Revue historique: volume 8 numéro 4La Société historique de la Saskatchewan : 20 ans de promotion du patrimoine fransaskoispar Laurier Gareau Vol. 8 - no 4, avril 1998
C'est à l'automne 1977 qu'on lance l'idée de créer une Société historique fransaskoise, dont les buts seront: «grouper les personnes intéressées à notre histoire; développer le goût de notre histoire et communiquer par des écrits la connaissance de notre histoire; recueillir et déposer aux archives provinciales les souvenirs, portraits, gravures, documents, papiers de familles, etc..»'
C'est un mois plus tard, lors du Congrès biennal de l'ACFC à Saskatoon, les 10, 11 et 12 novembre 1977, que la Société historique de la Saskatchewan est formellement crée. << Une assistance nombreuse et interessee prit part à ce lancement, et jusqu'ici plus de 50 adhésions ont été recueillies.>> Un comité provisoire est mis sur pied pour la constituer en société. Ce premier comité est composé de René Rottiers, André Lalonde, Lucifie Tessier et Laurier Gareau, tous de Regina, de Gilles Leray de Prud'homme et d'Henri Poulin de Zenon Park. C'est un mois plus tard, lors du Congrès biennal de l'ACFC à Saskatoon, les 10, 11 et 12 novembre 1977, que la Société historique de la Saskatchewan est formellement créée. Ce premier comité est composé de René Rottiers, André Lalonde, Lucifie Tessier et Laurier Gareau, tous de Regina, de Gilles Leray de Prud'homme et d'Henri Poulin de Zenon Park.
Au cours des mois suivants, les membres du comité provisoire se penchent sur la question de la constitution de la Société. Dans ce but, ils étudient des constitutions d'autres sociétés historique du Nouveil-Ontario à Sudbury et de la Société historique de Saint-Boniface. La réunion durant laquelle la Société historique de la Saskatchewan est constituée en société a lieu le 4 mars 1978 au Centre d'études bilingues, à l'Université de Regina. André Lalonde est le premier président de la Société historique de la Saskatchewan. Dès sa fondation, la Société historique reconnaît le besoin de travailler intimement avec les Archives de la Saskatchewan. C'est pour cette raison qu'un poste est créé au sein du Conseil d'administration pour le représentant des Archives. Il s'agit généralement de l'archiviste francophone. Dès novembre 1978, la Société publiait le premier numéro de son Bulletin. En plus d'un article à la mémoire de l'historien francomanitobain, Robert Painchaud, le premier Bulletin décrivait le nouveau logo de la Société historique. Le fleur de lys à gauche symbolise les coureurs de bois et les premiers explorateurs. Celui à droite symbolise Louis Riel et la lutte des Métis et des francophones dans l'Ouest canadien. La croix symbolise le rôle de l'Église catholique romaine dans la colonisation de la Saskatchewan. Enfin, les épis de blé symbolisent les colons et les pionniers francophones, la plupart étant devenus des agriculteurs en Saskatchewan. Le Bulletin est publié deux fois par année pour les trois premières années, puis il est abandonné en 1982 faute de bénévole pour en assurer la publication. René Rottiers avait été célui qui avait accepté la tâche de publier le Bulletin. La collecte de documents historiques
Le premier projet d'envergure entrepris par la Société historique de la Saskatchewan démarre en janvier 1980. Grâce à une subvention de 8 400 $ du Secrétariat d'État (auj ourd huile Patrimoine canadien), la Société historique est en mesure de faire une collecte de documents historiques concernant les francophones de la province. «Grâce à cette aidefinancière importante, la Société apu retenir les services d'une étudiante en histoire, Mme Claudette Gendron, du début janvier à la fin mars. Au début, le projet doit se limiter à la collecte de quelques photos illustrant la colonisation de la province par des francophones. Le succès du projet dépasse vite les attentes des organisateurs. Mme Gendron parcourt la province et rencontre des centaines de francophones qui acceptent de lui prêter des documents de familles (photos, lettres, mémoires, etc.), des documents paroissiaux et des documents d'associations. Mme Gendron fait aussi des entrevues avec des pionniers au sujet des conditions de vie en Saskatchewan au début du siècle, durant la crise économique des années 30 et durant la guerre. Tous les documents recueillis par Claudette Gendron sont ensuite expédiés aux Archives de la Saskatchewan. «Notons que cette vaste opération est menée conjointement avec les Archives provinciales de la Saskatchewan, qui se chargent de reproduire les documents qui nous ont été confiés, et de les réadresser ensuite à leurs propriétaires.»(4) Toutefois, à cause du succès inespéré du projet, la Société historique est souvent obligée de promettre aux donateurs que leurs précieux souvenirs leur seront rendus. «Étant donné l'abondance des documents reçus, il se pourrait qu'un léger retard se produise parfois dans la réexpédition de ces documents.»