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Société historique de la Saskatchewan

L'abbé Gravel: 10 000 colons!

Dix mille colons de langue française

Presque tous Canadiens-Français, venus dans la Saskatchewan sud, futur diocèse de Régina, depuis trois ans.

Nous publions avec plaisir une lettre que M. l'abbé L.P. Gravel, ancien curé du diocèse de New York, vient d'adresser à S.G. Mgr l'Archevêque en lui rendant compte de son oeuvre colonisatrice dans le sud de la Saskatchewan. Ce bon abbé a fait une oeuvre admirable au point de vue catholique et français en s'occupant depuis trois ans de colonisation dans le district de Moose Jaw avec l'aide de plusieurs prêtres de langue française venus de France ou de la Province de Québec. Cette lettre, si intéressante et si significative, est suivie d'un rapport officiel écrit en anglais et adressé à Monsieur W.D. Scott, surintendant de l'immigration à Ottawa. À ce rapport est annexée une liste de noms couvrant cinquante-deux pages. Cette liste, livre d'or des colons de langue française venus depuis trois ans dans la région en question, est un document aussi important qu'original et sérieux, comme nos lecteurs pourront en juger par la publication de la première page. Le tout est accompagné d'une carte géographique indiquant les endroits où se trouvent les bureaux de poste des colonies naissantes.

Nous sommes heureux d'adresser nos remerciements et nos félicitations à M. l'abbé Gravel et à ceux qui l'ont secondé, en particulier à l'honorable Frank Oliver, ministre du Département de l'Intérieur. Si tous les abbés missionnaires colonisateurs et agents du Gouvernement n'avaient fait que de la colonisation, sans se préoccuper de justifier les actes de certains politiciens, il y aurait beaucoup plus de colonies françaises dans la Saskatchewan sud, dans le seul district de Moose Jaw (partie du futur diocèse de Régina), et plusieurs écoles séparées y sont déjà été établies. On demande présentement des maîtres ou maîtresses capables d'y enseigner le français. Il y a tout lieu d'espérer que les colons français de ces centres bien organisés conserveront leur foi et leur langue, surtout depuis qu'il est officiellement admis à Régina que la langue française n'est pas une langue étrangère et que son enseignement n'est pas sujet aux règlements du Département de l'Instruction Publique concernant l'enseignement des langues étrangères. Nous appuyons cette importante déclaration sur un document officiel.

Lettre de M. l'abbé Gravel à S.G. Mgr l'Archevêque.

Monseigneur,

Vous trouverez ci-annexée copie de mon rapport pour l'année fiscale se terminant le 31 mars 1910, que j'envoie au Département de l'Intérieur. Vous trouverez aussi les noms de 2 000 propriétaires ou détenteurs de 320 acres de terre, tous établis dans le district des terres de la Couronne connu sous le nom de 'District de Moose Jaw'.

Je ferai remarquer à Votre Grandeur que ce district exclut celui de Régina, celui de Weyburn, celui d'Estevan, et ne comprend que cette partie de la Saskatchewan sud, bornée au nord par le C.P.R., au sud par le Montana, à l'est par le rang 26 à l'ouest du 2ième Méridien, et bornée à l'ouest par le rang 30 à l'ouest du 4ième Méridien.

Je n'hésite pas à porter à 5 le nombre des membres de chaque famille canadienne, car, bien qu'il y ait plusieurs jeunes gens qui ne sont pas mariés et qui cependant sont détenteurs ou propriétaires, il y a cependant des familles où l'on compte de 12 à 17 enfants. Et comme nous ne comprendrons pas non plus parmi ces détenteurs de homesteads ou propriétaires, les Canadiens qui habitent les villes et qui, à Moose Jaw par exemple, se chiffrent déjà à une cinquantaine de personnes au moins, je n'hésite pas, dis-je, à dire que le nombre de 5 personnes forme la moyenne de chaque famille. Dans le seul district de Moose-Jaw, nous serions donc 10 000 Canadiens-Français, ce qui, n'est-ce pas, semble une révélation, surtout lorsque nous considérons qu'un travail d'organisation sérieux parmi les nôtres dans cette partie de la province n'a été effectivement commencé qu'il y a trois ans.

