Des gensLa famille de Louis SchmidtM. Pantaléon Schmidt est nommé Nous sommes heureux de pouvoir confirmer officiellement la nouvelle de la nomination de M. Pantaléon Schmidt au poste d'agent du Département des Affaires Indiennes à Duck Lake. Toutes nos félicitations au nouveau titulaire qui doit entrer en fonction ces jours-ci. Nous avons la ferme assurance qu'il saura remplir ce poste avec honneur et au plus grand avantage de l'intéressante population confiée à ses soins. Le Patriote de l'Ouest le 30 octobre 1912 Louis Schmidt a été un des grands défenseurs des droits des Métis, des Indiens et des Canadiens français. Il est né le 4 décembre 1844 dans un vieux fort sur les rives du lac Rabasca. «Rabasca», c'est le nom que les Indiens avaient donné au lac Athabasca dans le nord-ouest de la Saskatchewan. Le vieux fort où Louis Schmidt est né se trouvait à une trentaine de kilomètres du Fort Chippeweyan. Son père est pêcheur pour la Compagnie de la Baie d'Hudson et sa mère est la fille d'un des plus célèbres guides de l'époque, Alexis L'Espérance. Jusqu'à l'âge de 14 ans, Louis est connu sous le nom de Laferté. Sa grand-mère paternelle était une Métisse montagnaise du lac des Esclaves, Marie-Anne Généreux qui avait épousé, à la mode du pays, un employé de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Lorsque cet employé est renvoyé en Angleterre, Marie-Anne Généreux prend pour mari un Métis nommé Pierre Laferté. Pierre Laferté adopte alors le fils de Marie-Anne (le père de Louis) âgé de trois ans et lui donne son nom de famille. C'est seulement en 1858, alors que Louis se prépare à quitter la colonie de la Rivière-Rouge pour aller terminer ses études au Québec en compagnie de Louis Riel que l'évêque de Saint-Boniface, Mgr Taché, croyant que le grand-père de Louis Laferté avait été un Allemand du nom de Schmidt, le rebaptise Louis Schmidt. Arrivé à la Rivière-Rouge en 1854, Louis Laferté commence l'école à l'âge de dix ans chez les Frères des Écoles Chrétiennes qui viennent d'arriver dans la colonie. Louis s'applique au travail et quatre mois plus tard, il peut écrire une lettre à des parents et des amis au Lac Rabasca. Il n'aurait fait qu'une seule erreur dans cette lettre: «Le mot 'cuir' est écrit avec un 'c' et non un 't'. Mais son père prononçait le mot 'tuir' comme était fait par les Métis du nord.»(1) Quatre ans plus tard, Louis Schmidt, Louis Riel et un troisième Métis de la Rivière-Rouge, Daniel McDougall se rendent dans l'Est pour poursuivre leurs études. La première étape du voyage s'effectue en charrette de la Rivière-Rouge. De cette première partie du voyage, Donatien Frémont allait écrire: «Le voyage fut accompli avec des boeufs, comme c'était la coutume, et chaque garçon conduit sa charrette sous la direction vigilante du chef de la caravane. Schmidt peut se souvenir avec nostalgie que le boeuf qu'on lui avait donné était nommé Lady.»(2) Au Québec, Louis Schmidt est envoyé au Collège de Saint-Hyacinthe où il demeure chez le frère de Mgr Taché, Antonin-Louis Taché. Il est un bon étudiant. À la fin de sa première année, il est troisième dans sa classe. Mais, il est souvent malade. L'humidité des hivers au Québec est très différente du temps sec de l'Ouest et il a souvent des maux de gorge. Les pères du collège s'inquiètent de sa santé; il pourrait avoir la tuberculose. Après sa troisième année, en 1861, avec la permission de Mgr Taché, il abandonne ses études et revient dans l'Ouest. Pendant huit ans, de 1861 à 1869, Louis Schmidt passe d'un emploi à un autre. Puisqu'il a une belle écriture, on lui demande de refaire le dictionnaire de langue crise préparé par le père Albert Lacombe, o.m.i. En 1862, suite à une insurrection des Sioux du Minnesota, Schmidt accompagne le père Alexis André, o.m.i. qui se rend dans le camp des Indiens pour essayer de négocier une paix. En 1864, il devient le chef d'une caravane de charrettes de la Rivière-Rouge qui se rend à Saint-Paul pour chercher des provisions pour la mission de Saint-Boniface. En 1865, il commence à enseigner au Collège de Saint-Boniface, mais il n'est pas bon enseignant et abandonne après un an. En 1867 et 1868, les sauterelles envahissent la Rivière-Rouge et détruisent les récoltes. La chasse aux bisons est aussi une chose du passé: «Tout le buffalo était de l'autre côté du Missouri ou refoulé vers l'Ouest dans le Montana sur les bords de la Rivière au Lait et au-delà.»