Contact
Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des histoires

La Bonne Presse

Duck Lake: Mardi 30 avril a eu lieu aux bureaux du 'Patriote' l'assemblée des directeurs de 'La Bonne Presse' Ltée. Étaient présents le T.R.P. H. Lacoste, V.G., président, MM. les abbés Th. Schmid et G. Bourdel, M. N.H. Touchette, gérant.
Le Patriote de l'Ouest
le 2 mai 1912
Le Patriote de l'Ouest est fondée en 1910, mais deux ans plus tôt, le père Ovide Charlebois, o.m.i. de l'école indienne Saint-Michel à Duck Lake et l'abbé Pierre-Elzéar Myre, curé de Bellevue, avaient lancé l'idée d'un journal de langue française dont le but serait «de défendre et maintenir l'usage de la langue française, de conserver la foi catholique chez nos gens, de développer une mentalité plus catholique en les intéressant aux grands intérêts de l'Église, dont la question des écoles est un des premiers.»(1) Le journal en question devrait être indépendant des partis politiques et prêt à lutter contre les Juifs et les Franc-maçons.

Les 29 et 30 juin 1909, alors que l'abbé Philippe-Antoine Bérubé, curé de Vonda, convoque chez-lui une réunion des représentants des cercles locaux de la Société St-Jean-Baptiste, dans l'espoir de fonder un rassemblement provincial, plusieurs prêtres se regroupent à Duck Lake pour étudier davantage la question de la fondation d'un journal.

Dans ces mémoires, Raymond Denis, qui sera plus tard président de l'ACFC, parle de ces deux rencontres. Au sujet du groupe de Duck Lake, il dit: «C'était un groupe qui ne s'entendait pas très bien avec M. l'abbé Bérubé dont le caractère était plutôt irascible et, au lieu de travailler ensemble, dans la même direction, les uns organisaient un congrès avec l'idée de former une association nationale, pendant que les autres tentaient de fonder un journal. Les deux mouvements étaient bons, et heureusement, les prêtres réunis à Duck Lake en ce mois de juin 1909 furent plus heureux dans leur tentative de nous doter d'un journal, que nous fûmes à Vonda dans notre tentative de mettre sur pied une organisation nationale.»(2) Il est important de souligner ici qu'en 1912, c'est Le Patriote de l'Ouest qui a été le plus instrumental dans le regroupement des forces francophones qui a mené à l'établissement d'une association nationale, l'ACFC.

L'abbé Bourdel, curé de Duck Lake, s'est joint à l'abbé Myre et au père Charlebois pour cette rencontre de juin 1909. À la fin de 1909 et au début de 1910, des articles en français sont publiés dans le journal anglais de Duck Lake, Le Chronicle, sous la direction du père Maur Mourey, alors curé de la paroisse Sainte-Anne de Carlton. Puisque Le Chronicle est au bord de la faillite, le père Mourey explore la possibilité de fonder une compagnie d'actionnaires et d'acheter l'équipement du Chronicle pour fonder un journal français.

Le curé de Bellevue, l'abbé Myre, ne tarde pas à s'enligner avec le père Mourey et le 31 janvier 1910, lors d'une réunion à l'évêché de Prince Albert, il est décidé de fonder La Société de la Bonne Presse Limitée. Il faut prélever 10 ooo $ pour assurer la viabilité de l'entreprise; Mgr Albert Pascal, évêque de Prince Albert souscrit 1 000 $, le père Ovide Charlebois 400 $ et W.H. Cross, propriétaire du Chronicle, 500 $. Puis le grand public est invité à acheter des actions dans la Société de la Bonne Presse Limitée. «C'est tout à l'honneur de la paroisse de St-Isidore de Bellevue, d'avoir été la première à répondre à l'appel en souscrivant 500 $. Jolie somme à l'époque.»(3)

La Société de la Bonne Presse Limitée est incorporée le 12 avril 1910 et quelques mois plus tard, le 10 août 1910, paraît le premier numéro du Patriote de l'Ouest. Le premier rédacteur du journal est le grand historien de l'Ouest canadien, le père Adrien-Gabriel Morice, o.m.i.

Le docteur Narcisse-Honoré Touchette, dont j'ai parlé dans une autre chronique, devient le premier secrétaire-gérant de La Société de la Bonne Presse Limitée.

En novembre 1910, un incendie détruit l'atelier du Patriote de l'Ouest à Duck Lake. Deux personnes perdent la vie, quatre autres sont blessées et plusieurs documents sont détruits, entre autres les mémoires de Louis Schmidt, ancien secrétaire de Riel à Fort Garry. Toutefois, le journal ne doit pas mourir. Six mois plus tard, le 1er juin 1911, le nouveau rédacteur en chef, le père Achille-Félix Auclair, publie à nouveau le Patriote.

La Société de la Bonne Presse Limitée continue à opérer le journal jusqu'à la grande dépression des années 1930. «Dès la fondation de la Bonne Presse Limitée... il est bien évident que la Bonne Presse ne sera jamais une entreprise rentable.»4 Lorsque la crise économique débute, la situation de la compagnie devient intenable. Le 2 février 1933, les actionnaires de La Société de la Bonne Presse Limitée décident de liquider la compagnie. Les Oblats de Marie-Immaculée acceptent alors la responsabilité du journal. Les Oblats fondent une nouvelle compagnie, Le Patriote Publishing Company qui s'occupe du Patriote de l'Ouest jusqu'à sa fusion avec la Liberté du Manitoba au début des années 1940.

(1) Dubé, Albert, Fais ce que tu peux avec ce que tu as...Petite histoire de la presse fransaskoise, Regina: La Coopérative des publications fransaskoises, 1990. p. 3.
(2) Denis, Raymond, Mes mémoires, Volume 1, Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan. p. 48.
(3) Dubé, Albert, Op. cit. p. 5.
(4) Ibid. p. 13.

Sources:

Denis, Raymond, Mes mémoires, Volume 1, Copie du manuscrit aux Archives de la Saskatchewan.

Dubé, Albert, Fais ce que tu peux avec ce que tu as...Petite histoire de la presse fransaskoise, Regina: La Coopérative des publications fransaskoises, 1990.





 
(e0)