Des gensHippolyte Leduc, o.m.i.Le R.P. H. Leduc, O.M.I., d'Edmonton était de passage à Prince Albert cette semaine. Le R.P. Leduc est un de ces vétérans missionnaires Oblats qui ont ouvert à la civilisation les immenses plaines de l'Ouest. Depuis 46 ans en Alberta ce vaillant missionnaire, encore alerte malgré ses 73 ans, a célébré en juin dernier ses noces d'or sacerdotales. Le Patriote de l'Ouest le 19 novembre 1914 Le Père Hippolyte Leduc, o.m.i., est presque devenu premier évêque du diocèse de Prince Albert, en 1891, mais les circonstances ont plutôt voulu qu'il exerce tout son ministère en Alberta. En compagnie des pères André, Fourmond, Vègreville et Moulin, le père Leduc a aidé à évangéliser l'immense territoire qu'était le diocèse de Saint-Albert, patelin de Mgr Vital Grandin. Fils de Joseph Leduc et d'Élisabeth Fleury, Hippolyte Leduc naît à Evron (Mayenne) France le 30 avril 1842. Il fait ses études au Collège d'Evron et aux petits séminaires de Précigné et de Mayenne. Il entre au noviciat de Notre-Dame d'Osier le 31 octobre 1860 et ensuite au scolasticat de Montolivet, près de Marseille et à celui d'Antun. Puis il vient au Canada où il est ordonné prêtre à Ottawa le 4 décembre 1864. Le père Leduc commence sa carrière en 1864-1865 comme enseignant au Collège d'Ottawa et comme missionnaire dans les chantiers de la vallée de la rivière Gatineau. À l'été 1865, il quitte Ottawa pour l'Ouest canadien. «C'est Mgr Faraud, missionnaire de l'extrême nord, de passage à Ottawa, qui emmena le jeune Père Leduc jusqu'à Saint-Boniface. C'est le 24 mai suivant que le jeune missionnaire y arrivait et se jetait dans les bras de celui qui devait être son supérieur: Mgr Alexandre Taché, O.M.I.»(1) Il exerce son ministère à Saint-Boniface, Saint-Norbert et Pembina, Dakota Nord, entre 1865 et 1867. Puis, il se dirige encore plus vers l'ouest: «Il partit ensuite pour Saint-Albert, Alberta (1867-1874) où il construisit la cathédrale en 1870 et fut conseiller et procureur vicarial dès 1870.»(2) Une première cathédrale avait été construite à Saint-Albert dès l'arrivée de Mgr Vital Grandin. Le père Leduc en fait bâtir une deuxième en 1870. «C'est en 1870 qu'il bâtit, avec l'aide si précieux de quelques frères convers, la seconde cathédrale. (Cette église fut, en 1905, convertie en salle paroissiale, les cérémonies religieuses étant faites, depuis cette date, dans le grand soubassement d'une future église).»(3) Une troisième église sera éventuellement construite à Saint-Albert, mais le siège du diocèse aura été déménagé à Edmonton. De Saint-Albert, le missionnaire est appelé à desservir les missions de Fort Pitt, Fort Edmonton et Lac-Sainte-Anne entre 1867 et 1871. Il passe ensuite trois ans à la mission de Lac-La-Biche (1874-1877) puis revient à Saint-Albert jusqu'en 1886. À Saint-Albert, il est entraîné dans l'affaire des griefs des Métis et des Blancs contre le gouvernement d'Ottawa. En 1883, les gens de Saint-Albert avaient envoyé plusieurs pétitions à Ottawa pour exposer leurs griefs. «Aucune réponse satisfaisante ne venant de la capitale, Mgr Grandin, appuyé par la population de Saint-Albert, confia au Rev. P. Leduc la mission d'aller exposer à Ottawa ces divers griefs.»(4) Les gens du Nord-Ouest voulaient qu'Ottawa reconnaisse leur droit à la propriété, mais le gouvernement Macdonald n'est pas plus prêt à écouter un missionnaire oblat qu'il avait été prêt à écouter les Métis et les Blancs. Les gens du Nord-Ouest ont donc recours à Louis Riel. En 1885, le père Hippolyte Leduc est loin des champs de bataille à Duck Lake, Frog Lake, Fish Creek, Battleford et Batoche, mais comme tout missionnaire dans le Nord-Ouest à cette époque, il est appelé à convaincre ses Métis de Saint-Albert de ne pas aller joindre le rebelle, Louis Riel. Entre 1886 et 1893, Hippolyte Leduc s'installe à Calgary pour desservir la grandissante population catholique de cette petite ville, ainsi que les missions de Banff, Pincher Creek et Fort McLeod. Durant ce temps, le père oblat est toujours conseiller de Mgr Grandin et procureur vicarial du diocèse. Lorsqu'il est temps de tailler un nouveau diocèse dans le Nord-Ouest, en 1890-1891, il est tout à fait logique que le nom d'Hippolyte Leduc, o.m.i., soit suggéré pour être le premier chef apostolique du vicariat de Prince Albert. Un autre sera choisi pour ce poste. Pourquoi' Lorsqu'on décide, en 1891, de créer un nouveau diocèse dans le Nord-Ouest, il est tout à fait logique que le Père Hippolyte Leduc, o.m.i., soit suggéré pour être premier évêque de Prince Albert. Il a longtemps été missionnaire dans le Nord-Ouest et il connaît bien les besoins du territoire. Il a une certaine expérience en administration, ayant longtemps été le bras droit de Mgr Grandin à Saint-Albert. Pourquoi donc a-t-il été obligé de céder la place au père Albert Pascal, o.m.i.' C'est que Mgr Grandin s'oppose à sa