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Laurent Roy

Laurent Roy
Le docteur Laurent Roy a occupé le poste de président de l'Association catholique franco-canadienne de 1936 à 1948. Photo : Album souvenir de l'ACFC, 1912-1962
L'encombrement de leur profession, l'attrait d'une clientèle nombreuse, la soif de prestige social et le goût de l'aventure amenèrent plusieurs médecins d'origine québécoise à s'établir dans l'Ouest canadien au début du siècle. Quelques mois à peine leur suffisaient généralement pour se rendre compte des possibilités ? en médecine et dans d'autres domaines ? s'offrant aux hommes dont la formation les plaçait bien au-dessus de la moyenne. Nombreux furent ceux qui s'empressèrent de faire part de ces possibilités à leurs anciens camarades de classe, qui prirent eux aussi le train pour l'Ouest. C'est ainsi que quatre anciens de la même promotion à l'Université Laval, les Drs Godin, Paradis, Trudelle et Roy, s'installèrent à peu près en même temps dans le sud de la Saskatchewan. Deux d'entre eux, Arsène Godin et Laurent Roy, occupèrent même à quelques années d'intervalle le fauteuil de président de l'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan.
Laurent Roy est né à L'Acadie, petit village au sud-est de Montréal, vers 1880. Après ses études de médecine à Laval, il tente l'aventure de l'Ouest et ouvre un cabinet à Herbert, hameau situé à une quarantaine de kilomètres à l'est de Swift Current, sur la ligne principale du Canadien Pacifique. Il est bientôt nommé coroner de district. Après quelques années, il part pour Paris, où il effectue un stage d'études avancées dans les hôpitaux. De retour au Canada, il s'installe à Régina en 1913.

On sait peu de choses à propos des quinze années suivantes, sauf qu'il est échevin municipal de 1922 à 1925. Il aurait apparemment servi au même poste de 1940 à 1942, quoique les documents ne soient pas parfaitement clairs à ce sujet. Il s'intéresse activement à l'Association Catholique Franco-Canadienne de la Saskatchewan dès les années 1920; mais son éloignement du centre nerveux des opérations, Prince-Albert, limite tout probablement la portée de son action. Néanmoins, il est élu secrétaire-général de l'A.C.F.C. en 1929, puis choisi comme un des quatre vice-présidents deux ans plus tard.

Il y a lieu de soupçonner que l'entente la plus cordiale ne règne pas entre le docteur Roy et celui qui exerçe une influence prépondérante au sein de l'association depuis plusieurs années, Raymond Denis. Toutefois, les deux hommes unissent leurs efforts au début de l'été 1929 afin d'obtenir une entrevue avec le premier ministre Gardiner au sujet de la détérioration de la situation politique et de la meilleure riposte aux virulentes attaques lancées de tous les côtés contre l'enseignement du français et de la religion dans les écoles.

C'est sous la signature conjointe de Raymond Denis et Laurent Roy que paraît alors en première page du Patriote de l'Ouest un appel extraordinaire à la population franco-catholique de s'unir pour défaire le parti conservateur:

«FRANCO-CANADIENS, DEBOUT!

«Nous ne faisons pas de politique, vous le savez. Jamais nous n'avons donné une direction électorale quelconque à nos Franco-Canadiens. Nous ne sommes liés à aucun parti.

«Notre organisation compte des libéraux, des conservateurs, des progressistes. Ces trois éléments sont représentés dans notre exécutif.

«L'unique but de notre association est de protéger et de défendre les droits de notre langue et de notre foi.

«Mais, lorsque dans des luttes politiques, à la veille d'une élection, des groupes d'hommes, mal intentionnés vis-à-vis de l'église Catholique et de notre race, nous attaquent violemment dans les journaux et dans des conférences et ne soutiennent un certain parti qu'à condition que ses chefs, s'ils arrivaient au pouvoir, exécutent leur programme hostile à tout ce que nous avons de plus cher, nous croyons qu'il est de notre devoir de vous crier:

«Franco-Canadiens, debout! Vous savez quels sont vos insulteurs! À votre bulletin de vote de leur donner la réponse!

«Personne n'a le droit de se désintéresser de cette lutte. Personne n'a le droit de s'abstenir. Ce serait une lâcheté.

«Que les mères de familles et les jeunes filles en âge de voter s'unissent à leurs maris et à leurs frères pour prouver à ces vils calomniateurs qu'on ne nous attaque pas impunément.

«Franco-Canadiens, debout!»

Réélus avec une très faible majorité, les Libéraux sont toutefois défaits en Chambre par une coalition progressiste-conservatrice. Plusieurs mesures vexatoires, surtout dans le domaine de l'instruction publique, sont alors votées.

Après le départ de Raymond Denis pour Montréal, la direction de l'A.C.F.C. est reprise par Mgr Maurice Baudoux; lors du congrès tenu à Saskatoon à la fin de juillet 1936, le docteur Roy est élu président. Il occupera ce poste jusqu'en 1948, plus longtemps qu'aucun autre titulaire.

Laurent Roy et l'association font face à un problème majeur dont il n'est pas facile de dégager toutes les constituantes: difficultés financières causées par la sécheresse dans le Sud et la crise économique; perte d'un grand nombre d'éléments ? et des meilleurs! ? partis chercher un emploi dans l'Est ou en Colombie-Canadienne; multiples défections dans les rangs franco-catholiques causés par les remous sociaux, religieux, démographiques et linguistiques de cette époque trouble; délicate tâche de sortir du sillon déjà tracé, d'aucuns diront trop profondément, par l'ancien président, Raymond Denis.

Pendant douze ans, le docteur Roy se dépense autant que le lui permettent ses forces et ses multiples obligations professionnelles. En 1938, il est aussi nommé consul de France à Regina. Finalement, en 1948, il remet sa démission, tout en continuant à exercer la médecine jusqu'à l'automne de 1955. Il part alors vivre à Ottawa, où il meurt quelques mois plus tard, le 22 juillet 1956.

(citation: Le Patriote de l'Ouest, 29 mai 1929, p. 1; renseignements: Patriote, 23 septembre 1915, p. 5 et 26 octobre 1938, p. 1; La Liberté et le Patriote, 3 août 1956, p. 9)





 
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