Revue historique: volume 1 numéro 1La paroisse de MontmartreProfil d'une communauté Fondée par une société de colonisation française par Florian Rioux Vol. 1 - no 1, octobre 1990
Le Patriote de l'Ouest le 2 janvier 1918. Tout le monde, ou à peu près, connaît le grand Montmartre de Paris, mais plusieurs ignorent qu'un autre Montmartre (le petit) existe sur la terre canadienne. Mais oui, dans la province de Saskatchewan, dans le diocèse de Régina, il a été fondé vers le printemps de 1893, par une compagnie française ayant pour président M. R. Foursin, une colonie que l'on baptisa du nom de Montmartre. Un peu plus tard, les autorités religieuses l'ont mise sous la protection du Sacré-Coeur, en lui donnant le vénérable et c'est sous son égide que Montmartre a grandi et prospéré. Les premiers arrivés ont été des pauvres, hardis colons qui quittèrent parents, foyers et amis pour venir se fixer dans les plaines immenses de l'Ouest. Mais le courage et la persévérance conduisent toujours au succès. Montmartre était fondé et la riche prairie de cette belle contrée était découverte. Il ne manquait plus que des braves pour compléter l'oeuvre commencée, et grâce à eux notre paroisse aujourd'hui est vraiment prospère. C'est un autre petit Québec, disait notre vénéré archevêque à sa première visite en 1912. Le premier missionnaire qui visita cette nouvelle mission fut le Rév. M. Roy, alors curé de Wolseley, qui célébra la première messe vers 1893, dans la maison de la Compagnie sur la section 16, Township 15, Rang 11, aujourd'hui propriété de M. Chs Lévesque, fils. Le deuxième missionnaire qui eut charge de Montmartre fut le Rév. M.E. Garon. Ce dernier travailla beaucoup pour notre mission et en vrai patriote il s'efforça d'y amener de nouveaux colons. De sorte que Montmartre prenait peu à peu de l'importance et après l'arrivée de nouveaux paroissiens on se trouva assez nombreux pour élever une modeste maison-chapelle 20 x 30 à la gloire du Sacré-Coeur. Ce fut le Rév. C. Passaplan qui eut cette besogne toujours un peu difficile. Mais grâce à Dieu et à la bonne volonté des paroissiens, le 8 décembre 1904, le Rév. P. Garon, curé de Wolseley et délégué par Mgr Langevin de regretté mémoire, bénissait ce nouveau temple. De 1902 au printemps 1903, la desserte de notre mission fut faite régulièrement tous les mois par le Rév. Garon et son vicaire, le Rév. J. Luyten. Enfin, à la demande souvent
réitérée des paroissiens, Mgr Langevin nomme un missionnaire résident, le Rév. J.-A. Thérriault. Ce dernier arriva au milieu de nous le 23 avril 1903 en compagnie de Mgr Langevin qui venait, suivant son expression un peu originale, “le planter” dans ce coin favorisé du Sacré-Coeur pour y produire des fruits et travailler à la vigne du Maître. À cette époque, la population catholique de Montmartre se composait d'environ 25 familles. Nous n'étions pas nombreux car notre chapelle avait 48 chaises pour asseoir les fidèles et tout le monde était assis. Cependant notre jeune missionnaire ne se découragea pas. Il se mit à la besogne et bientôt le succès couronna ses efforts. De nouveaux colons arrivèrent et après quelques années notre maison-chapelle devint trop petite. Alors on érigea, à la demande de Mgr Langevin, une grande salle de 40 x 60, laquelle existe encore en attendant la nouvelle “basilique”, qui d'après dame rumeur, devra se construire pas plus tard que l'année prochaine. Cette nouvelle église fut bénite le 20 décembre 1906 par Mgr A. Dugas, P.A., Vicaire-général de l'archdiocèse de St-Boniface. Mgr Dugas nous dit que notre curé avait droit d'être satisfait de son centre. Il avait su donner à sa population un temple vaste et adapté aux besoins et aux exigences de l'endroit et aux moyens des paroissiens. La paroisse méritait des félicitations pour le bon travail et la générosité dont elle avait fait preuve. Voici en quelques mots le texte abrégé de l'histoire de notre paroisse. Une main plus autorisée et plus habile pourrait nous écrire un joli petit bijou historique de ce petit coin de terre, si on voulait s'en donner la peine. Espérons que ça viendra un jour. Un mot à mes amis de la vieille province de Québec qui auraient pensé de venir se fixer dans l'Ouest mais qui sont arrêtés par cette pensée que leurs enfants ne pourront pas s'instruire ou qu'ils perdront leur langue et leur foi. La vérité la voilà! À Montmartre nous avons trois écoles qui fonctionnent très bien sous l'habile direction d'instituteurs et institutrices catholiques. Le français y est enseigné en autant que la loi de notre province le permet, c'est-à-dire environ une heure par jour. De plus, dans nos écoles on enseigne fidèlement le catéchisme en français pour les enfants de langue française et en anglais pour ceux de langue anglaise et cela une demi-heure tous les jours. L'école du village est une magnifique construction finie en brique d'un beau style qui certainement fait honneur à notre district. Actuellement nous n'avons que deux classes d'ouvertes, mais avant longtemps il nous faudra en ouvrir une troisième, le nombre d'enfants augmentant toujours. Car ici, nos familles canadienne-françaises et belges n'ont pas oublié le vieux précepte, “Creseite et multiplicamini”. Honneur donc leur soit rendu. Venez donc renforcer nos centres catholiques, et faire oeuvre de vrais patriotes. Venez. |
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