Des gensJoseph Hugonard, o.m.i.
Le Patriote de l'Ouest le 29 mai 1913 Il est un des premiers missionnaires à aller dire la messe à la Montagne de Bois et ensuite à Tas d'Os (Regina), mais il passe la majorité de sa vie de missionnaire comme principal de l'école indienne de Qu'Appelle. Joseph Hugonard est né à Colombe (Isère) France, le 1er juillet 1848. Il fait des études au petit séminaire de la Côte-Saint-André et au grand séminaire de Grenoble avant d'entrer au noviciat de Notre-Dame d'Osier en 1872. Il termine ses études au scolasticat d'Autun et est ordonné prêtre par Mgr Vital Grandin, o.m.i., évêque de Saint-Albert, le 28 février 1874. «Le père se rendit dans l'Ouest canadien et fut nommé à la mission de Qu'Appelle (Lebret), Saskatchewan (1874-1884), où il fut supérieur (1878-1884) et curé (1880-1884). Il s'employa également au ministère dans diverses réserves indiennes et hiverna avec les chasseurs de bison (1877-1884).»(1) Avant sa mort, le père Hugonard a raconté à John Hawkes, bibliothécaire à l'Assemblée législative, qu'il était arrivé dans l'Ouest avec une «caravane de missionnaires, tous de la France». «Mgr Pascal était avec eux. Ils arrivèrent en mai 1874, mais il fut très malade là (Saint-Boniface) et ne partit pas pour la vallée Qu'Appelle avant le 10 août.»(2) À la mission de la vallée Qu'Appelle, le père Hugonard allait succéder aux pères Decorby et Lestanc, o.m.i. La mission avait été établie en 1865 par Mgr Taché et l'abbé Richot, mais c'était le père Decorby qui était supérieur en 1874. Le père Hugonard venait à Qu'Appelle pour remplacer le père Lestanc, un oblat qui avait été impliqué dans les troubles au Manitoba en 1870. «Il a été suggéré que Lestanc tenta de sauver la vie de Scott... Après la rébellion, Lestanc devint 'impossible' à la Rivière-Rouge et fut envoyé à Qu'Appelle.»(3) En 1874, c'est dans le diocèse de Saint-Albert qu'on envoit le père Lestanc; là, il sera missionnaire à Battleford et à la mission de Thunderchild (Delmas). Avant de quitter le diocèse de Saint-Boniface le père Lestanc avait établi une mission à la Montagne de Bois où des traiteurs métis étaient établis depuis 1870. «Depuis quelques temps déjà, un certain nombre de familles avaient émigré aux environs de la Coulé-Chapelle.(4) Certains traiteurs (entr'autres, J.B. Dauphinais) s'étaient rendus jusqu'à la Montagne de Bois, dans la province actuelle de la Saskatchewan, non loin de la frontière américaine du Montana, afin d'être plus à la portée des chasseurs indiens.»(5) Un des traiteurs qui vient s'établir à la Montagne de Bois en 1870 est Jean-Louis Légaré. Le père Lestanc, missionnaire à Qu'Appelle, ne tarde pas en 1870 de venir les rejoindre et de passer l'hiver avec eux. «Il commença donc, à cette époque, à visiter les Métis de la Montagne de Bois, et à passer l'hiver chez eux. Dans ce premier hivernement il habita le lieu appelé la Coulée-Chapelle et reçut l'hospitalité d'un nommé Norbert Delorme.»(6) En 1871, les Métis déménagent le campement d'hiver, ou hivernement, à la Montagne de Bois. Le père Lestanc va donc établir une nouvelle mission à ce nouvel hivernement, où on y construit une chapelle. «Le premier jour on transporta le bois sur le terrain; le second on leva la charpente, les jours suivants furent consacrés au parachèvement de l'édifice: bousillage, toiture et cheminée. Pour ce qui est du plancher et des bancs, on préféra n'y pas songer.»(7) Après le départ du père Lestanc pour le diocèse de Saint-Boniface, c'est le père Decorby qui dessert la mission de la Montagne de Bois. Mais en 1878, la mission reçoit un nouveau missionnaire, soit le père Joseph Hugonard. Immédiatement après son arrivée, le missionnaire entreprend la construction d'une nouvelle chapelle. «Comme la première chapelle, édifiée en 1870, elle n'eut pas de vitres. Les fenêtres furent fermées avec des peaux de cabri dressées aussi fin que du parchemin, tandis que la porte l'était avec une peau de buffalo.»(8) Seulement deux ans plus tard, le père Hugonard aurait à recommencer son travail de construction lorsque les Métis et Canadiens français déménageraient définitivement à Willow Bunch. Cependant, il est remplacé comme missionnaire dans la région et c'est le père St-Germain, o.m.i., qui devra construire la première église de Willow Bunch à Bonneauville. Établi à la mission de Qu'Appelle, le père Joseph Hugonard, o.m.i., comme son prédécesseur, le père Lestanc, ne passe pas beaucoup de temps à Lebret; il préfère être dans la prairie, dans les réserves indiennes. S'il n'est pas le premier missionnaire à la Montagne de Bois, il a la distinction d'avoir chanté la première messe dans la nouvelle capitale des Territoires du Nord-Ouest, Regina. «À part ces soucis d'ordre matériel, il fallait bien prendre soin aussi des besoins spirituels de ces nombreux Métis et blancs de langue française qui travaillaient à l'édification de la cité. Pascal Bonneau s'en occupa, et c'est ainsi qu'il demanda au père Joseph Hugonard, o.m.i., de Qu'Appelle, en 1882, de venir célébrer la messe à Regina: et elle fut dite dans une tente.»(9) Il est même possible que le père Hugonard ait dit la messe sur le site de la future capitale avant 1882. «Il est toutefois à peu près certain que d'autres messes avaient été dites auparavant en ces lieux; la plaquette intitulée 'Outline History of the Archdiocese of Regina' publié en 1961 à l'occasion du jubilé d'or de l'archidiocèse indique, page 110, que le même père Hugonard avait célébré la messe 'on a little field altar of a prairie democrat' en avril 1880.»