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Joseph Eldedge Morrier

M. J.E. Morrier, Secrétaire Général de l’A.C.F.C. est de retour - Nous saluons avec plaisir le retour à Prince Albert de M. J.E. Morrier, Secrétaire Général de l’A.C.F.C. et Secrétaire-trésorier de la Commission Scolaire de Prince Albert. Parti vers la fin septembre dernier pour faire le relevé de travaux d’arpentage que le gouvernement fédéral fait exécuter dans la région du lac Athabaska, à plus de 400 milles au nord d’Edmonton, M. Morrier avait la haute direction de trois groupes d’arpenteurs et il a mené à bonne fin la rude tâche qui lui était confiée.
Le Patriote de l’Ouest
le 2 décembre 1915
Lorsqu’on parle des grands bâtisseurs de l’Association culturelle (catholique) franco-canadienne de la Saskatchewan, on pense immédiatement aux Maurice Quennelle, Raymond Denis, Antonio de Margerie et Maurice Baudoux. Il y a toutefois un autre nom qui devrait s’ajouter à cette liste, soit celui de Joseph Eldedge (ou Eldège) Morrier. Il a été président de l’ACFC à deux reprises, secrétaire général pendant de longues années et aussi chef du secrétariat pendant un certain temps après le départ de Donatien Frémont. Son rôle n’a toutefois jamais été pleinement apprécié et reconnue, au point même où à deux reprises dans les cahiers souvenirs de l’association, soit lors du 50e anniversaire de l’ACFC en 1962 et à nouveau lors de son 75e anniversaire en 1987, on a accordé son deuxième mandat à la présidence de l’organisme à une autre personne.

J. E. Morrier est né à Montréal le 29 août 1874. Il a fait des études commerciales à Montréal et ensuite il a obtenu un diplôme en génie civil de l’Université d’Ottawa. En 1907, à l’âge de 33 ans, il a obtenu son brevet d’arpenteur fédéral et sa première affectation a été à Churchill sur la baie d’Hudson où le gouvernement fédéral prévoyait construire un port de mer. Rappelons qu’il n’y avait pas encore de chemin de fer qui se rendait jusqu’à Churchill. «Le projet n’est pas une sinécure, car Morrier doit parcourir près de 1500 kilomètres, en raquettes et par des températures sibériennes, pour mener le projet à terme.»(1)

Entre 1909 et 1911, Morrier a effectué des travaux d’arpentage dans les provinces de l’Ouest et lorsqu’il a obtenu son brevet d’arpentage de la province de la Saskatchewan, il a décidé de s’installer à Prince Albert avec sa famille. Son épouse, Emma Arcand-Gravel, une jeune femme avec une formation artistique, a joué un rôle important dans le développement culturel du groupe francophone de Prince Albert. Ces exploits ont déjà été signalés dans une autre chronique il y a quelques années.

Joseph Eldedge Morrier ne tarde pas à s’impliquer dans les causes francophones. En 1914, il est le deuxième à assumer le rôle de président de l’ACFC. Il remplaçait ainsi Maurice Quennelle qui avait été le président-fondateur de l’organisme. Il reste dans ce poste une seule année, cédant la place au docteur Arsène Godin au congrès de Lebret en 1915. Il demeure toutefois au sein de l’exécutif de l’ACFC à titre de secrétaire général. En 1915, J.E. Morrier accepte aussi la présidence de la compagnie La Bonne Presse qui publiait Le Patriote de l’Ouest. En 1915, le journal venait tout juste d’être nommé l’organe officielle de l’ACFC.

L’ACFC avait décidé lors de son congrès de 1915 de mener une campagne de réorganisation des cercles locaux de l’association provinciale et de créer de nouveau cercles dans les communautés où il n’y en avait jamais eu auparavant. C’est aussi à cette occasion que l’organisation avait premièrement conçu l’idée de diviser la province en région. Comme secrétaire général de l’ACFC et comme président de La Bonne Presse, Morrier est appelé à travailler à cette réorganisation. La campagne d’organisation est prévue pour l’automne 1915. Hélas, son travail d’arpenteur oblige J. E. Morrier à s’absenter durant cette période pour aller faire du travail d’arpentage dans la région du lac Athabaska. Heureusement pour lui, il trouve une association en bonne santé à son retour. «Le dévoué secrétaire général de l’A.C.F.C. est heureux de retrouver l’Association en pleine activité et de voir qu’un long et patient travail préparatoire de méthodique organisation, auquel il contribue sa large part, est en voie de produire d’heureux et solides résultats dans toute la province.»(2)

À cette époque, Morrier est aussi Secrétaire-trésorier de la Commission scolaire catholique de Prince Albert. «La population de Prince Albert doit aussi beaucoup à M. Morrier pour le dévouement inlassable qu’il a prodigué aux intérêts de notre école catholique comme secrétaire de la commission scolaire. C’est grâce à lui qu’un nombre considérable de propriété de la ville dont les taxes allaient jusqu’ici aux écoles publiques ont été rétablies cette année sur la liste des contribuables à l’école catholique séparée.»(3)

Bien sûr, le travail de J. E. Morrier auprès de la communauté franco-canadienne de la Saskatchewan est loin d’être terminé.

