Des gensJulien Moulin, o.m.i.Batoche Le R.P. Moulin, O.M.I. est très reconnaissant à la population métisse de la paroisse pour la magnifique contribution de $150 qu'elle a fournie pour clôturer le cimetière. Tous ces braves gens ont voulu de plus apporter gratuitement le concours de leur travail avec beaucoup d'empressement et de générosité. Le Patriote de l'Ouest le 17 juillet 1913 Le père Julien Moulin, o.m.i., a certainement été une des figures légendaires de l'Ouest canadien. Durant la bataille de Batoche, en mai 1885, il est blessé à la jambe. Il est curé de la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue à Batoche pendant 32 ans, de 1882 à 1914. mais avant son arrivée à Batoche en 1882, le missionnaire oblat n'avait guère eu la vie facile. Fils de Julien Moulin, un laboureur, et de Julienne Bouiset, il est né à Gouesnière (Île-et-Vilaine) France le 27 juillet 1830. Il fait des études à Saint-Malo et à Rennes avant d'entrer au noviciat de Notre-Dame de l'Osier en 1854. Ensuite il se rend au scolasticat de Marseilles où il est ordonné prêtre le 28 juin 1957 par le fondateur des Oblats de Marie Immaculée, Mgr Charles-Joseph-Eugène de Mazenod. Avant de venir dans l'Ouest canadien, Julien Moulin passe un an en Angleterre. Puis, c'est un séjour d'un an à Saint-Boniface avant d'entreprendre une longue carrière de missionnaire dans le nord de la Saskatchewan. Entre 1859 et 1870, il est affecté à la mission d'Île-à-la-Crosse mais cela ne l'empêche pas d'aller fonder des missions ici et là dans le district de la Saskatchewan. «Il fut le premier prêtre à visiter le Fort Carlton (1860-1861); entre temps il se dévoua à Lac-Caribou (1865-1867). Il fonda ensuite la mission de Saint-Laurent de Grandin, Saskatchewan (1870-1871), retourna à Lac-Caribou (1871-1873), à Carlton (1873-1874), à l'Île-à-la-Crosse (1874-1875), visita Portage-la-Loche, Saskatchewan, résida à Green Lake, Saskatchewan (1875-1878) qu'il avait déjà visité en 1868 et fit du ministère à Fish Creek.»(1) Il est également le fondateur de la mission Notre-Dame-de-Pontmain au Lac Maskeg en 1878. Même si on lui attribue la première visite au Fort Carlton et la fondation de la mission de Saint-Laurent-de-Grandin, d'autres missionnaires sont honorés pour ces réalisations. «Dès 1861, le P. Valentin Vègreville établit une mission, qu'il dédie à Saint-Paul, dans le voisinage du fort Carlton. Cette mission, principalement destinée aux Cris qui habitent le district, dessert aussi les employés métis du fort et les 'familles libres' entre autres les McGillis et les Pagé.»(2) En ce qui concerne Saint-Laurent de Grandin, c'est le père Alexis André, o.m.i., qui reçoit généralement le crédit d'en avoir été le fondateur. «Le père Alexis André, qui avait été envoyé par Mgr Grandin pour établir une mission dans la région, dédie cette nouvelle colonie à St.-Laurent en honneur de son frère Laurent André en France.»(3) Le père Moulin n'accepte pas toujours facilement être bousculé par ses supérieurs. On l'accuse d'être mesquin, une accusation qu'il n'avale pas facilement puisqu'il doit tellement se priver au cours des années. Dans une lettre datée du 30 avril 1884, à un confrère de l'Est, le père Soullier, Julien Moulin se plaint de son traitement depuis son arrivée dans le Nord-Ouest qui date de plus de 25 ans. «Lorsque Mgr Faraud fut envoyé comme supérieur à l'Île-à-la-Crosse, tout le sucre, la farine et la graisse fut réservé pour son usage, ainsi que le chocolat de France. Nous fûmes obligés de survivre sur des poissons bouillis et des petites galettes faites presque entièrement de poisson...»(4) Il limite ainsi les approvisionnements des religieuses à l'Île-à-la-Crosse. «C'était mesquin de ma part et des plaintes furent faites à Montréal, loin là-bas, que j'avais refusé une galette à une pauvre religieuse malade.»(5) Il est particulièrement sévère envers son supérieur dans le Nord-Ouest, le père Alexis André, o.m.i. «Après 2 ans au Lac-Caribou, je fus appelé à Saint-Albert. Je suis demeuré là un mois; j'ai ensuite rebrousser chemin à la Prairie Ronde, trois jours de marche de Batoche. 