Des gensJules Decorby, o.m.i.50 années de vie religieuse. Le R.P. Jules Decorby, O.M.I. Le 27 juin dernier, le vénérable Père Jules Decorby, O.M.I. de St-Laurent, Man. célébrait le cinquantenaire de sa profession religieuse. S.G. Mgr Langevin qui sait si bien discerner et apprécier les vertus cachées, le vrai mérite et l'obscur dévouement, fit l'éloge du vénérable missionnaire au sermon de la messe jubilaire. Le Patriote de l'Ouest le 7 août 1913 «Le Père Décorby, lisons-nous dans 'L'Histoire de l'Église Catholique dans l'Ouest', était plein de vie ; et comme il n'était pas un géant, il se trouvait bien à l'aise à cheval, et le coursier le moins ambitieux ne pouvait le trouver trop encombrant. Les vieux Métis qui l'ont connu l'appellent encore aujourd'hui le petit Père Décorby.»(1) Si Jules Décorby n'était pas physiquement un grand homme, il a tout de même laissé de grandes traces dans l'Ouest canadien. Il naît à Chandelas (Ardèche) France le 3 mai 1841. Il fait des études en philosophie à Viviers avant d'entrer au noviciat de Notre-Dame de l'Osier en 1861. Il se rend ensuite au scolasticat d'Autun où il est ordonné prêtre le 30 mai 1867 par Mgr Frédéric de Marguerye, évêque d'Autun. L'année de son ordination, il se rend dans l'Ouest canadien où il commence un demi siècle de travail de missionnaire. La première année est passée à Saint-Norbert, Manitoba, puis il se dirige vers le district d'Assiniboia. «On l'envoya à la mission Saint-Florent à Qu'Appelle (Lebret), Saskatchewan (1868-1880), d'où il suivit les chasseurs de bisons (1874-1875, 1875-1876 et 1877-1878); on le trouve également à Cypress Hill en 1876 et en 1877 et à Mapple Creek (1870-1878).»(2) Suivant ainsi les chasseurs de bisons, Jules Décorby est le deuxième missionnaire à visiter la Montagne de Bois où Jean-Louis Légaré fait la traite des fourrures avec un groupe important de Métis. Il succède ainsi au père Lestanc, o.m.i., comme missionnaire à la Montagne de Bois. «Arrivé à la Montagne de Bois en décembre, il y séjourna peu de temps et se hâta de rejoindre le camp principal de la Rivière au Lait, où les Métis étaient revenus.»(3) Si le père Décorby trouve un campement plutôt abandonné à son arrivée à la Montagne de Bois en 1874, il y reviendra souvent car cet endroit a été choisi comme campement d'hiver permanent par les Métis, comme l'explique lui-même le missionnaire oblat dans une lettre écrite en 1879 au père Albert Lacombe, o.m.i. «On appelle hivernement une place que nos Sauvages ou Métis choisissent pour passer l'hiver et se préparer aux expéditions de chasse. À cet effet, ils se construisent, au milieu de nos prairies, des maisons provisoires qu'ils abandonnent à la fonte des neiges, et où, en attendant, ils trouveront un sûr abri... Deux rendez-vous de chasse très renommés se trouvent enclavés dans les prairies faisant partie de la Mission de St-Florent de Lebret ; ce sont : La Montagne aux Cyprès et la Montagne de Bois. Avant de m'y être rendu, je m'imaginais deux masses gigantesques recouvertes de neige. Mais les noms sont trompeurs. Ces localités ne sont que deux rangées de collines boisées et ravinées par quantité de petits ruisseaux qui s'y sont creusé des petits lits profonds.»(4) Le père Décorby, comme d'autres missionnaires, tente de convaincre les Métis d'abandonner la vie de nomade et de s'établir définitivement sur des terres. «Cette vie des hivernements est loin d'être favorable au progrès moral et matériel de ces chrétiens qui, malgré leur attachement à la religion, en oublient souvent les préceptes. Bientôt ils seront forcés, malgré eux, de se fixer et de cultiver la terre, car la chasse au buffalo va disparaître, cet animal menaçant d'être anéanti par la destruction qui s'en fait continuellement.»(5) Il quitte toutefois la Montagne de Bois avant que les Métis suivent l'exemple de Jean-Louis Légaré et s'établissent définitivement à Willow Bunch en 1880. En 1880, le père Décorby quitte la mission de Lebret pour aller faire du travail de missionnaire dans la région du Fort Ellice. «Il commença, en 1878, à visiter la nouvelle mission du fort Ellice, et deux ans plus tard, il la fonda définitivement.»(6) Au Fort Ellice, il fonde la mission de Saint-Lazare puis dans la région environnante il fonde les missions de Lestock (Touchwood Hills), Lac-Croche (Marieval) et Saint-Philippe (Fort Pelly). Puisqu'il dessert une population parlant plusieurs langues, il devient polyglotte. «Le petit Père Décorby, disait-on, parle toutes les langues. On serait tenté de le croire, puisque, du fort Pelley où il se trouve en 1902, on le voit desservir Yorkton, où s'était établi un groupe considérable de Galiciens.»(7) Il est ensuite missionnaire à Sainte-Rose-du-Lac, Manitoba avant d'aller fonder la mission de Kamsack en 1895. «Il bâtit et dirigea l'école indienne et construisit une église à Roblin Lake (Côte) en 1897.»(8) Il passe deux ans à Saint-Laurent, Manitoba (1911-1913) et un an à Cartier, Ontario avant de prendre sa retraite au Juniorat de la Sainte-Famille à Saint-Boniface. Jules Décorby, o.m.i., est décédé le 16 octobre 1916 à Saint-Boniface. Il a été enterré dans le cimetière de Saint-Charles, Manitoba. On lui a élevé un monument à Fort Pelly. (1) Rondeau, abbé Clovis et Chabot, abbé Adrien, Histoire de Willow Bunch, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1970, p. 63. (2) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979. (3) Rondeau, abbé Clovis et Chabot, abbé Adrien, op. cit., p. 63. (4) Ibid., p. 64. (5) Ibid., p. 82. (6) Ibid., p. 82. (7) Ibid., p. 82. (8) Carrière, Gaston, Op. cit. Sources Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Volume II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976-1979. Rondeau, abbé Clovis et Chabot, abbé Adrien, Histoire de Willow Bunch, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1970. |
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