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Société de la Saskatchewan
Société historique de la Saskatchewan

Revue historique: volume 16 numéro 4

Gravelbourg et sa rue principale

Un avant-goût d’Europe
par Laurier Gareau et Louis Stringer
avec la collaboration de Joselle Stringer
Vol.16 - No.4, juin 2006
N.d.l.r.: Bien que nous ayons mené des recherches approfondies, l’article suivant est basé en partie sur les souvenirs de monsieur Henri Thibodeau, un pionnier de Gravelbourg et sur des anecdotes puisées ici et là. Il est tout à fait possible que des erreurs se soient glissées dans le texte. Nous reconnaissons aussi qu’il y a eu des oublis. Les auteurs apprécieraient que toutes corrections ou additions leur soient signalées par l’entremise du Musée de Gravelbourg. Notre but est d’éventuellement avoir un portrait juste des activités commerciales sur la rue principale de Gravelbourg.

En 1906, à son arrivée dans la région qui porterait son nom, l’abbé Louis-Pierre Gravel a pu apercevoir une plaine interminable le long de la rivière La Vieille. Aucune maison, ni magasin ne venait encombrer sa vue. Mais, dans peu de temps, des marchands, des professionnels et des citadins ont bâti une jolie petite ville sur les bords de la rivière. Aujourd’hui, cent ans plus tard, la culture, le patrimoine et la spiritualité se mêlent à Gravelbourg pour faire de ce petit bijou de communauté un «avant-goût d’Europe».


Comme on peut le lire dans le site Web de Gravelbourg, «(l)es visiteurs à la communauté peuvent faire une petite promenade au long de la rue principale et bénéficier d’une variété de boutiques spécialisées et de cafés - où ils peuvent visiter les emplacements historiques nationaux. Les événements annuels comprennent le festival annuel «Solstice d’Été» en juin et le mini «Grand Prix» de Gravelbourg, qui serpente à travers la communauté chaque juillet.»(1)

En effet, la rue principale de Gravelbourg, bien surveillée par sa gare du Canadian Northern au nord et la co-cathédrale avec les oeuvres de Monsignor Maillard au sud, a toujours été le point de mire de la ville. La rue principale a beaucoup changé dans les cent dernières années, tout comme la population de Gravelbourg. En 1986, un ancien pionnier de Gravel-bourg, Monsieur Henri Thibodeau, décrivait la rue principale de la ville comme il l’avait découverte à son arrivée en 1923. Ses souvenirs ont été publiés dans une «Lecture du milieu» menée par le Service fransaskois d’éducation des adultes (aujourd’hui le SEFFA). En ce basant sur les souvenirs de monsieur Thibodeau et avec l’aide d’autres personnes, nous allons tenter dans cet article de tracer l’évolution de la rue principale depuis le milieu des années 1920. Louis Stringer a passé du temps à fouiller dans les annales de la ville pour ajouter aux souvenirs de monsieur Thibodeau. Et même si parfois monsieur Thibodeau se trompe dans ses souvenirs, qu’il manque certaines données, ce portrait des commerces que nous vous proposons devrait ajouter à notre appréciation de la rue principale comme elle est aujourd’hui à l’occasion du 100e anniversaire de Gravelbourg.

La Cathédrale de Gravelbourg
Photo: Musée de Gravelbourg
La Cathédrale de Gravelbourg et son Évéché vers 1925

Comme on l’a mentionné plus tôt, le nord de la rue principale est bien gardé par la gare du Canadian Northern construit avec l’arrivée du chemin de fer en 1913. Quelques années plus tôt, le Canadien Pacifique avait décidé que sa ligne ferroviaire allant de Weyburn, Radville, Assiniboia jusqu’à Shaunavon ne passerait pas par Gravelbourg, mais plutôt à Laflèche quelque 20 kilomètres au sud. L’abbé Louis-Pierre Gravel avait alors exercé son influence auprès du Gouvernement du Canada pour convaincre la compagnie du Canadian Northern de bâtir une ligne spéciale qui lierait Gravelbourg à la ville de Moose Jaw. «Le 30 septembre 1913, le premier train entrait dans Gravelbourg au milieu d’une population en délire.»(2)

Au cours des soixante-quatorze prochaines années, jusqu’en 1987, la gare allait servir les gens de Gravelbourg, d’abord pour le compte du Canadian Northern, puis ensuite pour celui du Canadien National. Quand le chemin de fer a abandonné la gare, c’est la Ville de Gravelbourg qui a aménagé la vieille gare. Puis, en 1997, la Ville de Gravelbourg a déménagé dans l’ancien Palais de Justice et la gare a été vendue au docteur Coneys.

Selon les propos d’Henri Thibodeau, il y avait les bâtiments suivants entre la 7e Avenue et la 6e Avenue: «En allant du nord au sud du côté ouest de la rue principale se trouvaient: l’hôtel de Joe Ranger, le garage de Joe Forcier et la Banque d’Hochelaga dont le gérant était Monsieur St-Arnaud. C’était une banque française ayant comme employés: Monsieur Morin, Monsieur Delorme, Mademoiselle Nadeau. La Banque d’Hochelaga est devenue la Banque Canadienne.»(3)

L’édifice construit par Joe Ranger portait le nom de l’hôtel Royal. Dans l’histoire de la famille Coons dans le livre Héritage, Kenneth Coons raconte qu’après la mort de Joe Ranger en 1924, la propriété a été transférée à son épouse, Louisa Émélie Auclair. Celle-ci a marié, en seconde noce, le dentiste Kenneth Coons en 1931. La même année, l’hôtel Royal a été détruite par les flammes, selon

Le Block Kendon
Photo: Musée de Gravelbourg
Le Block Kendon entre 1925 et 1935. Serait-ce l?Hôtel Royal que l?on aperçoit juste à la gauche du Block Kendon?

la version du jeune Coons. On a reconstruit l’hôtel la même année. Plus tard, durant les années 1930, le nom a été changé au Kendon Block en honneur des deux fils de monsieur et madame Coons, Kenneth et Donald.