(3) Pour aider à éviter la famine durant l'hiver de 1868-1869, les Métis sont obligés de pêcher sous la glace de la rivière Rouge. «Les poissons étaient en abondance au fort pendant l'été, mais la pêche sur glace en hiver était nouveau.»(4) Louis Schmidt tire alors profit de ses connaissances de la pêche en hiver, acquises avec son père au lac Rabasca. Louis Schmidt se rend aussi au Minnesota chercher de la farine pour les marchands de Saint-Boniface et du Fort Garry. En 1868, le Canada commence à négocier avec la Compagnie de la Baie d'Hudson pour acheter tout le territoire de la Terre de Rupert et décide de construire le chemin Dawson qui va relier la colonie de la Rivière-Rouge au Fort William sur le lac Supérieur. Les habitants de la colonie voient l'arrivée des arpenteurs comme une ingérence dans leurs affaires par un gouvernement étranger. Selon Schmidt, «le pays n'était pas canadien et c'était un acte de sans-gêne inouï pour un gouvernement d'aller entreprendre des travaux publics dans un pays étranger, sans l'assentiment des autorités du lieu, qui pour tous étaient le gouvernement d'Assiniboia. Le pays était vendu, dira-t-on, mais il fallait attendre au moins que le vrai propriétaire, la Reine, l'eut livré. Or, sa proclamation ne parut que le 15 juillet 1870.»(5) Louis Riel est alors de retour à la Rivière-Rouge et dans les mois qui suivent l'arrivée des arpenteurs, la situation se gâte à la Rivière-Rouge. En 1869, Louis Riel est choisi par les Métis français pour défendre leurs intérêts dans la vente de la Terre de Rupert au Canada. Les Métis empêchent les Canadiens d'arpenter le terrain d'un Métis, André Nault et ils s'opposent à l'entrée du gouverneur canadien, William McDougall, dans le territoire. «Ils voulaient auparavant avoir des garanties sûres que tous leurs droits seraient sauvegardés. Ce fut la base sur laquelle ils s'appuyaient pour se soulever et prendre toutes les mesures voulues afin de réussir dans leur entreprise. Ceci se passa au mois d'octobre 1869.»(6) Les Métis forment un Conseil provisoire avec John Bruce comme président et Louis Riel comme secrétaire. Riel reconnaît qu'il doit aussi impliquer les Métis d'origine anglaise et écossaise dans le mouvement et il envoie des lettres aux dirigeants des communautés anglaises leur demandant d'envoyer des représentants pour discuter de la situation. Une première rencontre a lieu le 16 novembre 1869, mais il est impossible d'en arriver à une entente. Riel convoque une deuxième convention pour le 19 janvier 1870. Plus de mille personnes assistent à cette réunion. À la suite de cette rencontre, un deuxième gouvernement provisoire est choisi et c'est ce gouvernement qui va négocier la création de la province du Manitoba le 3 mai 1870. Louis Schmidt est secrétaire du deuxième gouvernement provisoire de la Rivière-Rouge en 1870. Après l'adoption de l'Acte du Manitoba, le territoire de la nouvelle province est divisé en 24 circonscriptions électorales; il doit y avoir douze députés francophones et douze députés anglophones. Louis Schmidt est élu député de la circonscription de Saint-Boniface-Ouest aux premières élections provinciales. Si la population de langue française représente une faible majorité au Manitoba en 1870, tel n'est plus le cas en 1874. Aux élections de 1874, quatorze des députés viendront de circonscriptions anglaises et seulement dix seront élus par les francophones. L'ancienne circonscription de Saint-Boniface-Ouest est jumelée avec celle de Saint-Charles et Louis Schmidt perd son siège à l'Assemblée législative. En 1878, il est élu dans la circonscription de Saint-François-Xavier, mais le gouvernement est