Des lieuxJackfish Lake et MéotaOn nous assure que durant le printemps et l'été, on va construire sur le bord du Jackfish et à côté du village de Méota cent quarante villas pour recevoir les personnes qui à la belle saison recherchent l'air pur de la campagne et les agréments d'habiter à côté des eaux limpides d'un beau lac. Le Patriote de l'Ouest le 17 avril 1913 En 1889, le père Louis Cochin, o.m.i., avait déménagé la mission Sainte-Angèle sur le carreau SE6-46-18-W3, immédiatement à l'ouest de la réserve Thunderchild, établissant ainsi la future communauté francophone de Delmas. À cet endroit, le missionnaire avait fait construire sa nouvelle résidence, deux étables, une grainerie, un poulailler, une laiterie et il avait fait creuser un puits. Il voulait également ouvrir une école indienne, mais Mgr Albert Pascal, o.m.i., évêque de Prince Albert, lui demande, vers 1896, d'aller établir des missions dans la région du Lac des Brochets (Jackfish Lake), aussi appelé Lac Tortue par certains Métis. En 1900, le père Henri Delmas vient prendre la relève de la mission Sainte-Angèle et c'est son nom qui est donné à la nouvelle communauté. Pour sa part, le père Cochin fonde plusieurs missions dans la région du lac des Brochets. Il donne même son nom au village de Cochin situé sur le côté est du lac. Au début, ce sont des ranchers qui viennent s'établir dans la région du lac Jackfish. «À un moment un poste avancé isolé de la police de Battleford, Jackfish est premièrement colonisé par des gens intéressés dans le foin, le bétail et les poissons. La région reçoit un élan en 1889 avec l'arrivée de colons assidus du Québec augmentés l'année suivante par un groupe de Métis de Batoche.»(1) Michel Côté, un Canadien français, est un de ces premiers ranchers dans la région. J'ai déjà parlé de lui dans une autre chronique. (2) Michel Côté et sa soeur, Marie, naissent à Saint-Nicolet, Québec. Orphelins à un jeune âge, ils déménagent au Nouveau Hampshire avant de venir s'établir dans la région de Battleford en 1884. Durant la résistance de 1885, Michel Côté devient membre de l'armée canadienne et il est impliqué dans la bataille de Cut Knife Hill le 2 mai. Durant la campagne militaire, il fait la connaissance d'un autre jeune Canadien français, Jules Gagné. «Jules Gagné est venu dans l'Ouest de Kamouraska, Québec, avant la rébellion. Il est dans l'armée durant la résistance et reçoit la médaille Victoria Regina.»(3) Après la résistance, Michel Côté retourne dans le Nouveau Hampshire pour épouser Delvina Roberge. Puis, il reviendra poursuivre sa carrière de rancher dans la région du lac Jackfish et de la Butte du Paradis. Entre-temps, sa soeur Marie a épousé Jules Gagné dans l'église Saint-Vital de Battleford. Michel Côté et Jules Gagné prennent tous les deux du terrain dans la région du lac Jackfish. Jules Gagné est charpentier, ébéniste et patenteur de machinerie agricole tout en étant rancher et homesteader. Son homestead et son carreau de préemption sont les carreaux NW et SW26-48-18-W3. Plus tard, il achète le ranch de son beau-frère, Michel Côté. «Pendant les premières années, Jules travaille à la scierie des frères Prince à Battleford, retournant à son homestead à pied en fin de semaine.»