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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 9 numéro 2

La question des Boy Scout

Vol. 9 - no 2, décembre 1998
Au début du siècle, le clergé catholique s'opposait au mouvement scout, le voyant comme une menace de la Franc Maçonnerie. Le mouvement n'était-il pas l'invention d'un anglais protestant, le général Baden Powell? Nombreux ont été les articles publiés dans le Patriote de l'Ouest à ce sujet. Nous en reproduisons deux pour indiquer la préoccupation du clergé catholique de la Saskatche-wan qui publiait alors le journal.


Nous avons vu la semaine dernière que la Free Press brûle du désir devoir l'association des Boy Scouts s'implanter parmi les catholiques. Les beaux compliments qu'elle est prête à décerner à tous ceux qui voudront bien donner dans le panneau ajoutés au mépris qu'elle réserve à ceux qui ont l'oeil ouvert, valent déjà toute une leçon de choses.

Qu'il faille se défier des présents de l'ennemi, il y a longtemps qu'on l'a dit et cela reste toujours vrai. Aussi, nous remercions la Free Press d'avoir eu l'imprudence de n'écouter que son zèle en venant nous prêcher elle-même l'enrôlement de notre jeunesse catholique dans la brigade des Boy Scouts, car c'est bien elle, la Free Press, qui prêche sous des dehors empruntés de pourpre cardinalice: les attaques qu'elle dirige contre l'archevêque de Saint-Boniface le prouve assez bien!

Il faut cependant aller plus au fond de la question.

Pour analyser les tendances du boyscoutismeil faut remonter jusqu'aux premiers inspirateurs de cette association ou de cette fédération d'associations dont le programme apparaît comme séduisant aux yeux de certains patriotes, comme utile aux yeux de certains autres, tout au moins comme inoffensif parce qu'il est patronné par des hommes très recommandables dont quelques-uns portent des noms universellement connus et respectés.

Les Boy Scouts nous viennent de l'Angleterre protestante. Le point de départ de leur organisation a été la publication par le général Baden Powell, au début de 1908, du manuel «ScoutingforBoys, »où se trouve condensée toute la moelle du boyscoutisme dans un beau charabia humanitaire où circulent les thèses les plus contradictoires. Le général Baden Powell qui n'avait alors guère de célébrité que celle des autres officiers de l'armée anglaise rossés d'importance par le petit peuple Boer, exposait que «frappé, pendant la guerre du Transvaal, de voir le pays si peu préparé à l'action, les caractères, si rares, l'énergie traditionnelle de la race si diminuée, il proposait un remède simple et efficace: inspirer à la jeunesse le goût des exercices qui développent si extraordinairement le caractère chez les hommes de la brousse et de la forêt vierge, explorateurs, trappeurs, pionniers.

Répondez, s'il vous plait

Nous avons signalé il y a trois semaines un article étrange de la Free Press qui incitait les catholiques à faire bon accueil à l'organisation des Boy Scouts.

Ceux qui jettent de temps à autre un coup d'oeil sur les journaux anglais ont peut-être remarqué que depuis quelque temps il se publie, assez régulièrement chaque semaine, dans la presse anglaise de l'Ouest, de longues colonnes sur les allées et venues des boy Scouts avec ça et là un mot de propagande en faveur de l'association. Le duc de Connaught, lui-même, notre gouverneur général, se serait permis, d'après eux, de faire de la réclame au Scouting, ici dans la Saskatchewan, à Moose Jaw.

Il parait que «ceux qui sont derrière l'association» sont prêts à décerner un brevet de largeur d'esprit à tous ceux qui voudront bien patronner le mouvement. Hélas! pour notre part nous nous résignons d'avance à ne point décrocher le brevet.

Nous avouons même ne pouvoir souscrire aux dires du Tablet, de Londres, qui écrit: «Le Scouting étant soutenu par la foi catholique pour lui faire rendre des services inappréciables pour le développement du caractère. il se peut même qu'on approche ainsi de très près la solution de cet éternel problème : comment garder notre influence sur nos jeunes gens quand ils quittent l'école? Sous l'égide de la foi, il se peut que ce mouvement soit inoffensif et même utile à certains égards.»

Nous demanderons plutôt avec la Fortnightly Review : «Cela parait prudent. Maïs est-ce tout à fait conforme aux principes et à la pratique de notre sainte Eglise? Il en est parmi nous qui ont des doutes légitimes à ce sujet, surtout eu égard aux révélations de la Correspondance de Rome et d'autres journaux catholiques dignes de foi quant au véritable but du mouvement Boy Scout dans l'Europe continentale. Ne soyons pas trop pressés d'adopter toute fantaisie nouvelle. «Latet anguis in herba» (en français : il y a anguille sous roche).»

Encore une fois, nous voudrions que M. de la Palice, lui qui avait réponse à tout, puisse nous expliquer comment l'association des Boy Scouts a pu recruter en quatre ou cinq ans trois millions de jeunes gens... Répondez, s'il vous plait, messieurs les esprits larges qui traitez volontiers de visionnaires ceux qui soupçonnent la main de la Franc Maçonnerie derrière cette organisation mondiale.

Et quand même la Franc Maçonnerie n'y serait pour rien, ce qui est pour le moins improbable, il resterait encore que le «Scouting» peut exercer et, de fait exerce, des influences très pernicieuses sur la jeunesse. Nous le dirons plus tard.





 
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