J'ai toutes les raisons de croire qu'un recensement des Canadiens dans les districts de Régina, Qu'Appelle, dans les environs de Wolseley, Montmartre, Forget, et aussi dans la région de Weyburn, d'Estevan, de Bourassa, de Bienfait, devrait porter le nombre des Canadiens dans ces districts à au moins cinq mille (5000): somme toute, 15 000 Canadiens-Français dans le sud de la Saskatchewan, – chose qui ne peut pas être réfutée, car vous trouverez ci-annexés les noms des propriétaires ou détenteurs de 320 acres de terre, avec leur localisation exacte. Mettons 15 000 dans le nord, car le nord est établi depuis 25 à 30 ans et a toujours été considéré beaucoup plus populeux que le sud, même j'oserais dire que toute la population Canadienne-Française de la Saskatchewan était censée vivre dans le nord. Estimant cette population égale à celle du sud. Nous arrivons à un total d'au-delà 30 000 Canadiens-Français dans la Province de la Saskatchewan.

Le recensement de la Province, pris en mai 1909, donne trois cent et quelques mille de population dans la province; nous serions donc plus forts que les Canadiens-Français d'Ontario qui forment, comme nous, un dixième de la population, parce que, exerçant à peu près tous le même métier, celui d'agriculteur, nous combattons sur le même terrain avec les autres races, et, étant au commencement de l'établissement de la province en gouvernement autonome, les carrières sont ouvertes pour tout le monde indistinctement.

Je vous prie, Monseigneur, de lire mon rapport et vous pourrez vous convaincre vous-même du travail qui s'est fait dans votre diocèse que vous administrez, je me plais à le signaler, avec tout le zèle, joint au patriotisme, d'un Archevêque qui a à coeur avant tout l'extension du Royaume de Dieu et aussi la grandeur de la patrie canadienne.

Veuillez agréer, Monseigneur, l'hommage de mon entier dévouement en Notre-Seigneur.

L.P. GRAVEL
Missionnaire colonisateur

Première page de la liste des colons français.
Partie Numéro Township Rang Méridien Noms
N.O. S.O. 34 4 24 2 Sylvestre Lafleur
N.O. 6 5 24 2 W.W. André
N.O. 10 6 24 2 H.A. Bompac
N.E. 26 12 24 2 F. Sicard
S.E. 22 14 24 2 B.T. Jacques
N.E. 22 14 24 2 C.A. Jacques
N.O. 22 14 24 2 B. Jacques
N.E. 22 18 24 2 J.A. Fleury
S.O. 10 5 25 2 Joseph Vincent
S.O. 2 6 25 2 Antoine Ouellette
S.1/2 N.O. 2 6 25 2 I. Daners
S.O. 5 1 25 2 Victor H. Gillies
N.O. 10 6 25 2 John LeFebre
N.E. 18 7 25 2 J. Grovyfoyet
N.O. 19 7 25 2 Charles M. Cangnan
N.E. 6 14 25 2 T. Gagnon
S.E. 14 15 25 2 N. Tremblay
S.E. 30 17 25 2 J.A. Bondrias
N.E. 36 17 25 2 T. Lalonde
N.O. 12 18 25 2 D.C. Nicolle
N.O. 34 18 25 2 Y. Sylvain
N.O. 36 18 25 2 V. Delorme
N.E. 5 1 26 2 Louis Blais
S.E. 4 4 26 2 Julien Gadaire
S.E. 18 4 26 2 Alexandre Rivard
N.O. 18 4 26 2 Joseph Gagné
N.E. 23 4 26 2 M. Breault
S.E. 33 4 26 2 Alfred Gill
S.O. 12 5 26 2 J.E. Paradis
N.E. 12 5 26 2 J.O.A. Bonneau
N.E. 14 5 26 2 Emilien Bourke
S.E. 19 7 26 2 Alexis Breault

MEYRONNE, SASK.

DIOCÈSE DE SAINT-BONIFACE.

Cette jeune colonie, située à l'entrée d'une riante et magnifique vallée, à proximité de l'eau, du bois et du charbon, se développe rapidement. La construction d'une ligne du C.P.R. qui doit la traverser est déjà en voie d'exécution. Il reste encore de très bonnes terres à prendre au sud. Mais il faut se presser. Pour plus amples renseignements s'adresser soit à M. l'abbé Gravel, à Moose-Jaw, soit à M. l'abbé J. Bois, missionnaire à Meyronne, Sask.

(Les Cloches de Saint-Boniface, vol. 9, #8, 15 avril 1910, p.100-103)





 
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