73 familles hivernaient là. Comme ils étaient riches en fourrures mais avaient peu d'argent, ils me donnaient des fourrures lorsqu'ils payaient pour des messes spéciales. Le Père André, qui passait l'hiver à St.-Laurent, est venu visiter et a demandé mes fourrures, disant qu'il les avait promis à M. Clarke. J'ai refusé de lui donner puisque je ne reconnaissais pas le titre de supérieur qu'il s'était donné.»(6) Il ajoute que le père André exige les fourrures parce que la Prairie Ronde, aujourd'hui Dundurn, fait partie de sa mission de Saint-Laurent, mais que l'automne précédent le père André avait refusé de partager avec lui un baril de beurre envoyé de Saint-Albert. Lorsqu'il est nommé curé de Batoche en 1882, le père Julien Moulin, o.m.i., trouve enfin le peu de confort qu'il s'est nié depuis son arrivée dans le Nord-Ouest en 1859. Les Métis l'ont surnommé le Père Caribou. « Il portait, dans le district de Batoche, le nom de 'Père Caribou' à la suite d'une erreur du chef de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui confondait 'cher', 'dear' avec le mot 'deer'.»(7) Toutefois, le nom lui a probablement été donné parce qu'il a passé de nombreuses années au lac Caribou. La paroisse de Saint-Antoine-de-Padoue, Batoche, est fondée par le père Valentin Vègreville en 1881 mais elle n'est rien d'autre qu'une mission ambulante jusqu'à l'arrivée du père Moulin en 1882. « En août 1882, le P. Moulin prend en main la construction de la nouvelle église paroissiale de Batoche. L'été suivant il est encore sans maison et sans église malgré qu'il entrevoit avoir la plus grande paroisse sur la branche sud de la Saskatchewan.»(8) Sans maison et sans église, le missionnaire passe son premier hiver dans une pauvre cabane abandonnée. En 1883, le charpentier Ludger Gareau est embauché pour commencer la construction d'un presbytère sur le terrain des Oblats, un demi-mille au sud-est du village. Jusqu'à la construction de l'église, le rez-de-chaussée sert de chapelle et le missionnaire vit au deuxième étage. L'année suivante, les travaux commencent sur l'église; Ludger Gareau est toujours le contracteur. L'église et le presbytère de Batoche, construits en 1883 et 1884 par le père Moulin, sont les seuls bâtiments de Batoche qui ont survécu jusqu'à nos jours. Même s'il connaît un certain confort à Batoche, le missionnaire ne vit pas riche, surtout après les troubles de 1885. « Le P. Moulin doit se réconcilier avec le manque d'enthousiasme de ses paroissiens plutôt méfiants, surtout après 1885. Il vivait généralement seul, sans chevaux, ni voiture, parcourant à pied sa paroisse étendue jusqu'à trente kilomètres. 'Leur (Métis) demander de l'argent, c'est leur arracher le coeur... en faisant le tour de ma paroisse j'ai ramassé six piastres; c'est vous dire combien je puis compter sur mes chrétiens.'»(9) La générosité des Métis pour la construction d'une clôture autour du cimetière en 1913 doit alors avoir surpris le vieux curé. Si les autres le considèrent mesquin ou avare, le père Moulin ne se gêne pas pour verser ses propres sous dans l'entretien de sa paroisse. En 1884, il ouvre une première école à Batoche et devient lui-même instituteur. La même année, il devient maître de poste à Batoche, le bureau de poste étant situé au deuxième étage du nouveau presbytère. Les salaires qu'il reçoit sont versés à la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue. Il n'est alors pas surprenant que le missionnaire devienne un farouche opposant de Louis Riel durant les troubles de 1885. Lorsque Batoche devient l'arène du dernier combat sanglant entre les Métis et l'armée canadienne, son église et son presbytère se trouvent alors au centre du champ de bataille. Lorsque Riel propose de prendre possession de l'église, le père Moulin s'y oppose. « Georges Ness affirme : 'Riel dit : Je vais