Des lieuxLa SaskatchewanUn bout d'histoire (141) La Saskatchewan: Du Nationaliste, de Montréal, un article de M. Adolphe Nantel. “La jeune et vaste province de Saskatchewan progresse rapidement et avant peu d'années, elle figurera au premier rang sur la liste des provinces conférées. Actuellement, la Saskatchewan occupe la troisième place par sa population; elle a, en dix ans, surpassé la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, l'Île du Prince-Édouard, le Manitoba et la Colombie-Anglaise, et compte aujourd'hui près de 691,000 habitants.” Le Patriote de l'Ouest le 26 mars 1914 Si la province de la Saskatchewan est considérée aujourd'hui comme une des provinces «have not» du Canada, tel n'a pas toujours été le cas, comme en témoigne cet article d'Adolphe Nantel publié dans Le Nationaliste de Montréal en 1914. C'est en grande partie à cause d'une vaste campagne menée par le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier que la jeune province de Saskatchewan a attiré des milliers de colons au début du XXe siècle. D'une population totale de 41 522 au recensement de 1891, la province allait avoir une population dix fois plus élevée seulement vingt ans plus tard en 1911 et de vingt fois ce total quarante ans plus tard au début de la crise économique des années 1930. En effet, c'est seulement avec l'arrivée de «la grande dépression», en 1929, que le taux de croissance de la population de la province a arrêté. Dans son projet de colonisation de la Saskatchewan, le gouvernement canadien cherchait surtout des agriculteurs. «On avait d'abord et avant tout besoin de personnes se destinant à l'exploitation immédiate d'une terre dans l'une ou l'autre des nouvelles zones de colonisation, tout spécialement dans l'Ouest. On souhaitait de plus la venue de tous ceux qui projetaient de travailler quelques années comme employés agricoles, dans le double but de se familiariser avec les méthodes de culture et d'amasser un capital suffisant pour l'achat d'animaux et de machinerie.»(1) En 1914, Adolphe Nantel pouvait donc vanter, dans son article dans Le Nationaliste, les industries agricoles de la Saskatchewan.«Cette province a produit plus de denrées agricoles en 1913 que toutes les provinces canadiennes et même que n'importe quel État de la République américaine.»(2) Le gouvernement de Wilfrid Laurier a donc décidé que la Saskatchewan serait le «grenier du monde». «Et c'est aux compagnies de chemin de fer qu'on allait confier la tâche d'acheminer jusqu'à Fort William, à la tête des Grands Lacs, le produit de moissons qui allaient atteindre annuellement plusieurs centaines de millions de boisseaux.»(3) Pour faciliter le transport des céréales, il fallait construire des milliers de milles de chemin de fer dans la province. Déjà c'est le cas en 1914: «Ontario la surpasse seulement dans la longueur de ses voies ferrées avec 9,000 milles en exploitation. La Saskatchewan possède 4,657 milles de chemin de fer; il y en a 4,007 en construction, ce qui donnera à la fin de l'année un réseau de 8,658 milles de chemin de fer. Québec avec quatre fois la population de cette province de l'Ouest n'a encore que 3,986 milles de voies ferrées et 1,517 sous construction.»4 Comme a été le cas pour la population, la construction de voies ferrées cesse avec le «crash» de 1929. En 1914, toutefois, la province était encore un véritable paradis et des journalistes, comme Adolphe Nantel, ne se gênaient pas pour chanter ses louanges dans le but d'attirer de nouveaux colons, même des colons Canadiens français. «Pour terminer ce bref aperçu, disons un mot de nos compatriotes qui sont nombreux et groupés dans chaque partie de cette mer de blé. Ils ont un ministre, M. Turgeon et plusieurs députés à la législature. L'élément catholique y est des plus prospères et les diocèses de Regina et de Prince Albert avec des hommes comme Nos Seigneurs Mathieu et Pascal ne peuvent que grandir et englober peu à peu la population rurale. Le Patriote de l'Ouest est fièrement placé en sentinelle là-bas pour la défense de nos droits.»(5) Toutefois, pour les Franco-Canadiens de la Saskatchewan, la province va bientôt cesser d'être un paradis; l'éclatement de la guerre en Europe va bientôt causer bien des problèmes aux nôtres. (1) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986, p. 75. (2) «La Saskatchewan», Le Patriote de l'Ouest, le 26 mars 1914. (3) Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, op. cit., p. 172. (4) «La Saskatchewan», Le Patriote de l'Ouest, le 26 mars 1914. (5) Ibid. Sources Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986. «La Saskatchewan», Le Patriote de l'Ouest, le 26 mars 1914. |
|