(4) D'autres Canadiens français qui viennent s'établir dans la région du lac Jackfish sont les frères Duhaime (Tom, Pete, Alex et Joe) et leur beau-frère, Joe Heon. Joseph Heon arrive dans le Nord-Ouest en 1881 avec sa famille. Les Heon s'établissent à Battleford, là où est située l'Hôpital Saskatchewan. Après la résistance des Métis, Joseph retourne en Ontario où il épouse Delima Duhaime. De retour dans l'Ouest, Heon est impliqué dans l'industrie du frêtage entre Battleford et Swift Current. Puis, il se lance dans l'élevage du bétail. Il est propriétaire d'un ranch dans la région de Battleford. Ensuite, il aura des ranchs au lac Midnight et au lac Jackfish. C'est en 1886 que ses quatre beaux-frères viennent le rejoindre dans la région de Battleford. Depuis quelques années, les frères Duhaime étaient installés au Montana. Arrivés dans l'Ouest canadien, ils établissent leurs ranchs dans la région des lacs Midnight et Jackfish. Il y a aussi bien des Métis dans la région du lac Jackfish. Le futur village de Méota sera situé sur le côté ouest du lac. À la fin du XIXe siècle, la région est traversée par la vieille piste métisse du lac des Oignons. Cette piste, un des chaînons de la plus longue piste Carlton, relie le Fort Carlton et le Fort Pitt. La piste du lac des Oignons est située sur le côté nord de la rivière Saskatchewan Nord. En 1892, il est question de bâtir une nouvelle route. Toutefois, celle-ci s'éloignerait de l'ancienne piste du lac des Oignons; elle traverserait plutôt la région de Delmas et Bresaylor au sud de la rivière Saskatchewan Nord. Bon nombre de Métis et de Canadiens français établis dans la région du lac Jackfish s'opposent à cette suggestion et ils envoient une pétition au ministère de l'Intérieur. Parmi les Métis qui signent la pétition, mentionnons Théodore Villeneuve, Daniel Villeneuve, Aurèle Arcand, Dan Charette, Euche Arcand, H. Coutou et Joseph Nolin. «Le groupe dans la région Battleford-Jackfish s'assure de l'appui du membre de l'assemblée législative, James Clinkskill, et ils présentent de bons arguments en faveur de leur route.»(5) En 1894, il est décidé que la nouvelle route se rendra de Battleford au lac Jackfish puis au lac des Oignons pour enfin atteindre le Fort Pitt. Même si plusieurs colons canadiens-français et métis viennent s'établir dans la région du lac Jackfish vers 1885, un bon nombre de nouvelles familles canadiennes-françaises arrivent au début du XXe siècle. Ménasipe Charbonneau arrive du Québec en 1910 et les frères Gagné, Edmond et Léon, arrivent vers 1911. Dans l'histoire de Méota, on raconte même que la famille du fameux géant Beaupré aurait habité la région. «Durant sa jeunesse, la famille Beaupré habite le district St-Michel et Édouard va à l'école là. La famille quitte la région et Beaupré se joint au cirque...»(6) Au nord et à l'ouest du lac Jackfish, on trouve une région de buttes ondulées, de vallées et de ravins. Cette région est connue sous le nom du district St-Michel. Dans son livre, Kaleidoscope, l'histoire du diocèse de Prince Albert, Solange Lavigne nous raconte que le père Léon Bondoux, o.m.i., aurait été un des premiers missionnaires à vivre dans le district St-Michel. Il aurait fait construire une première petite chapelle. Donatien Frémont, dans son livre, Les Français dans l'Ouest canadien, attribue au père Cochin la distinction d'avoir fondé la première mission à Jackfish. «Le P. Louis Cochin, de la Marne, fonda le centre de Jack-fish (sic), dont le premier curé séculier devait être l'abbé Jean-Pierre Esquirol.»(7) L'abbé Esquirol arrive en 1906, mais deux ans plus tôt, on avait construit une nouvelle église à Jackfish. George Ness est un personnage bien connu dans l'histoire de l'Ouest canadien. Durant les années 1870, il construit la première chapelle de Duck Lake. En 1885, il est installé sur un lot de rivière au sud de l'église de Batoche. Il devient un des adversaires farouches de Louis Riel; il témoigne même au procès de Riel à Regina. Vers la fin des années 1880, il va rejoindre son beau-frère, Ludger Gareau, à Pincher Creek en Alberta. Enfin, au début du XXe siècle, George Ness est de retour en Saskatchewan. Il habite la région du lac Jackfish où il est propriétaire du terrain SW4-48-17-W3. En 1904, il fait un don de 40 acres de terre à la mission. Une