prendre possession de l'église. Le prêtre lui défendit de le faire.' Garnot écrit : Prise de possession de l'église malgré les protestations du P. Moulin. »(10) Il est possible que Riel ait gardé des prisonniers dans l'église avant la bataille de Batoche. Durant la bataille, c'est le général Middleton qui utilise l'église comme infirmerie. Le presbytère est devenu le refuge de plusieurs missionnaires et des religieuses de Saint-Laurent. Le troisième jour de la bataille, le 11 mai 1885, le père Moulin est blessé à une jambe. « Après le déjeuner, rapporte le Journal des Soeurs, le bon Père Moulin monta un instant au grenier. En redescendant, il nous dit en riant : 'J'ai reçu une balle.' Croyant à une plaisanterie de sa part, nous n'y fîmes pas attention; mais un instant après le P. Touze monta chercher de la charpie, du linge et de l'arnica et il nous apprit que le P. Moulin avait reçu une balle dans la cuisse. »(11) Il se remet de cette blessure et après la résistance, il travaille pour améliorer le sort de ses Métis de Batoche. En 1897, il commence à partager son presbytère avec Mlle Onésime Dorval qui arrive à Batoche comme nouvelle enseignante. Pendant de nombreuses années, le presbytère sert aussi comme pensionnaire pour des jeunes de la région. Les deux restent à Batoche jusqu'en 1914. Le père Moulin se retire alors à Edmonton et ensuite à Saint-Albert où il meurt le 25 février 1920 à l'âge de 90 ans. Lorsqu'il est nommé curé de Batoche en 1882, le père Julien Moulin, o.m.i., trouve enfin le peu de confort qu'il s'est nié depuis son arrivée dans le Nord-Ouest en 1859. Les Métis l'ont surnommé le Père Caribou. « Il portait, dans le district de Batoche, le nom de 'Père Caribou' à la suite d'une erreur du chef de la Compagnie de la Baie d'Hudson qui confondait 'cher', 'dear' avec le mot 'deer'.»(12) Toutefois, le nom lui a probablement été donné parce qu'il a passé de nombreuses années au lac Caribou. La paroisse de Saint-Antoine-de-Padoue, Batoche, est fondée par le père Valentin Vègreville en 1881 mais elle n'est rien d'autre qu'une mission ambulante jusqu'à l'arrivée du père Moulin en 1882. « En août 1882, le P. Moulin prend en main la construction de la nouvelle église paroissiale de Batoche. L'été suivant il est encore sans maison et sans église malgré qu'il entrevoit avoir la plus grande paroisse sur la branche sud de la Saskatchewan.»(13) Sans maison et sans église, le missionnaire passe son premier hiver dans une pauvre cabane abandonnée. En 1883, le charpentier Ludger Gareau est embauché pour commencer la construction d'un presbytère sur le terrain des Oblats, un demi-mille au sud-est du village. Jusqu'à la construction de l'église, le rez-de-chaussée sert de chapelle et le missionnaire vit au deuxième étage. L'année suivante, les travaux commencent sur l'église; Ludger Gareau est toujours le contracteur. L'église et le presbytère de Batoche, construits en 1883 et 1884 par le père Moulin, sont les seuls bâtiments de Batoche qui ont survécu jusqu'à nos jours. Même s'il connaît un certain confort à Batoche, le missionnaire ne vit pas riche, surtout après les troubles de 1885. « Le P. Moulin doit se réconcilier avec le manque d'enthousiasme de ses paroissiens plutôt méfiants, surtout après 1885. Il vivait généralement seul, sans chevaux, ni voiture, parcourant à pied sa paroisse étendue jusqu'à trente kilomètres. 'Leur (Métis) demander de l'argent, c'est leur arracher le coeur... en faisant le tour de ma paroisse j'ai ramassé six piastres; c'est vous dire combien je puis compter sur mes chrétiens.'»