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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 10 numéro 3

L'homme qui construisit les premières fusées air-air du Canada

Un Fransaskois disparu
Vol. 10 - no 3, février 2000
Léon J. L'Heureux, qui est mort à l'âge de 80 ans, était un savant connu et un administrateur associé au Ministère de la Défense. Il s'était joint en 1947 à l'Institut de recherches de la Défense, et en devint plus tard le président, jouant un rôle essentiel dans le développement de la première fusée canadienne air-air, connue sous le nom de «Gant de velours».

Léon Joseph L'Heureux est né le 2 mars 1919 à Gravelbourg en Saskatchewan, l'un des 14 enfants de Napoléon Joseph L'Heureux et de Marie Anne Morisette, qui avaient immigré comme pionniers dans l'Ouest canadien au début du siècle. Léon L'Heureux était très fier de ses origines françaises. Par sa mère, Il avait retracé un arbre généalogique remontant jusqu'à Louis Hébert, l'un des premiers pionniers canadiens arrivés en Amérique du Nord avec Samuel de Champlain.

La famille L'Heureux perdit tous ses biens lors de la crise des années 1930; et dut se battre pour survivre. Elle reconnut cependant que leur fils Léon était intelligent, et lui permit d'aller à l'école au lieu de travailler à la ferme familiale. Comme elle n'avait cependant pas d'argent, il dut se débrouiller pour payer ses études.

Il reçut tout d'abord une éducation classique, en français au Collège Mathieu à Gravelbourg, dont il sortit en 1940 avec le titre de Bachelier ès Arts. Il gagna sa vie durant ses années collégiales en devenant un joueur de baseball semi-professionnel dans la Ligue du Sud de la Saskatchewan. Longtemps plus tard, visitant son lieu d'origine durant sa lune de miel; il arriva à tout bout de champ que des personnes l'arrêtent dans la rue et lui disent «Comment va votre bras de fer?» Ce fait Impressionna fort sa jeune épouse qui avait pensé jusqu'alors qu'il s'était vanté de ses prouesses. Il travailla ensuite durant l'été comme géomètre pour le compte du gouvernement américain sur les chantiers de la route Alaska. Plus tard, il compléta un diplôme de Bachelier ès sciences à l'Université de la Saskatchewan sous le programme des Écoles d'officiers. De là, il s'en alla à l'université John Hopkins à Baltimore, où il obtint un doctorat en ingénierie électrique. C'est là qu'il se spécialisa dans les fusées, ce qui lui valut d'être engagé ensuite immédiatement par la Commission canadienne de la Défense, où il coordonna la recherche scientifique de projets conjoints avec les alliés du Canada. Son centre de recherches devint bientôt l'une des institutions scientifiques les plus prestigieuses du Canada, la plupart de la recherche ayant des débouchés dans le secteur privé.

Léon L'Heureux fut posté à Valcartier, au Québec, où il devint l'ingénieur en chef du projet de fusée air-air «Gant de velours», le premier essai de missiles jamais construits au Canada. «Gant de velours» était une petite fusée tactique de dix pieds de long et moins d'un pied de diamètre. Elle était cruciforme et utilisait un radar semi-actif de guidage. Sa charge d'explosifs était de soixante à soixante-cinq livres. Les réacteurs de la fusée furent utilisés commercialement plus tard par l'avionnerie Bristol Aircraft. M. L'Heureux poursuivit sa carrière en étant de 1969 à 1977 président du Conseil de recherches de la Défense, conseiller scientifique de l'État-Major général des armées canadiennes et membre du Conseil scientifique du Canada, Il se montra actif dans l'Association des scientifiques francophones et dans l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences.

Il avait épousé Yvette Marie Mackenzie en 1946, dont il eut sept fils et une fille.

Chronique nécrologique du National Post du 21 décembre 1999
Traduction: Bernard Wilhelm





 
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