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Des lieux

Henribourg et Albertville

M. Henri Pellerin de Henribourg est revenu d'un voyage à Plessisville, P.Q. où il était allé chercher une compagne; tous deux étaient de passage à Prince Albert samedi dernier; à ces nouveaux époux nous souhaitons bonheur complet.

Le Patriote de l'Ouest
le 27 mars 1913
Comme je l'ai mentionné dans la dernière chronique, les histoires des communautés françaises de White Star, Henribourg et Albertville sont très intimement liées. Elles sont situées à quelques kilomètres l'une de l'autre au nord de Prince Albert. Si en général les colons de White Star sont venus de la Bretagne, ceux de Henribourg et d'Albertville sont venus du Québec et plus particulièrement de Plessisville et de Sainte-Sophie.

C'est en avril 1910 que huit colons canadiens-français viennent s'installer dans la région de Henribourg. Ils sont les frères Pellerin (Henri, Omer, Aimé et Arthur), les frères Brassard (Émile et Arthur), Arthur Painchaud et Julien Vignault. Tous demeureront dans la région, sauf Vignault. Un autre des premiers colons dans la région est Henri Morin. La première messe est dite dans la maison d'Henri Morin et c'est lui qui donne son nom à la place.

En septembre 1910, les gens de la région organisent une rencontre paroissiale dans le but de prélever des fonds pour la construction d'une église et d'un presbytère. «La construction de l'église, qui reçoit le nom officiel de St-Jacques le Majeur ou St. James, est finie en décembre 1910. Le bâtiment est une structure de deux étages qui doit aussi servir de presbytère au premier prêtre résidant, l'abbé André Louison.»(1)

Si en 1910 le terrain est très boisé et peu peuplé, trois ans plus tard de grandes étendues de terre sont défrichées. Il y a maintenant plus de 100 familles dans la région. L'église d'Henribourg n'est donc plus au centre de la paroisse et il devient évident que l'église doit être déménagée. Cette situation, comme dans bien d'autres paroisses canadiennes-françaises, cause de sérieuses divisions au sein de la paroisse.

À cause des chicanes de paroisses, l'évêque adresse une lettre aux paroissiens, le 1er avril 1913, pour les menacer qu'ils risquent de perdre leur paroisse et qu'elle pourrait devenir une simple mission. «Nous apprenons avec regret que la division règne toujours parmi vous... Hélas, nous voyons aujourd'hui qu'il y en a trop parmi vous, pour de nombreuses raisons, qui s'éloignent de leur curé et qui essaient de négliger leurs légitimes obligations envers Dieu, envers l'église et envers leur prêtre.»(2)

Il leur demande d'accepter le déménagement de l'église et un nouveau curé. Sur les entrefaites, un jeune prêtre vient d'arriver du Québec.
Prince Albert: Un jeune prêtre distingué, originaire de Rimouski, M. l'abbé A.-L. Lebel, est arrivé depuis quelques jours à l'évêché pour fixer son séjour dans le diocèse de Prince Albert.
Le Patriote de l'Ouest
le 27 mars 1913

Récemment ordonné prêtre à l'âge de 35 ans, l'abbé Lebel arrive dans l'Ouest en 1913 et veut à tout prix une paroisse campagnarde. «Il est évident qu'il adhère de tout coeur à l'agriculturisme, une école de pensée qui fait de la culture du sol la seule véritable vocation de la nation canadienne française.»(3)

Dans sa lettre du 1er avril 1913, Mgr Pascal annonce aux paroissiens d'Henribourg la nomination de l'abbé Abraham-Louis Lebel comme leur nouveau curé. La première responsabilité du nouveau curé sera de déménager l'église.

Arthur Pellerin, un des premiers colons dans la région, fait don de dix acres de terre pour l'église et la nouvelle paroisse de Saint-Jacques d'Albertville est née. La chapelle d'Henribourg est déménagée au nouvel emplacement à l'été de 1913 et l'année suivante, l'abbé Lebel surveille la construction d'une nouvelle église. La chapelle devient ensuite le presbytère.

C'est seulement en 1928, après l'arrivée des colons polonais dans la région, qu'Henribourg aura à nouveau sa propre paroisse.

Pendant plusieurs années, l'abbé Lebel dirige sa nouvelle paroisse de Saint-Jacques d'Albertville; il se voit comme «bâtisseur d'église». «Mais en homme pratique qu'il était, il comprit que pour garder autour du clocher ses chers Canadiens français, il fallait assurer leur sécurité matérielle. Très versé lui-même dans la science agricole, il se fit le guide de tous ceux qu'il avait réussi à attirer sur des terres - homesteads à cette époque - convaincu que la terre est la plus sûre garantie de stabilité économique.»(4)

On connaît tous le travail de l'abbé Lebel dans la création de la première caisse populaire en Saskatchewan en 1916. Toutefois, ce curé énergétique encourage l'établissement d'autres entreprises coopératives dans sa paroisse. C'est sur la ferme d'Henri Pellerin qu'est érigé la fromagerie d'Albertville. «Il s'agissait d'une société alors que cinq ou six fermiers étaient responsables de son établissement, son opération et son administration. Il est facile de se souvenir avoir vu ses cinq ou six hommes se rencontrer chaque semaine, le vendredi, pour règler leurs affaires et payer ceux qui avaient contribué leur quota quotidien de lait.»5 Le premier fromager est Omer Pellerin, frère d'Henri.

En 1913, Le Patriote de l'Ouest annonçait le retour en Saskatchewan d'Henri Pellerin avec sa jeune épouse. Il s'agissait d'Adélia Bourk de Plessisville, Québec. Henri Pellerin et Adélia furent les parents de 12 enfants, six garçons et six filles.

Références

(1) Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures-One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990, p. 93. (Traduction)
(2) Ibid., p. 94.
(3) Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988, p. 232.
(4) Ibid., p. 232.
(5) Buckland History Book Committee, Buckland's Heritage, Prince Albert: Buckland History Book Committee, 1980, p. 292. (Traduction)

Sources

Un bout d'histoire.... 62

Buckland History Book Committee, Buckland's Heritage, Prince Albert: Buckland History Book Committee, 1980. p. 292.

Lapointe, Richard, 100 NOMS, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1988.

Lavigne, Solange, Kaleidoscope, Many Cultures-One Faith, The Roman Catholic Diocese of Prince Albert, 1891-1991, Prince Albert: Diocèse de Prince Albert, 1990.





 
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