(14) La générosité des Métis pour la construction d'une clôture autour du cimetière en 1913 doit alors avoir surpris le vieux curé. Si les autres le considèrent mesquin ou avare, le père Moulin ne se gêne pas pour verser ses propres sous dans l'entretien de sa paroisse. En 1884, il ouvre une première école à Batoche et devient lui-même instituteur. La même année, il devient maître de poste à Batoche, le bureau de poste étant situé au deuxième étage du nouveau presbytère. Les salaires qu'il reçoit sont versés à la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue. Il n'est alors pas surprenant que le missionnaire devienne un farouche opposant de Louis Riel durant les troubles de 1885. Lorsque Batoche devient l'arène du dernier combat sanglant entre les Métis et l'armée canadienne, son église et son presbytère se trouvent alors au centre du champ de bataille. Lorsque Riel propose de prendre possession de l'église, le père Moulin s'y oppose. « Georges Ness affirme : 'Riel dit : Je vais prendre possession de l'église. Le prêtre lui défendit de le faire.' Garnot écrit : Prise de possession de l'église malgré les protestations du P. Moulin. »(15) Il est possible que Riel ait gardé des prisonniers dans l'église avant la bataille de Batoche. Durant la bataille, c'est le général Middleton qui utilise l'église comme infirmerie. Le presbytère est devenu le refuge de plusieurs missionnaires et des religieuses de Saint-Laurent. Le troisième jour de la bataille, le 11 mai 1885, le père Moulin est blessé à une jambe. « Après le déjeuner, rapporte le Journal des Soeurs, le bon Père Moulin monta un instant au grenier. En redescendant, il nous dit en riant : 'J'ai reçu une balle.' Croyant à une plaisanterie de sa part, nous n'y fîmes pas attention; mais un instant après le P. Touze monta chercher de la charpie, du linge et de l'arnica et il nous apprit que le P. Moulin avait reçu une balle dans la cuisse. »(16) Il se remet de cette blessure et après la résistance, il travaille pour améliorer le sort de ses Métis de Batoche. En 1897, il commence à partager son presbytère avec Mlle Onésime Dorval qui arrive à Batoche comme nouvelle enseignante. Pendant de nombreuses années, le presbytère sert aussi comme pensionnaire pour des jeunes de la région. Les deux restent à Batoche jusqu'en 1914. Le père Moulin se retire alors à Edmonton et ensuite à Saint-Albert où il meurt le 25 février 1920 à l'âge de 90 ans. Références (1) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979, p. 409. (2) Payment, Diane Paulette, «Les gens libres - Otipemisiwak», Batoche, Saskatchewan 1870-1930, Ottawa: Environnement Canada, 1990, p. 113. (3) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 40. (Traduction) (4) Copie d'une traduction anglaise de la lettre du 30 avril 1884 de Julien Moulin au père Soullier. (Traduction) (5) Ibid. (6) Ibid. (7) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa : Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979, p. 410. (8) Payment, Diane, Batoche (1870-1910), Saint-Boniface : Les Éditions du blé, 1983, p. 48. (9) Ibid., p. 48. (10) Le Chevallier, Jules, o.m.i., Aux Prises avec la Tourmente, Extrait de la Revue de l'Université d'Ottawa, octobre-décembre 1939, p. 32. (11) Ibid., p. 65. 1 Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa : Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979, p. 410. 2 Payment, Diane, Batoche (1870-1910), Saint-Boniface : Les Éditions du blé, 1983, p. 48. 3 Ibid., p. 48. 4 Le Chevallier, Jules, o.m.i., Aux Prises avec la Tourmente, Extrait de la Revue de l'Université d'Ottawa, octobre-décembre 1939, p. 32. 5 Ibid., p. 65. Sources Copie d'une traduction anglaise de la lettre du 30 avril 1884 de Julien Moulin au père Soullier. (Traduction) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa : Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979. Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures - One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. Le Chevallier, Jules, o.m.i., Aux Prises avec la Tourmente, Extrait de la Revue de l'Université d'Ottawa, octobre-décembre 1939. Payment, Diane, Batoche (1870-1910), Saint-Boniface : Les Éditions du blé, 1983. Payment, Diane Paulette, «Les gens libres - Otipemisiwak», Batoche, Saskatchewan 1870-1930, Ottawa: Environnement Canada, 1990. |
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