Revue historique: volume 7 numéro 4La rivière La VieilleLes légendes de chez-nous ... Vol. 7 - no 4, avril 1997 D'où vient ce nom de «Rivière La Vieille» que mentionnent les premiers récits français? Découlerait-il d'une légende selon laquelle il se trouverait un emplacement de tombeau à quelque 5 milles au nord-est de Gravelbourg? Les premiers colons de Gravelbourg se souviennent d'avoir vu les tribus de la Montagne de Bois y venir chaque été et y danser leurs danses rituelles et guerrières autour d'un mat de bois peint dressé sur un amoncellement de roches, lieu de sépulture d'une vieille Indienne qui aurait été chef de tribu. Cette vieille faisait-elle partie des vaillantes « vieilles femmes» dont la légende a donné le nom à un lac et une localité situés à une quarantaine de milles au nord-est de Gravelbourg? Le lac Johnstone, autrefois appelé «Lac des vieilles femmes» (Old Wives Lake) avec ses quarante milles de longueur, s'étend, dit la légende, à l'emplacement d'un campement indien qui, un jour, fut attaqué par une tribu ennemie: la lutte étant impossible devant la supériorité du nombre, les vieilles femmes de la tribu attaquée décident de se sacrifier: pour couvrir la retraite des hommes, femmes et enfants, elles entretiennent de grands feux toute la nuit, laissant croire à l'ennemi que le campament est très puissant: lorsqu'au petit jour les assaillants se ruent sur le village, ils ne trouvent, autour des feux qui s'éteignent, que quelques «vieilles femmes» à massacrer... Ou enfin, la rivière qui traverse Gravelbourg était-elle ainsi nommée parce qu'elle allait se jeter dans le lac «La Vieille»? Car une autre légende s'attache au lac Johnstone qui rugit, a-t-on dit, comme un lion en colère les jours de grande tempête. Les Indiens croyaient que ses eaux emprisonnaient l'âme d'une vieille «squaw» qui s'y était noyée et qu'ils venaient consulter; si la brise du lac n'était qu'un léger murmure, c'était signe de bon augure pour la chasse ou la guerre. Si, au contraire, dans le grondement du lac, on entendait la voix plaintive de l'aïeule, c'était mauvais présage et l'on s'abstenait de toute entreprise. (Reproduit de Vie française, Volume 10, nos 3-4, Nov.-Déc. 1955.) Ce sont dans les récits de l'abbé Royer, fondateur de Ponteix, que l'on trouve l'histoire de la vieille «squaw» qui s'était noyée. Voici cette version de la légende. »Johnston lake», n'est qu'une autre usurpation dans l'histoire locale et ne révèle, m'a-t-on dit, que des choses banales, et encore pour quelques initiés seulement. Le vrai nom est »Old Wifes'lake». Remontons encore, si vous voulez, bien avant dans le temps des sauvages. Tandis que sa tribu, Cri ou Sioux, je ne me rappelle plus bien, campait sur les bords du lac; vint à mourir une femme, si vieille que personne ne pouvait dire son âge, l'épouse d'un grand chef, vénérée et redoutée comme sorcière. Rien d'extraordinaire jusque-là. Il parait qu'un peu plus tôt, un peu plus tard cet accident arrive à tout le monde. Mais voici l'extraordinaire. Elle fut enterrée dans une île du lac, en grande pompe, suivant les rites de sa tribu, assise à trois pieds sur terre avec ses (agrès) de ménage à la main. Et tout enterrée qu'elle était, elle continua solennellement ses prophéties. A la veille d'une guerre, les sauvages venaient en file s'agenouiller sur le bord du lac et, les yeux fixés vers le tombeau, priaient et prêtaient une oreille attentive. Bientôt une voix s'élevait de l'île mortuaire et peu à peu dominait le bruit de la vague: C'était la voix de la Sorcière. Si elle gémissait, les pauvres sauvages n'avaient plus qu'à éviter les rencontres car la défaite les attendait. Mais si la voix chantait un hymne guerrier, ils couraient sus à l'ennemi, ardents et joyeux, certains de la victoire. Et voilà pourquoi en mémoire de la vieille sorcière, ils avaient appelé le lac où elle reposait, Old Wifes'lake. Lac de la vieille, et «Old Wifes'river» la rivière qui l'alimente et qui, traversant un coin de notre première colonie l'a fait appeler aussi (Plaine de la Vieille). » (Reproduit de Excursion d'un missionnaire en 1907. de l'abbé Albert-Marie Royer.) N.d.l.r.: Si vous connaissez d'autres légendes comme celle-ci, au sujet d'endroits ou de personnes de la Saskatchewan, veuillez nous les envoyer. Il est temps de les faire connaître à la prochaine génération. |
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