nomination. On trouve l'explication dans une lettre écrite par le père Soullier, o.m.i., assistant général, à un père oblat du diocèse de Saint-Albert. La lettre est datée du 5 février 1892. «L'érection du vicariat apostolique de Saskatchewan ayant été décidée, restait à choisir le nouveau vicaire apostolique. Le nom du R.P. Leduc s'est présenté le premier, et je dois avouer que nous l'avons écarté pour deux raisons: 1° parce que nous l'avons cru nécessaire à Mgr Grandin et que ce prélat a pris soin de nous affermir dans cette conviction; 2° parce que sa santé, si gravement éprouvée par les crises périodiques de son rhumatisme inflammatoire, ne sont pas des garanties suffisantes en face du ministère à exercer dans des contrées aussi rudes et aussi étendues.»(5) À cette époque, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest commence déjà à empiéter sur les droits des francophones et des catholiques en matière d'éducation. Le père Hippolyte Leduc devient un des défenseurs des droits à une éducation catholique et française. «Dès 1887, le gouvernement des territoires, de connivence avec les loges maçonniques, commençait assez ouvertement ses menées contre ce qui était catholique et français. Afin donc de maintenir intacts ces droits sacrés, on organisa des bureaux d'éducation à Saint-Boniface et à Saint-Albert... Pour le diocèse de Saint-Albert, Mgr Grandin avait formé son bureau de M. le juge Rouleau, et de M. A.E. Forget, sous la présidence du R.P. Leduc.»(6) Un Bureau de l'éducation, ou «Board of Education» avait été fondé en 1884 par le gouvernement des Territoires avec douze membres, six catholiques et six protestants. Mais dès l'année suivante, le nombre des membres avaient été réduit à cinq avec une majorité protestante. Le père Leduc est nommé comme membre catholique du Bureau vers 1888. Quelques années plus tard, il devient inspecteur d'école dans le district de l'Alberta. À cause de son expertise sur la question scolaire, il écrit plusieurs articles à ce sujet. En 1893, le père Leduc est nommé curé d'Edmonton. «Il fut curé et construisit l'église de Saint-Joachim, établit l'hôpital en 1897 et le couvent des Soeurs de Miséricorde en 1900.»(7) Ce sont les Soeurs Grises de Montréal qui acceptent l'invitation du père Leduc de venir ouvrir l'hôpital Général en 1897. Le missionnaire demeure curé d'Edmonton jusqu'en 1906, quoiqu'il a dû prendre une année de repos à Saint-Albert en 1899 pour se remettre d'une maladie. Durant toutes ces années à Edmonton, il continue d'être le bras droit de l'évêque de Saint-Albert. À cause de son dévouement à la paroisse Saint-Joachim d'Edmonton, les catholiques ont trouvé une façon de le remercier. «Avez-vous jamais entendu parlé de 'Leducville'' Je parie que non. J'ai lu dans les Petites Annales des Missionnaires Oblats de 1901 que c'est le nom que les catholiques donnaient à la ville d'Edmonton à cette époque-là.»(8) Le nom de Leducville est vite tombé dans l'oubli mais le nom du missionnaire oblat ne l'a pas été puisqu'on a nommé une autre ville en son honneur; Leduc est situé à quelques milles au sud de la capitale albertaine. Le missionnaire serait arrêté à l'endroit de la ville en 1875, avec une bande de voyageurs, et aurait prédit qu'il y aurait un jour une ville à cet endroit. Celui qui aurait pu devenir le premier évêque de la Saskatchewan est décédé le 29 juin 1918 à Saint-Albert. Avec les pères André, Fourmond, Vègreville et Moulin, le père Hippolyte Leduc a été un des grands missionnaires du Nord-Ouest. (1) «Cinquante année d'apostolat dans l'Ouest Canadien: Note sur la vie du Père Leduc», Le Patriote de l'Ouest, le 3 juillet 1918, p. 1. (2) Carrière, Gaston, o.m.i., Dictionnaire Biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, Ottawa, 1977, p. 288. (3) «Cinquante année d'apostolat...» Op.cit., p. 1. (4) Ibid., p. 1. (5) Morice, R.P. A.-G., o.m.i., Histoire de l'Église catholique dans l'Ouest canadien, Vol. III, Winnipeg: West Canada Pub. Co., 1912, p. 36. (6) «Cinquante année d'apostolat dans l'Ouest Canadien: Note sur la vie du Père Leduc», Le Patriote de l'Ouest, le 3 juillet 1918, p. 1. (7) Carrière, Gaston, o.m.i., Dictionnaire Biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, Ottawa, 1977, p. 289. (8) Lacombe, Guy, Capsules d'histoire de l'Alberta, Edmonton: Alberta, 1993, p. 46. Sources «Cinquante année d'apostolat dans l'Ouest Canadien: Note sur la vie du Père Leduc», Le Patriote de l'Ouest, le 3 juillet 1918. Carrière, Gaston, o.m.i., Dictionnaire Biographique des Oblats de Marie Immaculée au Canada, Tome II, Ottawa: Éditions de l'Université d'Ottawa, Ottawa, 1977. Lacombe, Guy, Capsules d'histoire de l'Alberta, Edmonton: Alberta, 1993. Morice, R.P. A.-G., o.m.i., Histoire de l'Église catholique dans l'Ouest canadien, Vol. III, Winnipeg: West Canada Pub. Co., 1912. |
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