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Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 9 numéro 4

L'histoire du docteur Joseph Gervais

Un crime à pendre
par Laurier Gareau
Vol. 9 - no 4, avril 1999
Reproduit du Daily
Tiré de Western People, le 20 juillet 1995
Reproduit du Daily Start de Saskatoon du 16 mai 1919.

La plupart des médecins canadiens-français qui sont venus dans l'Ouest au début du siècle ont apporté une grande contribution au développement de la province et de la communauté de langue française. Hélas, comme dans toute autre chose, il y a eu des exceptions. Le plus flagrant exemple est sûrement la triste histoire du docteur Joseph Gervais.

Joseph Gervais avait environ 35 ans lorsque le crime eut lieu en 1918. Selon ses propos, il avait étudié la médecine à l'Université Laval, probablement au campus de Montréal. En août 1917, ii a quitté Montréal avec deux jeunes compagnons, Jean-Baptiste St-Germain, 16 ans, et Victor Carmel, 19 ans. Les deuxjeunes hommes tentaient d'éviter d'être conscrits dans l'armée canadienne. Le docteur a acheté du terrain à Steep Creek, à la fourche des rivières Saskatchewan Nord et Sud environ 40 kilomètres à l'est de Prince Albert. Il s'est bâti une maison en rondins tandis que les deux jeunes hommes ont creusé un trou sur le bord de la rivière pour pouvoir plus facilement se cacher. Les trois hommes ne se sont pas fait d'amis dans la région.

L'incident s'est déroulé le 15 novembre 1918. Un huissier pour le shérif de Prince Albert, James McKay, s'est rendu à la ferme de Gervais pour recueillir 150 $ que ce dernier devait pour l'achat de deux chevaux. McKay a été abattu par Carmel et St-Germain. Plus tard, à leur procès, les deux hommes ont maintenu que Gervais les avait dans une transe hypnotique, qu'il leur avait dit de tuer McKay même s'il n'était pas présent au moment du meurtre.

À son retour, Gervais a aidé Carmel et St-Germain à disposer du corps de McKay. Il y avait toutefois un témoin, un voisin, le jeune Jos Desormeaux. Gervais l'a menacé de mort s'il révélait ce qu'il venait de voir.

Quatre jours plus tard, Desormeaux a révélé l'histoire au Sergent Stanley Kistruck de la Police provinciale de la Saskatchewan. Kistruck et une petite armée d'hommes sont allés à la ferme de Gervais. Ils ont trouvé le docteur dans sa maison et l'ont arrêté. Puis, on a découvert et encerclé le trou de Carmel et St-Germain. Dans les prochaines minutes, le caporal Charles Horsley a été tué par une balle tirée du trou des deux Canadiens français.

Les deux suspects se sont évadés. Ils ont été faits prisonnier le 24 novembre.

Éventuellement, les trois hommes sont incarcérés et traduits en justice. Dans l'enquête qui s'est ensuivie, il a été révélé qu'un des trois avait tué un autre voisin, Adolphe Lajoie, et avait incendié son corps dans sa maison. Cet incident s'était produit quelques mois plus tôt. Gervais essayait alors d'acheter le terrain de Lajoie.

En prison, le docteur Gervais a essayé sans succès de se suicider. Au procès, Carmel et StGermain ont tenté de placer tout le blâme sur lui, en insistant que Gervais les avait dans une transe hypnotique. Le jury ne les a pas crus. En mai 1912, les trois ont été trouvés coupables de meurtre et condamnés à mort.

A cause des meurtres des policiers et le fait que Carmel et St-Germain avaient refusé de se battre pour leur pays, le public ne voulait rien savoir de clémence. Ils sont donc montés à l'échafaud à 7h01 le 17 octobre 1919





 
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