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Société historique de la Saskatchewan

Des mots

Grincher

Lorsqu'on commence à étudier la façon dont parlent les Fransaskois, nous découvrons que l'origine des termes qu'ils utilisent proviennent de plusieurs sources, entre autres le langage québécois. L'acadien a également influencé le langage des Franco-canadiens de la Saskatchewan, puisque plusieurs d'entre nous retrouvons des Acadiens parmis nos ancêtres, même si ceux-ci ont passé une centaine d'années au Québec après le Grand Dérangement de 1755 et avant de venir s'installer pour de bon dans les prairies de la Saskatchewan.

C'est une des raisons pour laquelle j'étais intéressé à me procurer le Glossaire du vieux parler acadien d'Éphrem Boudreau. Même si monsieur Boudreau ne nous donne pas les origines des mots dans son bouquin, il nous rappelle que certains termes sont encore communément utilisés chez nous.

Combien d'entre nous avons utilisé l'expression «se grincher les dents»? En Acadie, on dit aussi se cricher les dents. L'abbé Étienne Blanchard, dans son Dictionnaire du bon parler, signalait qu'au Québec du 19e siècle on disait couramment gricher au lieu de grincer, le bon terme, et lui suggérait aussi le mot crisser. Enfin, voilà une découverte! Peut-être, lorsque les Québécois (ou les Fransaskois) commencent avec un crisse par ici et un crisse par là, ils ne font que suivre les conseils du bon père Blanchard et que le terme n'a rien à voir avec le Christ? Peut-être. Non?

Léandre Bergeron dans son Dictionnaire de la langue québécoise nous rappelle que le terme grincher a un autre sens que celui de ce grincer les dents. Quand on dit que ça grinche on veut dire que ça va mal. Selon Bergeron, on peut utiliser le verbe pour décrire une personne bougonneuse ou grogneuse, une personne qui chiale tout le temps.

Chose intéressante à noter, le Petit Robert n'accepte pas le terme grincher, mais toutefois on y retrouve l'adjectif grincheux «adj. (1844; variante dialectique de grincer (1611)) D'humeur maussade et revêche.»

Dans la recherche qu'ils ont effectué lors de la rédaction du Dictionnaire général de la langue française (1924), Hatzfeld, Darmesteter et Thomas ont trouvé le terme grincheux dans les documents de l'Administration acadienne de 1878.

Revenons au Glossaire du vieux parler acadien. Si parfois on veut se grincher les dents, il arrive aussi assez souvent qu'on veut se pâmer de rire, c'est-à-dire pouffer de rire. Boudreau ne peut qu'ajouter que le verbe se pâmer est dans le dictionnaire.

Enfin, une autre expression que je tire du volume d'Éphrem Boudreau: «conter des menteries» (dire des mensonges). Boudreau précise que le terme, menterie, est inconnu à Rivière-Bourgeois, en Acadie, mais je peux vous dire que le mot est fort bien connu chez les Fransaskois.

Combien d'entre nous, dans notre jeunesse, n'avons été sermonné par notre mère, notre père ou l'enseignante à la petite école pour avoir conté quelques petites menteries? Parfois... eh bien parfois il fallait inventer cette petite menterie pour expliquer qu'on n'avait pas fait son devoir de mathématiques parce qu'on n'aurait jamais eu l'audace d'annoncer à monsieur Léost, au Collège Mathieu, qu'on ne comprenait absolument rien à l'algèbre. Alors, Monsieur Léost! Aujourd'hui je suis plus vieux... plus sage... plus honnête et je dois admettre que je ne comprenais rien en algèbre!





 
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