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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Des mots

Greyer (se)

Comme je l'ai déjà mentionné dans d'autres chroniques, nos ancêtres québécois et français sont arrivés dans l'Ouest, au début du siècle, apportant avec eux un bagage linguistique de la région qu'ils venaient de quitter. Sans entrer dans une leçon de l'histoire de la colonisation de la Saskatchewan, il est bon à noter que des régions entières furent colonisées par des immigrants venus du même coin de la France, du Québec ou des États-Unis. C'est pour cette raison que certaines expressions et mots sont communs dans une région de la province et complètement inconnus dans d'autres.

Lors d'une récente réunion du bureau de direction des Publications Fransaskoises, les directeurs de cette coopérative, sans doute durant leur pause café (santé), ont pris le temps de dresser une liste de termes fransaskois. Plusieurs de ces mots me sont très familiers, mais il y en avait deux sur la liste que je n'avais jamais entendu auparavant. Malheureusement, ils ne m'ont pas donné de définition de ses termes, et dans le cas de griching bag, je ne sais pas encore ce que le terme veut dire. J'espère rencontrer un savant lors du Rendez-vous Fransaskois en fin de semaine qui saura me renseigner sur la définition et l'origine de ce terme.

L'autre des mots qui m'était inconnu, soincer, fut suggéré par madame Noëlla Girardin de Gravelbourg. Voici la définition que nous offre Léandre Bergeron: «Soincer: v.tr. – Châtier. Se faire soincer les ouies – se faire serrer la nuque.» Cette même définition, une réprimande, se trouve dans le Dictionnaire nord américain de la langue française de Louis-Alexandre Bélisle. Ce dernier ajoute qu'il a trouvé référence au mot soincer dans le Glossaire du Parler français au Canada (1930).

Poursuivons avec la liste de mots proposées par les directeurs de l'Eau Vive. On suggère le terme bête à cornes, qu'on utilisait couramment autrefois pour désigner le bétail. Il est probable qu'on utilise toujours ce terme de nos jours sur les ranchs du Sud de la Saskatchewan. Chez-nous, mon père utilisait le terme bêtes à cornes même pour les vaches, les bouvillons et les génisses qui avaient été écornés. Durant les dernières années de sa vie, il élevait surtout des Aberdeen Angus, un bovin sans corne, mais ceux-ci étaient quand même ses bêtes à cornes.

Ce terme ne semble pas avoir été utilisé dans l'Est du pays puisqu'on n'en trouve aucune définition dans aucun lexique québécois. Toutefois, dans son Livre des expressions québécoises, Pierre DesRuisseaux nous suggère l'expression: «Bête à cornes – être une bête à cornes. Etre imbécile, brute. 'C'était malgré certains traits d'esprit, une vraie bête à cornes.' Français canadien – Bête à manger du foin.»

Enfin, on me suggère le verbe se greyer. Alors que certains termes se font rares dans les dictionnaires, se greyer ou se gréer se trouve dans la plupart des lexiques canadiens français. La définition est la même dans tous les volumes, c'est-à-dire «s'habiller, s'acheter du linge, s'appareiller et meubler une maison.»

Comme en Acadie, en Saskatchewan on disait aussi «il est bien greyé d'outil» voulant dire que la personne possédait une belle collection d'outil.

Le terme figure même dans la littérature québécoise. David Rogers, dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale, a relevé l'exemple suivant: «Achète ci, achète ça, y a toujours un morceau qui manque; on greye pas un enfant du jour au lendemain.» Vézine Marcel Trudel, page 180.





 
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