nouvelle église est construite sur ce terrain dans le district St-Michel. Cette nouvelle paroisse prend le nom de St-Léon. Au début du siècle, une autre communauté naît au sud de la paroisse St-Léon. Il s'agit de Méota. En 1893, un jeune frêteur métis, Napoléon Venne, arrive dans la région. Il s'établit sur le carreau SW8-47-17-W3. Pendant quelques années, c'est la grande sécheresse dans la région. Napoléon Venne abandonne alors son homestead et se dirige vers le Klondyke, pour y chercher de l'or. Il ne revient jamais et son carreau est abandonné jusqu'en 1902. Toujours en 1893, un autre Métis, François Fiddler, prend un homestead à l'extrémité sud du lac Jackfish. Il meurt la même année, mais sa veuve, Josephine Fiddler, persiste et elle réussit à obtenir les lettres patentes du terrain en 1899. En 1902, ses deux fils, Jean-Baptiste et Louis viennent prendre des homesteads dans la région. Jean-Baptiste s'installe avec sa famille sur l'ancien carreau de Napoléon Venne. Son frère, Louis, prend le carreau SE, tandis qu'une veuve, Recta Ann Becker, s'installe sur le carreau NW. En 1906, les frères Fiddler décident de se diriger plus vers le nord, vers le Lac des Prairies (Meadow Lake) et ils vendent alors leurs terrains à un nommé Herbert Wilkinson. Lorsque le Canadien Northern commence à construire une ligne du chemin de fer dans la région, le terrain de Wilkinson et celui de Mme Becker sont vendus à la compagnie et c'est à cet endroit, près du lac Jackfish, qu'est établi le village de Méota. Un des pionniers légendaires de Méota est Abraham Bélanger. «Connu sous le nom du capitaine Bélanger, car il avait servi sous Riel, Abraham était né à St-Norbert, Manitoba et il avait voyagé jusqu'à Batoche au début des années 1870. Là, il avait travaillé son homestead jusqu'en 1893. Après la rébellion, la famille vient à Battleford et ensuite au lac Jackfish.»(8) Bélanger s'établit près du lac Jackfish, immédiatement à l'ouest de Méota. Plusieurs années plus tard, le capitaine Bélanger ira s'installer à St-Hyppolite. Bientôt, Méota compte deux hôtels (Edwards et Lakeview), un boucher, deux magasins, un forgeron, une écurie, une armurerie, un bureau de poste, une cour à bois, un barbier, un médecin et une infirmière. Selon Solange Lavigne, ce n'est qu'en 1956 qu'une paroisse est établie à Méota. «C'est en 1956 qu'une église catholique est construite à Méota. Les pères Omer Langevin et Léon Ouelette, o.m.i., sont instrumentaux dans ce projet.»(9) La nouvelle paroisse qui prend le nom de Notre-Dame de Fatima. Toutefois, Mme Lavigne n'explique pas pourquoi il n'y avait jamais eu d'église à Méota auparavant. Références (1) Meota History Book Committee, Footsteps in Time, Méota: Meota History Book Committee, 1980, p. 5. (Traduction) (2) Gareau, Laurier, «Charlotte», Un bout d'histoire, Eau vive, le 21 janvier 1993. (3) Meota History Book Committee, Op. cit., p. 54 (Traduction) (4) Ibid., p. 54 (Traduction) (5) Ibid., p. 4. (Traduction) (6) Meota History Book Committee, Footsteps in Time, Meota: Méota History Book Committee, 1980, p. 48. (Traduction) (7) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980, p. 126. (8) Meota History Book Committee, Op. cit., p. 76. (9) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures, One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 159. Sources Un bout d'histoire... 70 et 71 Gareau, Laurier, «Charlotte», Un bout d'histoire, Eau vive, le 21 janvier 1993. Meota History Book Committee, Footsteps in Time, Meota: Méota History Book Committee, 1980. Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980. Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures, One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990. |
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