Revue historique: volume 2 numéro 1La chasse aux gophersanecdotes Vol. 2 - no 1, novembre 1991 Les garçons partaient à la chasse aux gophers. Il fallait à tout prix détruire ces petites bêtes rongeuses qui menaçaient de détruire les récoltes de blé. À une certaine période, la municipalité qui se trouvait à Vonda, la paroisse voisine, fournissait du poison pour ces petites bêtes. Pour encourager les enfants à détruire ces gophers, la municipalité payait un sou pour chaque queue de gopher et, plus tard, pour plus d'encouragement, ce sera deux sous. Mais la municipalité s'est aperçue que les enfants coupaient les queues des gophers et les laissaient aller pour retourner peupler dans leur petit souterrain. On a dû changer de tactique. Ce sera désormais les deux oreilles et le dessus de la tête qui seront acceptées. Alors, le samedi, quand le temps le permettait, Émile et Donat attelaient Souris, notre petite jument, à un vieux buggy que nous possédions. Ils partaient pour Vonda, chargés de queues et d'oreilles de gophers et revenaient le soir avec leur petite fortune. Ils nous rapportaient chacun un paquet de «gum» ou une barre de chocolat de notre choix au coût de cinq cents. Le reste de l'argent était mis de côté pour être employé utilement, soit pour des chaussures, des bas, etc. Je me rappelle que dans une saison, la récolte de gophers avait rapporté plus de 60,00 $. Un jour, je me plaignais à maman que les garçons étaient bien chanceux. Ils partaient le matin avec leurs pièges parcourir la prairie à la chasse des gophers tandis que moi, je restais à la maison pour m'occuper des petits et aider au ménage. Je revenais souvent à la charge. Alors maman, fatiguée de mes plaintes, me laisse libre un après-midi pour aller avec mes frères. Ils n'étaient pas trop contents de l'arrangement. En tout cas, très fière, je pars avec eux, mon piège à la main. Ayant aperçu un gopher qui court se cacher dans un trou, je me précipite avec mon piège à la main. Je m'aperçois que je ne peux pas même ouvrir mon piège, ayant une peur noire de me prendre les doigts. Je dois avoir recours à un de mes frères qui ouvre le piège et l'installe à l'entrée du trou. Dans deux minutes environ, le gopher se montre la tête, s'avance un peu et se prend dans le piège. Pauvre petite bête qui crie et se lamente. J'avais un bâton à la main pour l'exterminer mais jamais je ne pourrais. Un de mes frères vient encore à mon aide. Il l'assomme. Mais il faut lui couper la queue. Ah non, je ne peux pas faire cela. Il me faut encore de l'aide. J'attrape quatre ou cinq gophers mais je ne peux pas me résoudre à les assommer, ni à couper les queues de ces belles bêtes. Même par sympathie, j'en laisse échapper un. Ah, cela en était trop! Alors Émile, qui n'était pas la patience même, me dit en colère : -Qu'est-ce que tu viens faire dans le champ ? Tu aurais été mieux de rester à la maison. Je ne m'occupe plus de toi. Tu nous fait perdre notre temps. Je quitte le champ immédiatement. -Gardez-les vos gophers et vos queues de gophers! C'est la première et la dernière fois que je vais à la chasse avec vous deux. J'aime mieux aider maman à la maison. |
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