défait un an plus tard et Schmidt abandonne la politique. En 1872, Louis Schmidt a épousé Justine Laviolette, une jeune fille de 18 ans. Entre 1870 et 1880, il a milité dans des organisations nationales comme la Société Saint-Jean-Baptiste de Saint-Boniface, dont il est le premier secrétaire, et dans les affaires scolaires. Il a été trésorier de l'école catholique de Saint-Boniface et il a contribué régulièrement des articles au journal Le Métis fondé par un confrère, Joseph Royal, en 1871. En 1880, Louis Schmidt et sa famille quittent le Manitoba pour venir s'établir à Saint-Louis dans le district de la Saskatchewan. «C'est le 19 juin 1880, jour anniversaire de la bataille de la Grenouillère, que je laissais mon cher pays de la Rivière-Rouge pour m'enfoncer dans l'Ouest.»(7) Il s'installe à la traverse à Gariépy, à l'ouest de Saint-Louis, où il se livre à l'agriculture. En janvier 1884, il déménage à Prince Albert où il commence à travailler dans un bureau d'avocat, puis en 1885 il est nommé adjoint au Bureau des Terres du Dominion, à Prince Albert. Durant la rébellion de 1885, il demeure neutre. Il revient à sa ferme à Saint-Louis en 1897, puis il sera un des premiers à défendre les intérêts des Canadiens français de la Saskatchewan. En 1912, il est un des conférenciers invités au premier congrès de l'ACFC à Duck Lake. «Il n'avait rien perdu de sa fougue malgré les années et, peut-être dans l'émotion du moment, il proposa à l'assemblée le modèle des Irlandais qui, eux, avaient recours à l'agitation politique et aux armes pour protéger leurs droits. Ces propos eurent sans nul doute pour effet de surprendre Mgr Olivier-Elzéar Mathieu et les autres dignitaires présents, habitués à des discours plus mesurés.»(8) Il meurt le 6 novembre 1935 à l'âge de 91 ans. Louis Schmidt et Justice Laviolette ont eu cinq enfants: Pantaléon marié à Rose-Délima Boucher, Joseph, Louis marié à Cora Biglow, Louise décédée à vingt ans et Rose mariée à Willie Boyer. Pantaléon Schmidt épouse Rose-Délima Boucher le 18 juillet 1905 à Saint-Louis. Elle est la fille de Jean-Baptiste Boucher et Caroline L'Espérance, comme les Schmidt, une autre des premières familles pionnières de Saint-Louis. «En 1912, il est nommé agent indien à Duck Lake avec résidence sur la réserve Beardy's où il demeure jusqu'en 1936.»(9) Cette année-là, Pantaléon Schmidt est nommé inspecteur des agences indiennes pour la Saskatchewan et il déménage à Regina. Plus tard, il est transféré à Calgary où il continue d'être inspecteur des agences indiennes, cette fois pour l'Alberta et le Territoire du Nord-Ouest. Pantaléon Schmidt meurt le 4 janvier 1952. Il était père de sept fils et de quatre filles. (1) Frémont, Donatien The Secretaries of Riel, (Traduit en anglais par Solange Lavigne), Regina: Les Éditions Louis Riel, 1985, p. 5. (2) Ibid., p. 7. (3) Schmidt, Louis, «Les Mémoires de Louis Schmidt», Le Patriote de l'Ouest, Prince Albert, le 25 janvier 1912, p. 4. (4) Frémont, Donatien, Op. cit., p. 14. (5) Schmidt, Louis, Op. cit. Le Patriote de l'Ouest, 1er février 1912, p. 4. (6) Schmidt, Louis, «Les Mémoires de Louis Schmidt», Le Patriote de l'Ouest, 1er février 1912, p. 4. (7) Lapointe, Richard, 100 Noms, Régina: La Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 365. (8) Ibid., p. 361. (9) Duck Lake Historical Committee, Their Dreams... Our Memories, A History of Duck Lake and District, Volume Two, Duck Lake: Duck Lake Historical Committee, 1988, p. 665. (Traduction) Sources Duck Lake Historical Committee, Their Dreams... Our Memories, A History of Duck Lake and District, Volume Two, Duck Lake: Duck Lake Historical Committee, 1988. Frémont, Donatien The Secretaries of Riel, (Traduit en anglais par Solange Lavigne), Regina: Les Éditions Louis Riel, 1985. Lapointe, Richard, 100 Noms, Régina: La Société historique de la Saskatchewan, 1988. Schmidt, Louis, «Les Mémoires de Louis Schmidt», Le Patriote de l'Ouest, Prince Albert, 25 janvier 1912 et 1er février 1912. |
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