(1) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 288.
(2) «M.J.E. Morrier, Secrétaire Général de l’A.C.F.C. est de retour», Le Patriote de l’Ouest, 2 décembre 1915.
(3) Lapointe, Richard, Op. cit., p. 289.

Sources
Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

«M.J.E. Morrier, Secrétaire Général de l’A.C.F.C. est de retour», Le Patriote de l’Ouest, le 2 décembre 1915.

En 1916, J.E. Morrier est toujours secrétaire général de l’ACFC et président de La Bonne Presse. Il est membre du comité exécutif du comité local de l’ACFC de Prince Albert et Secrétaire-trésorier de la Commission scolaire catholique de cette ville. Cette année-là, il accepte un nouveau poste. «En novembre 1916, le gouvernement provincial nomme J.-E. Morrier au poste d’inspecteur des écoles. Pour des raisons dont on ne connaît pas la nature de façon certaine mais qui ont probablement à faire avec quelque tracasserie administrative, il abandonne bientôt le poste.»(1) C’est bien sûr à cette époque que des conflits entre francophones et anglophones commencent à se manifester dans le domaine de l’éducation en Saskatchewan et que les Orangistes demandent pour «une langue, une école, un drapeau» — l’anglais!

Lors de son congrès de 1917, à Regina, l’ACFC procède à la mise sur pied d’une nouvelle association dont le but serait de recruter des enseignants et des enseignantes pour les écoles à majorité francophone. «Durant sept ans, c’est à l’Association Interprovinciale que nos commissions scolaires s’adressèrent lorsqu’elles avaient besoin d’institutrices ou d’instituteurs et durant sept ans l’Interprovinciale remua ciel et terre pour le leur en procurer.»(2) Joseph Eldedge Morrier fait partie du directorat de l’Association Interprovinciale pendant plusieurs années.

Dans deux de ses cahiers souvenirs, l’ACFC attribue la présidence de l’organisme pour les années 1923 à 1925 à Émile Gravel de Gravelbourg. C’est toutefois J.E. Morrier qui assume ce rôle pour une deuxième fois. Lors de son congrès annuel à Prince Albert, en 1923, deux personnes se portent candidats à la présidence de l’ACFC: Raymond Denis de Vonda et le docteur Martial Lavoie de Prud’homme. Toutefois, pour éviter un schisme entre Français et Canadiens français dans la province, les deux cèdent éventuellement la place à un candidat de compromis. «Dans les coulisses se tinrent des conciliabules dans le but de réaliser une union absolument indispensable pour la défense de notre cause. On avait proposé comme président de l’A.C.F.C., M. Raymond Denis et le Dr. M. Lavoie. Tous les deux déclinèrent la nomination et c’est M. J.-E. Morrier, homme d’une distinction et d’un tact parfait, qui fut élu à la présidence générale.»(3)

Morrier demeure comme président de l’ACFC jusqu’en 1925 lorsque Raymond Denis accède enfin à la présidence de l’organisme. Le chaos du congrès de Prince Albert en 1923 avait certainement débobiner la délégation de Hoey qui s’y était rendue pour avancer l’idée d’un concours provincial de français. Sous la présidence de J.E. Morrier, le groupe de Hoey recevra la permission d’organiser un concours local en 1924 auquel ont participé toutes les écoles de la région: Hoey, Domrémy, Saint-Louis, Bellevue et Batoche. Lorsqu’il devient chef du secrétariat de l’ACFC en 1925, Morrier est appelé à organiser un concours de français à l’échelle provinciale. Les examens de français deviendront une des principales responsabilités de l’ACFC entre 1925 et 1968.

Lorsqu’il cède la présidence de l’ACFC à Raymond Denis, en 1925, il devient le premier chef du secrétariat de l’organisme. Il y a toutefois plusieurs indications que le poste de chef du secrétariat de l’ACFC avait été détenu, avant 1923, par le journaliste du Patriote de l’Ouest, Donatien Frémont. Morrier demeure dans le poste jusqu’en 1928. Antonio de Margerie le remplace l’année suivante.

En 1925, Morrier est nommé Commandeur chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand par Sa Sainteté Pie XI en reconnaissance de son travail auprès de la minorité francophone de la Saskatchewan. Quelques années plus tard, en 1928, il va s’établir à Montréal mais il revient dans l’Ouest en 1932 pour assumer la direction du journal La Survivance à Edmonton. C’est dans cette ville qu’il meurt le 12 avril 1940.

(1) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 289.
(2) Denis, Raymond, Mes mémoires, Copie du manuscrit. Regina: Archives de la Saskatchewan, p. 92.
(3) Ibid., p. 108.

Sources
Denis, Raymond, Mes mémoires, Copie du manuscrit. Regina: Archives de la Saskatchewan.

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan.





 
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