Contact
Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des mots

Jardinage

Depuis plusieurs semaines, une bonne partie de la population s'est adonnée aux travaux du jardinage. L'arrivée du printemps fait renaître les amateurs des fleurs et des légumes; ceux qui pâtissent pendant l'hiver retrouvent la joie de vivre une fois qu'ils peuvent regagner leur jardin et se livrer à la tâche d'ensemencer les petites graines qui donneront vie aux fleurs, aux légumes et aux fruits.

Ma mère est une amatrice des grands jardins. Je me souviens de l'immense champ de patates que nous ensemencions chaque printemps durant ma jeunesse. C'est que nous étions les fournisseurs officiels de patates aux religieuses des Soeurs de la Providence à Saint-Louis. Il s'agissait d'un champ de patates de plusieurs acres. Mon père avait patenté une semeuse à patates en utilisant une vieille charrue. Un dalot avait été installé sur la charrue. Quelqu'un s'assoyait sur cette amanchure avec un seau de patates de semence et en jetait une dans le dalot à environ un pied d'intervalle.

La plupart des jardiniers n'ont pas à patenter d'équipement du genre mais ils ont souvent l'habitude d'utiliser différents outils sans connaître le bon terme. L'outillage du jardinier est le sujet de notre Parlure fransaskoise, cette semaine.

Commençons avec le tracteur à jardin ou «roto-tiller». Ces tracteurs deviennent de plus en plus sophistiqués et commencent, petit à petit, à rassembler aux plus gros tracteurs de la ferme. Il n'est presque plus question d'acheter un tracteur à jardin avec deux manchons; les nouveaux modèles nous invitent à nous asseoir confortablement sur un siège. Selon Jean-Claude Corbeil, dans le Dictionnaire thématique visuel, le mot juste pour le tracteur à jardin est le motoculteur.

Chez nous, on appelait ça une barouette. Il s'agit bien d'une brouette qu'on utilise pour transporter feuilles mortes, outils, etc. J'ai cherché dans plusieurs dictionnaires sans pouvoir trouver de lien entre la barouette de ma jeunesse et la brouette.

Toutefois, dans le Dictionnaire du français québécois, on rattache le mot barouette à bazou (bazoo). Selon ce dictionnaire, bazou serait d'origine américaine, vers 1900-1925. «Ce bazoo de sens nouveau n'aurait eu qu'une existence éphémère chez nos voisins du Sud mais se serait imposé chez nous de façon naturelle parce qu'il venait s'intégrer à toute une série de mots à syllabe initiale ba-, servant à désigner la même réalité: bachat, barouche, barouette, bateau, etc.»

Donc, il est possible qu'on disait barouette puisque la brouette était un moyen de transporter les choses comme le bazou.

Combien d'entre nous avons été dénommés tête de pioche une fois ou deux dans notre vie. La pioche est un «pickaxe», mais chez nous on se servait souvent du mot pioche, ou gratte, pour désigner la binette. Cet instrument, la binette, est une lame plate fixée à un manche pour briser la terre, l'ameublir et la désherber. La binette ressemble beaucoup à la houe qui est comme la pioche avec une lame assez large qu'on utilise pour les binages.

Comme vous pouvez voir, la pioche, la houe et la binette ont toutes la même fonction: celle de briser la terre. Il n'est donc pas surprenant que les gens interchangeaient souvent les noms des trois outils.

En passant, le mot gratte est souvent utilisé dans certains quartiers pour désigner la niveleuse, cette machine utilisée dans la construction des routes. Dans ma jeunesse, cet outil ne portait pas le nom de niveleuse, ni de gratte, mais plutôt celui de patrole. Ce terme n'a probablement pas été utilisé ailleurs que dans notre région, et vient probablement de la niveleuse qui patrouille les routes pour les garder en bon état.





 
(e0)