(5) Cette collecte faite par Claudette Gendron au printemps 1980 forme la base du fonds d'archives de la Société historique de la Saskatchewan. Depuis, bien que n'ayant pas d'agent dans les communautés pour encourager les francophones à déposer leurs documents de famille aux Archives, la Société historique continue d'encourager le rapatriement du patrimoine francophone. Chaque année, les Archives de la Saskatchewan reçoivent des boites et des boîtes de documents portant sur l'histoire des francophones de la province. Certains documents sont photocopiés pour que les originaux soient ensuite rendus aux propriétaires. D'autres fois, ce sont les originaux qui restent aux Archives. Tous les documents sont ensuite classifiés et déposés aux Archives et ils peuvent être consultés par des chercheurs. Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan
Dès 1980, les dirigeants de la Société historique de la Saskatchewan commencent à caresser le rêve de rédiger une histoire des francophones de la Saskatchewan. Voyant la quantité de documents recueillis par Claudette Gendron, la Société veut procéder à la rédaction d'un livre d'histoire. En 1981, le projet est confié à madame Lucille Tessier, professeur au Collège Campion de l'Université de Regina. Lorsque le volume sera lancé cinq ans plus tard, le président de la Société, Albert Dubé de Regina pourra enfin dire avec fierté: «personne ne pourra dire que les Fransaskois n'ont plus d'histoire».6 Mais en 1981, Lucifie Tessier ne se voit pas en mesure d'effectuer le travail de recherche toute seule et elle fait alors appel à un autre chercheur de la Société historique, Richard Lapointe. En février 1986, Richard Lapointe et Lucille Tessier assistent fièrement au lancement d'Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, première véritable publication de la Société historique de la Saskatchewan. Histoire des FrancoCanadiens de la Saskatchewan est un volume de 336 pages, abondamment illustré: «Une lecture attentive permet de constater que les Francos-Canadiens qui ont peuplé et développé la Saskatchewan n'ontJamais eu la partiefacile. Loin de là.»(7) Pendant que Lucille Tessier et Richard Lapointe travaillent à l'Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, d'autres projets sont entrepris par la Société historique. Richard Lapointe prépare un document avec diapositives pour les enfants, Les Fransaskois (1983) et il fait une compilation d'articles portant sur les francophones de la Saskatchewan qu'il présente dans un volume intitulé Perspectives sur la Saskatchewan française (1983).
Ce ne sont pas les idées qui manquent à la Société historique de la Saskatchewan. À sa réunion annuelle, en mai 1985, le Conseil d'administration est en mesure d'annoncer que Richard Lapointe a commencé à travailler à deux nouveaux livres: La Saskatchewan de A àZ (1987) et 100 NOMS (1988). La Société historique vient aussi de recruter Nicole Blackburn, unejournaliste de Radio-Canada pour qu'elle rédige une histoire de la radio française en Saskatchewan. Le projet est achevé cinq ans plus tard et c'est Laurier Gareau qui signe la version finale du DéfidelaradiofrançaiseenSaskatchewan (1990). Enfin, «M. Carol Léonard oeuvre pour sa part, sur un travail de toponymie (étude des noms de lieux) qui promet d'être très intéressant. (8) Le problème du recrutement des membres Même s'il y a beaucoup d'activités au sein de la Société historique de la Saskatchewan, l'organisme commence à vivre des moments difficiles à partir de 1986. Le président, Albert Dubé, a recours aux médias pour encourager les Fransaskois à devenir membres. «À l'heure actuelle, la Société historique dépend presque exclusivement de subventions gouvernementales pour lui permettre de continuer son travail. Ces sommes d'argent sont totalement destinées aux ouvrages en préparation. Une augmentation du membership permettrait, grâce aux cotisations, de défrayer les dépenses administratives. » Claudette Gendron remplace Albert Dubé à la présidence de la Société en octobre 1986 et elle est remplacée par André Lalonde en 1987 lorsqu'elle quitte la province pour Ottawa. Pierre Morissette est président du printemps 1988 au printemps 1990. Toutefois, la situation ne s'améliore pas au cours de ces années. En 1988, et à nouveau en 1989, la réunion annuelle est reportée à une date ultérieure à deux reprises car le quorum n'est pas atteint à la première convocation. Voulant remédier à cette situation, la Société historique décide de changer ses statuts et d'ouvrir ses portes aux chercheurs en généalogie. Au printemps 1990, seulement treize personnes se présentent à la réunion annuelle, à peine le quorum. Les nouveaux statuts sont adoptés et un Conseil d'administration est élu avec Lucille Tessier comme présidente. Au cours des mois suivants, le nouveau Conseil d'administration s'attaque au manque de visibilité de la Société historique.
