Des histoiresLa Prohibition en SaskatchewanUn bout d'histoire (173) Vers la prohibition: La province de la Saskatchewan s'achemine rapidement vers la prohibition du commerce des liqueurs. L'incident Langley qui, à Saskatoon, révéla avec tant de surprise les mesures prochaines de tempérance du gouvernement Scott, a donné lieu à une affirmation franchement ouverte et solennelle du Premier Ministre lui-même, concernant la politique nouvelle de son gouvernement. À une réunion politique, tenue à Oxbow, l'honorable Walter Scott a clairement exposé ses vues et son programme en faveur de la prohibition après avoir fait l'histoire du mouvement de tempérance qu'il a toujours patronné et encouragé, au cours des dix dernières années. Le Patriote de l'Ouest le 25 mars 1915 L'histoire de la Saskatchewan est parsemée d'incidences où la vente d'alcool ou sa prohibition a joué un rôle déterminant. Dans une série de chroniques précédentes, en janvier 1994, il a été question des mouvements de tempérance, de la fondation de la ville de Saskatoon comme colonie de tempérance et éventuellement de l'implantation de la prohibition en Saskatchewan durant la Première Guerre mondiale. Ce n'était toutefois pas la première prohibition dans le territoire de la Saskatchewan. Une série d'incidents fâcheux avec des trafiquants d'alcool, dans la région de la montagne de Cyprès, avait mené à la création de la Police montée du Nord-Ouest en 1874. «Avant 1892, la tâche la plus difficile que doit remplir la Police Montée dans les Prairies est de faire observer la prohibition. Au début, c'était encore faisable, même si c'était un travail ingrat. Elle attrapait facilement les trafiquants d'alcool qui essayaient de faire passer la frontière à leurs chariots. Grâce à cette surveillance, très peu d'eau-de-vie parvenait aux Indiens.»(1) Mais lorsque l'homme blanc vient s'établir dans les prairies, on demande de permettre la distribution d'alcool. «Mais un nombre croissant de colons en voulaient pour leur consommation personnelle et n'appréciaient pas l'intervention de la Police Montée dans le trafic de l'alcool. La prohibition commence à s'effriter en 1881, lorsque le lieutenant-gouverneur Edgar Dewdney met sur pied un système de permis autorisant les Blancs à importer de l'alcool dans les Territoires du Nord-Ouest à condition que ce soit pour eux-mêmes.»(2) Edgar Dewdney est persuadé que son système de permis permettra de contrôler le trafic d'alcool mais, bientôt, la Police Montée ne peut plus suivre les milliers de permis émis. En 1892, on met fin à la première prohibition dans les Territoires du Nord-Ouest. L'entrée du Canada dans la guerre de 1914 ravive le débat pour l'implantation d'une prohibition et la Saskatchewan devient la première province canadienne à adopter une loi de prohibition en 1915. L'élément canadien-français de la province s'oppose à ses mesures restrictives. «La question de la tempérance et les mesures prohibitives annoncées par le gouvernement Scott occupent les esprits et soulèvent divers commentaires en notre ville. Les hôteliers et leurs partisans font circuler une pétition d'apparence trompeuse, que malheureusement beaucoup de personnes ont signées sans y prêter grande attention. Nous mettons le public en garde contre les arguments mielleux que présentent habilement les partisans de l'hôtel.»(3) Le Patriote de l'Ouest se joint à la plupart des autres journaux de la Saskatchewan pour appuyer les nouvelles mesures gouvernementales. «L'alcool absorbe chaque année plus de $100,000,000 rien qu'au Canada. Cet ogre en retour verse sur le pays tout entier un véritable débordement de hontes, de misères et de crimes. Chassez l'ogre du pays et les trois quarts de nos villes diminueront l'effectif de leur police de moitié. Les prisons, les hôpitaux, les orphelinats verront leurs dépenses diminuer. Et ainsi le Canada s'enrichira de $150,000,000 par année. L'aisance, le bonheur, la paix s'établiront à demeure chez-nous.»(4) Toutes les provinces canadiennes, sauf le Québec, ont suivi l'exemple de la Saskatchewan et adoptées des mesures prohibitives. Mais la guerre prend fin en 1918 et les lois de prohibition disparaissent pour être remplacées par de nouvelles mesures de contrôle de la vente d'alcool. «Pour les gouvernements provinciaux, le magasin des liqueurs était un outil merveilleux pour aller chercher de l'argent sans hausser les taxes. À la fin des années 20, la prohibition avait virtuellement disparu des provinces, sauf à l'Ile-du-Prince-Édouard, mais non avant d'avoir enrichi notre folklore de récits colorés au sujet de la contrebande et du transport clandestin.»5 Maintes mesures adoptées durant les années 1920 sont encore en vigueur de nos jours. (1) Beahen, William, «Red Coats in the West», Horizon Canada, Saint-Laurent (Qué): Centre d'Études en Enseignement du Canada 1985, p. 39. (2) Ibid., p. 39. (3) «Chronique locale», Le Patriote de l'Ouest, le 29 avril 1915. (4) «L'Ogre de l'Alcool», Le Patriote de l'Ouest, le 27 mai 1915. (5) Decarie, Graeme, «Mon pays, mouillé ou sec», Horizon Canada, Saint-Laurent (Qué): Centre d'Études en Enseignement du Canada 1985, p. 139. Sources Beahen, William, «Red Coats in the West», Horizon Canada, Saint-Laurent (Qué): Centre d'Études en Enseignement du Canada 1985. «Chronique locale», Le Patriote de l'Ouest, le 29 avril 1915. Decarie, Graeme, «Mon pays, mouillé ou sec», Horizon Canada, Saint-Laurent (Qué): Centre d'Études en Enseignement du Canada 1985. «L'Ogre de l'Alcool», Le Patriote de l'Ouest, le 27 mai 1915. |
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