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Des lieux

Lac des Prairies (Meadow Lake)

Compatriotes! Venez vous établir au Lac des Prairies, Sask.
Cher Monsieur Cléroux.

Je profite de mon passage à North Battleford pour vous écrire quelques mots à la hâte. C'est pour vous prier de nous envoyer tout de suite au Lac des Prairies (Meadow Lake) un contingent de colons catholiques surtout de Canadiens Français. Vous devez connaître qui désirent s'établir sur des homesteads. Là, il n'y a pas de terres de compagnies, tout est à prendre comme homesteads. Les colons trouveront au Lac des Prairies tout ce qu'ils peuvent désirer pour la culture et l'élevage. Le foin, le bois, l'eau, tout y est en abondance, et la terre est de première qualité. Le climat y est aussi avantageux que dans n'importe quelle autre partie du Nord-Ouest. Il est urgent d'envoyer là le plus grand nombre de colons possible, car déjà les étrangers jettent les yeux de ce côté.
L. Cochin, o.m.i. ptre
Le Patriote de l'Ouest
le 28 mars 1912

La colonisation a été, jusqu'à la dépression des années 1930, une des principales préoccupations de tous les Franco-Canadiens de la Saskatchewan. Dans un autre article, j'ai parlé des difficultés que les agents colonisateurs du gouvernement avaient à recruter des colons du Québec, principalement parce que les curés de la belle province ne voulaient pas perdre leurs ouailles. Pour remédier à ce problème, le clergé catholique de l'Ouest mandate des prêtres pour agir comme missionnaires-colonisateurs.

Dès la fin du XIXe siècle, des missionnaires-colonisateurs avaient commencé à recruter des colons en France et en Belgique pour les établir dans les Territoires du Nord-Ouest. L'abbé Jean-Isidore Gaire fut un des premiers à attirer des colons dans ce qui deviendrait en 1905 la province de la Saskatchewan. Il y a 100 ans cette année, au printemps de 1892, l'abbé Gaire et de vaillants colons, comme Cyril Sylvestre et Maurice Quennelle, viennent s'établir dans le sud-est du district d'Assiniboia et fondent les paroisses de Saint-Maurice de Bellegarde et Saint-Raphaël de Cantal.

Au début du XXe siècle, Mgr Adélard Langevin, archevêque de Saint-Boniface, nomme l'abbé Louis-Pierre Gravel comme missionnaire-colonisateur dans le sud-ouest. Le Père Gravel réussit à faire venir de nombreux colons du Québec et de la Nouvelle-Angleterre et il fonde Gravelbourg en 1907.

Dans le nord, un des missionnaires-colonisateurs qui a le plus laissé sa marque est l'abbé Philippe-Antoine Bérubé. Il attire des centaines de colons dans la région de Vonda et de Saint-Denis en 1908. Deux ans plus tard, l'abbé Bérubé réussit à convaincre des centaines de colons de Ham Nord au Québec et de New Bedford au Massachusetts à venir s'établir au nord de Prince Albert, à Debden et à Victoire ou à l'est dans la région de Zenon Park et Arborfield.

Malgré ces tentaives de recrutement, la colonisation française est lente dans l'Ouest canadien. En 1912, Le Patriote de l'Ouest lance alors une vaste campagne de colonisation. Chaque communauté est invitée à écrire quelques lignes pour promouvoir son coin du pays. La lettre du père Louis Cochin, o.m.i. s'intègre dans cette campagne.

La mission de Lac des Prairies (Meadow Lake) avait été établie en 1888. «En 1908, le père Louis Cochin, o.m.i., qui était en route d'Île-à-la-Crosse à North Battleford, s'arrête à Meadow Lake pour visiter les Indiens et les Métis installés à cet endroit. Durant cette visite, il fait la connaissance de M. Cyprien Morin, un imminent colon de la région. Cyprien était le premier colon, le premier traiteur de fourrure et le premier rancher de Meadow Lake. Il était aussi un bon chrétien et il voulait une église dans son district.»(1)

Le père Cochin donne permission à Cyprien Morin de construire une petite chapelle sur son terrain, même s'il n'a pas encore reçu la permission d'établir une mission au Lac des Prairies. La première petite chapelle de Meadow Lake est nommée Saint-Cyprien en honneur du pionnier de la région.

En 1912, le père Louis Cochin est missionnaire à Meadow Lake. Cette année-là, Cyprien Morin, J.M. Morin et J.U. Paquet travaillent avec l'Oblat pour établir le premier district scolaire dans la région, le district scolaire Cochin, N° 1201. Le père Cochin est le premier enseignant de l'école.

Un autre des premiers pionniers de Meadow Lake est Léon-Victor Sergent, un Français arrivé dans le Nord-Ouest en 1908. En 1912, après avoir obtenu les lettres patentes de son homestead à Charlotte, Léon Sergent apprend que le gouvernement a mis fin au régime des pâturages libres. «Léon Sergent part s'installer avec sa famille plus au nord, au Lac des Prairies; là il y a suffisamment de terrain, avec du foin et un point d'eau pour les bêtes à cornes. Un seul autre Blanc vit dans la région, où habitent bon nombre de Métis sous la direction d'un personnage légendaire, Cyprien 'Grand Tchif' Morin, et plusieurs familles indiennes.»(2)

Léon-Victor Sergent est peut-être un des premiers à répondre à l'invitation du père Louis Cochin, o.m.i. Lorsque viendra le temps de construire une nouvelle église en 1948, c'est Léon Sergent qui fait don des deux acres de terre sur lesquels serait bâtie l'église.

Souvent lorsqu'on parle de la colonisation, on dit que les pionniers sont venus en Saskatchewan pour obtenir un homestead, une terre d'une superficie de 160 acres offert gratuitement par le gouvernement. Le colon n'avait à payer que le coût de 10$, les frais d'inscription du homestead. Dans sa lettre au Patriote de l'Ouest, le père Cochin écrit qu'il n'y a pas de terres de compagnies, que tout est à prendre comme homesteads. Afin de convaincre la Compagnie de la Baie d'Hudson à céder le Nord-Ouest au Canada en 1869 et afin de convaincre le Canadien Pacifique à bâtir une ligne transcontinentale, le gouvernement canadien avait accepté de céder une grande partie du territoire à ces deux compagnies. Les compagnies pouvaient ensuite les vendre à des colons pour deux, quatre ou six dollars l'acre. Dans la région du Lac des Prairies, toutes les terres étaient ouvertes aux homesteaders.

(1) Lavigne Solange, Kaleidoscope - Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert (Sask): Le Diocèse de Prince Albert, 1990. p. 256.
(2) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988. p. 369.

Sources:

Un bout d'histoire....(27)

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lavigne Solange, Kaleidoscope - Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert (Sask): Le Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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