La Société devient membre associé de la Commission culturelle fransaskoise et de l'Association culturelle francocanadienne de la Saskatchewan et commence à assister régulièrement aux réunions. Le viceprésident, Laurier Gareau, est mandaté pour préparer un nouveau magazine sur l'histoire des francophones de la Saskatchewan. Ce magazine ferait sensiblement le même travail que l'ancien Bulletin publié pendant les premières années de la Société historique. À l'automne 1990, la Société historique lance son nouveau magazine d'histoire, la Revue historique. Elle doit être publiée deux fois l'an, mais dès la deuxième année le magazine est publié quatre fois. Aujourd'hui, la Revue historique continue d'être le principal véhicule pour assurer la visibilité de l'organisme tout en nous permettant de faire valoir l'histoire populaire des Fransaskois et des Fransaskoises. Jusqu'en 1991, les tâches administratives sont assurées par les élus ou par les employés du Centre d'études bilingues de l'Université de Regina. Lorsque le Centre d'études bilingues, maintenant Institut de formation linguistique, doit emménager dans ses nouveaux locaux, le directeur de l'Institut ne peut pas garantir que les employés auront encore le temps de s'occuper de l'administration de la Société. Toujours dans le but d'augmenter sa visibilité dans la communauté, et d'assurer une bonne administration de l'organisme, la Société soumet une demande de subvention spéciale au Secrétariat d' tat pour payer une secrétaire à temps partiel. Les services de cette employée seront partagés avec deux autres organismes francophones de Regina, l'Association canadienne-française de Regina et le Comité de mise en oeuvre d'un centre scolaire communautaire. La subvention est accordée et la première secrétaire (madame Léonette Fortier) est embauchée au printemps 1991. Un an plus tard, elle est remplacée par madame Lucie Milette et en 1993 par madame Suzanne Leduc. En 1994, la Société historique déménage dans les bureaux de la Commission culturelle fransaskoise et commence à partager les services de secrétariat de cet organisme.
Enfin, toujours dans le but de recruter de nouveaux membres, la Société historique commence à organiser des colloques annuels. Le premier, en mai 1991, attire plus de 30 personnes et le deuxième, organisé conjointement avec la Commission culturelle fransaskoise en avril 1992, en attire plus de 50. S'étant donné des moyens de rejoindre la population fransaskoise, la Société historique de la Saskatchewan ne peut plus négliger ses projets de production. En plus de la parution du Défi de la radio française en Saskatchewan, la Société lance un autre livre en 1990: le Saskatlas de Richard Lapointe. Celui-ci est réédité deux ans plus tard. Albert Dubé publie La Voix du peuple en 1994 et Eric Poliquin ajoute un neuvième volume à la collection historique de la Société à l'automne 1997. Enfin, à l'automne 1997, la Société a commencé à distribuer le premier volume de L'index du Patriote de l'Ouest - 1910-1925. Le travail se poursuit toujours sur les 16 autres années de parution du premier journal de langue française en Saskatchewan. D'autres projets sont toujours en voie de développement: Carol Léonard, après plus de dix ans de travail bénévole, devrait être en mesure de publier sa recherche sur la toponymie francophone de la Saskatchewan au cours des 18 prochains mois et Lise Lundlie espère publier son histoire du Collège Mathieu, Une pépinière de chefs, à temps pour les celebrations du 80e anniversaire du collège au mois de mai. La Société a aussi réaliser un premier projet pour mettre de l'ordre dans les mémoires de Louis Schmidt, ancien secrétaire de Louis Riel en 1870, au Manitoba. Une recherchiste, Annie Charest, a travaillé pendant six mois à l'automne et au printemps 1996-1997 à annoter les mémoires. Un autre projet en marche est la restructuration des mémoires de Raymond Denis, président de 1'ACFC de 1925 à 1935.
Cette année, la Société historique a entrepris un projet de rapprochement dans la communauté. Depuis janvier, Michel Marchildon travaille avec trois communautés qui s'intéressent à la préservation du patrimoine. Il s'agit de Bellevue, Ponteix et Zenon Park. En 1991, Laurier Gareau a remplacé Lucille Tessier à la présidence de la Société historique; il a été remplacé en 1993 par Eric Poliquin qui, lui, a cédé le poste à Pierre Morissette en 1995. En 1996, Laurier Gareau assumait à nouveau la présidence, poste qu'il devra céder à la prochaine assemblée générale annuelle. Depuis sa fondation en 1977, la Société historique de la Saskatchewan a toujours été fidèle à sa devise: Fiers de notre héritage. Notes et références (1) «Faire revivre notre histoire : but de la Société historique». - L'Eau Vive. - (Oct. 1977) (2) «Fondation de la Société historique de la Saskatchewan». - L'Eau Vive. - (déc. 1977) (3) «À la Société Historique., un succès inespéré». L'Eau Vive. - (13 févr. 1980). - p. 1 (4) Ibid. (5) Ibid. (6) «Personne ne pourra dire que les Fransaskois n'ont plus d'histoire». - L'Eau Vive (26 févr. 1986), p. A3 (7) Ibid. (8) «Plusieurs projets pour la Société historique de la Saskatchewan». - L'Eau Vive (1er mai 1985), p. 3 (9) «La Société historique à la recherche de membres». - LEau Vive (9 avr. 1986), p. 2 |
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