(10) C'est toutefois dans la vallée Qu'Appelle que le père Hugonard accomplit le mieux son rôle de missionnaire et d'éducateur. Les missionnaires oblats, en plus d'inculquer chez les sauvages la parole de Dieu, avaient comme mission de les éduquer. En 1883, Mgr Taché de Saint-Boniface, se rend dans l'Est et réussit à décrocher du gouvernement fédéral des fonds pour l'établissement de trois écoles industrielles ou résidentielles pour les Indiens. Ces écoles seraient établies à Calgary, Battleford et Qu'Appelle. L'évêque choisit la vallée de la rivière Qu'Appelle comme site de la première école. Mais les politiciens s'en mêlent. «Mais les passions électorales interviennent et soulèvent des difficultés inattendues. Le Lieutenant-Gouverneur des Territoires, Edgar Dewdney, recommande chaudement un candidat de son choix aux Pères de Qu'Appelle; ceux-ci, se refermant dans la prudente réserve qui est tradition chez les missionnaires catholiques, refusent de se mêler d'élections.»(11) Dewdney menace alors d'établir l'école indienne à Regina ou à Indian Head, et même s'il ne réussit pas à enlever à Qu'Appelle son école, il retarde son établissement. Enfin, la construction commence en juin 1884. Déjà, Mgr Taché a nommé le père Hugonard comme principal de l'école. «Lors de l'établissement de l'école indienne de Lebret en 1884, il en devient premier principal, charge qu'il conserva jusqu'à sa mort (1884-1917), cumulant aussi celle de supérieur de la mission (1908-1911). Son école fut considérée comme la meilleure au pays.»(12) John Hawkes, ancien bibliothécaire à l'Assemblée législative de la Saskatchewan, vient appuyer cette évaluation de l'école de Lebret. «Le service du père Hugonard aux Indiens est au dessus de toute louange. L'école industrielle de Lebret, dont il était principal, fut connue à travers l'Ouest et de tous les enseignants qui se sont dévoués à l'éducation des jeunes Indiens, nul ne fut aussi dévoué, ni plus couronné de succès que le Révérend Père.»(13) Hawkes ajoute que les poches des pantalons du père Hugonard étaient déchirées tellement il avait puisé dedans pour des fonds pour acheter du tabac pour les vieux Indiens ou des bonbons pour les jeunes. Pour lui venir en aide à l'école industrielle de Qu'Appelle, le père Hugonard demande aux Soeurs Grises de Montréal de s'occuper de l'enseignement. Elles arrivent à l'automne de 1884. Lorsque l'école ouvre ses portes, il n'y a que quinze élèves, mais le nombre atteindra 229 élèves en 1899. Le père Hugonard s'assure que les programmes d'enseignement à l'école de Lebret répondront vraiment aux besoins des jeunes Indiens. «Orienté vers le christianisme avec l'intention de préparer les enfants pour leur avenir, le programme d'étude comprenait les arts, le chant, la musique, l'anglais et des travaux manuels. Pour les filles, les travaux manuels comprenaient les services domestiques; pour les garçons, c'étaient les vaches, la ferme, le jardin, les poules, la charpenterie, la fabrication des chaussures, la ferblanterie et même la cuisine.»(14) Le 4 janvier 1904, alors que le père Hugonard est absent, l'école est détruite par le feu. Le missionnaire réussit à convaincre Ottawa de la nécessité de rebâtir et en 1905 on commence les travaux sur un nouveau bâtiment. Si le père Joseph Hugonard, o.m.i., est très malade en 1913, il se remet de cette maladie et reprend son travail d'évangélisation et d'éducation des jeunes Indiens de la région de Qu'Appelle. Il meurt à Lebret le 11 février 1917. Il est enterré dans le cimetière de Lebret. Notes (1) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome 1, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976. p. 162. (2) Hawkes, John, The Story of Saskatchewan and its People, Volume 1, Chicago: The S.J. Clarke Publishing Company, 1924. p.359 (Traduction) (3) Ibid. p. 359. (4) La Coulée-Chapelle se trouve située dans la paroisse de Saint-Victor à quelques milles de Willow Bunch. (5) Chabot, abbé Adrien et Rondeau, abbé Clovis, Histoire de Willow-Bunch, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1970. p. 29. (6) Ibid. p. 34. (7) Ibid. p. 51. (8) Ibid. p. 87. (9) Rottiers, René, «Histoire abrégée de la fransaskoisie», publié dans l'Eau Vive le 22 septembre 1982, p. 8. (10) Ibid., p. 8. (11) Ibid., le 30 mai 1984, p. 5. (12) Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome 1, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976, p. 162. (13) Hawkes, John, The Story of Saskatchewan and its People, Volume 1, Chicago: The S.J. Clarke Publishing Company, 1924, p. 364. (Traduction) (14) Archdiocese of Regina: A History, Regina: Diocese of Regina, 1988, p. 563. (Traduction) Sources Archdiocese of Regina: A History, Regina: Diocese of Regina, 1988. Carrière, Gaston, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome 1, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, 1976. Chabot, abbé Adrien et Rondeau, abbé Clovis, Histoire de Willow-Bunch, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1970. Hawkes, John, The Story of Saskatchewan and its People, Volume 1, Chicago: The S.J. Clarke Publishing Company, 1924. Rottiers, René, «Histoire abrégée de la fransaskoisie», publié dans l'Eau Vive le 22 septembre 1982. |
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