Contact
Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 3 numéro 1

La Convention du 28 février à Duck Lake

Vol. 3 - no 1, novembre 1992
Maurice Quennelle
Maurice Quennelle, un marchand de Wauchope est membre du comité permanent de l'ACF.
Photo: Archives de la Saskatchewan

février 1912
Duck Lake: Ce sont les 27, 28 et 29 février 1912 qu’avait lieu à Duck Lake un rassemblement des colons de langue française de la Saskatchewan. Depuis plusieurs mois, le père Achille-Félix Auclair, directeur du Patriote de l’Ouest, exhortait ses compatriotes de langue française à suivre l’exemple des Français du Manitoba et de fonder des cercles locaux de la Société du Parler Français en préparation pour la grande convention de la langue française qui doit avoir lieu cet été à Québec.

Selon Raymond Denis de Saint-Denis, “lorsque le Patriote de l’Ouest annonça la tenue d’un congrès à Duck Lake pour février 1912, ce fut, dans toutes nos paroisses, des cris de joie. Nous allions enfin pouvoir nous organiser et nous voyions dans cette union du journal et d’une association canadienne-française, tous deux encouragés par l’épiscopat, une promesse de salut pour les nôtres.”

Très peu de nos paroisses canadiennes-françaises n’étaient pas représentées à ce congrès; plus de 450 personnes s’étaient rendues à Duck Lake. L’évêque de Regina, Mgr Olivier-Elzéar Mathieu, le nouvel évêque du vicariat apostolique du Keewatin, Mgr Ovide Charlebois, o.m.i. et le procureur général de la province, l’honorable Turgeon étaient les invités d’honneur. Puisque le congrès avait lieu pendant le carême, le père Lacoste, administrateur du diocèse avait accordé une dispense de jeûne à tous ceux qui participerait au congrès.

Il a été question des écoles du Keewatin et de la colonisation lors du congrès. Un des porte-paroles, M. Louis Schmidt de St-Louis, a fait sursauter l’assistance avec ses paroles fougueuses. “Vous vous dites patriotes, a-t-il déclaré, et cependant on supprime le français dans vos écoles, on ne vous laisse que quelques minutes par jour, c’est tout juste et on vous y laisse dire vos prières, et qu’est-ce que vous faites pour empêcher tout ça? Rien. Rien que des discours une fois tous les deux ans. Eh bien, dans mon temps, ça ne se serait pas passé comme cela! Avec Louis Riel, nous nous sommes battus contre les Anglais pour des questions qui n’étaient pas aussi importantes et je regrette de ne pas avoir 20 ans de moins et de me trouver encore dans le même groupe dont je faisais partie en 1885. S’il le fallait, nous n’hésiterions pas à reprendre nos fusils pour maintenir dans nos écoles l’enseignement de notre langue.”

Ces paroles du Père Schmidt n’ont certainement pas plu à Mgr Mathieu qui aime se dire “British”.

Au terme de la convention de Duck Lake, les délégués ont décidé d'établir une Société du Parler Français en Saskatchewan et de se réunir à nouveau l’an prochain à Regina. Ils ont nommé un comité permanent composé de M. Maurice Quennelle, marchand de Wauchope, du R.P. Henri Delmas, o.m.i., curé de Delmas et l’abbé Charles Maillard, curé de Wolseley.

Enfin, 14 personnes ont été choisies pour représenter notre province au Congrès de la Société du Parler Français à Québec en juin.





 
(e0)