaskoises du sud-ouest. Ponteix, Willow Bunch et Gravelbourg collaborent sur un projet de tourisme culturel fransaskois pour le sud de la Saskatchewan (TFSS).

Mais l'avenir réserve également des surprises bonnes ou mauvaises. La ville de Gravelbourg vient d'imposer une taxe foncière sur le Centre, en 1995, ce qui met davantage de pression sur une situation financière précaire. Les compressions budgétaires réduisent les subventions, tandis que le vieillissement de la population francophone de Gravelbourg, l'assimilation omni-présente de la jeunesse, le manque de participation aux activités, le manque de formation et de connaissance tant du côté animation qu'organisationnelle n'aident en rien la situation.

«Si on considère le Centre culturel Mallard, assez jeune et encore à se faire une place à Gravelbourg, et l'envergure des problèmes auxquels font face les Francophones de ce centre, on ne peut pas s'attendre à des changements drastiques et soudains. Cependant, si l'évolution lente qui se développe actuellement ne prend pas de force et de vigueur au fur et à mesure, elle s'arrêtera et deviendra stagnante. Le Centre culturel en est à ses débuts, mais il ne doit pas y rester. Il doit évoluer avec les Francophones et Gravelbourg et leurs besoins.,,

Cette conclusion, vieille de vingt ans, à laquelle arrivait Wilfrid B. Denis en 1973, est encore pertinente et toujours d'actualité. Depuis, le Centre culturel Maillai-d a été construit, le Collège Mathieu reconstruit, l'école Beau Soleil construite, Les Danseurs de la Rivière La Vieille et La Part du Lion ont été créées et une étincelle jaillit toujours. Peut-elle brillera-t-elle encore longtemps dans le firmament de la grande communauté fransaskoise et au-dessus de la courte-pointe de la Saskatchewan, dans le ciel de Gravelbourg?

Sources: Archives du Centre culturel Maillard.

Michel Vézina est directeur du Lien depuis son ouverture en 1986. Dès son arrivée à Gravelbourg, il s'est impliqué dans la vie culturelle de sa ville d'adoption. Il a été le premier président de l'Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg. En novembre 1995, il a été élu président de I'ACFC provinciale.








 
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