Toutefois, une photo prise à l’époque, entre 1925 et 1930, révèle l’existence de deux bâtiments côte à côte, possiblement le bloc Kendon et l’hôtel Royal à l’endroit où on trouve aujourd’hui la régie d’alcool et l’agence d’assurance Cornet. En 1952, l’édifice Kendon a été vendu à Radio-Gravelbourg pour abriter le nouveau poste de radio CFRG. L’édifice a été rebaptisé cette année-là sous le nom de l’édifice Villeneuve en honneur du premier évêque de Gravelbourg.

En 1973, quand les postes privés ont été vendus à la Société Radio-Canada, l’édifice Villeneuve a été vendu au groupe de Paul Bonneau, le docteur Roland LeBlanc et Louis Stringer. Paul Bonneau et Roland LeBlanc ont par après vendu leurs intérêts à Louis Stringer qui est demeuré le seul propriétaire jusqu’en 1998 quand la bâtisse a été démolie. Aujourd’hui, on trouve un bel édifice moderne aux lignes européennes sur le site de l’ancien édifice Kendon, soit la régie d’alcool de la Saskatchewan.

Henri Thibodeau parle ensuite du garage de Joe Forcier. Joseph-Aimé Forcier était arrivé à Gravelbourg de Forget vers 1911. Ayant été vendeur d’équipement John Deere à Forget, Joseph-Aimé a décidé de poursuivre dans ce même commerce dans sa nouvelle ville d’adoption. Il a construit un premier garage sur le côté est de la rue principale entre la 6e et la 7e Avenue, puis, lorsqu’il est devenu concessionnaire Ford, il a bâti un nouveau garage sur le côté ouest de la rue. Durant les années 1920, le garage Forcier était une grosse entreprise à Gravelbourg avec entre 8 et 10 employés. Le nombre d’employés a baissé durant la crise des années trente. Puis, durant les années quarante, le fils de Joseph-Aimé Forcier, Albert, a pris la relève de son père. Les deux, Joseph-Aimé et son fils Albert, ont été très impliqués dans les affaires de Gravelbourg comme maire de la ville, commissaires d’écoles, membres des Chevaliers de Colomb, et impliqués dans la vie française et religieuse de la communauté.
Le garage Forcier est devenu Nortown Motors dans les années 1970. C’était la propriété de Jean Gauthier, fils d’Ernest Gauthier. Puis, c’est ensuite devenu Heritage Motors, la propriété de Robert Bissonnette et Ronald Bourgeois. Plus récemment, l’ancien Garage Forcier était Douglas’s Sporting Goods avant de devenir la Bouquinerie Gravel Bookstore.

la bâtisse de l? acienne banque d? Hochelaga
Photo: Laurier Gareau
Voici à quoi ressemble aujourd?hi la bâtisse de l? acienne banque d? Hochelaga, Devenue plus tard la Banque Canadienne Nationale

Si le bâtiment au coin de la 6e Avenue et la rue principale avait été construit pour la Banque d’Hochelaga, elle aurait déjà été la Banque Canadienne Nationale en 1923, selon des cartes des «Insurance Underwriters». Selon les recherches de Louis Stringer, l’édifice aurait été le cabinet des avocats Gravel et Gravel durant plusieurs années. Puis, en 1944, le propriétaire du bâtiment était l’avocat Ronald MacLean. De cette firme d’avocats viendrait de nombreux juges: le juge E.M. (Ted) Culliton a été juge en chef de la Cour d’appel de la Saskatchewan; le juge Alphonse Gravel a été juge de la Cour de district de Gravelbourg, le juge Allyre Sirois et le juge Omer Archambault ont tous deux été juges de la Cour du Banc de la Reine.

En face de ces commerces, sur le côté est de la rue principale, toujours en allant du nord au sud, monsieur Thibodeau se souvenait de trois commerces vers 1926: un magasin d’un monsieur Hyman, le club des Chevaliers de Colomb et le restaurant d’une madame Colleaux. Selon les livres d’imposition de la Ville de Gravelbourg, l’édifice des Chevaliers de Colomb était sur les lots 23 et 24 en 1923. Joseph Forcier était encore propriétaire des lots 21 et 22. Il y avait un salon de billard sur le lot 20 et Dan Lamothe était propriétaire du lot 19. Selon ces mêmes livres d’impositions, ce n’est que durant les années 1930 qu’un nommé Joe Hyman, un juif, aurait établi son «Magasin Général» sur les lots 23 et 24. C’est à cette même époque qu’on retrouve le restaurant de Mary Colleaux sur le lot 19, tandis que Dan Lamothe est alors propriétaire du lot 20, l’ancienne salle de billard. Ernest Dumont, lots 25 et 26 et Madame Georges Huel, lot 28, avaient aussi des propriétés sur cette rue.

En 1944, Flora Colleaux était propriétaire du restaurant à l’angle de la 6e Avenue, tandis que Fred Chevrier et Fortunat Gosselin opéraient le garage Modern Motors là où Joseph Forcier avait commencé son premier commerce à Gravelbourg. Ils étaient concessionnaires de voitures Dodge. Canada Packers, une succursale nationale, était propriétaire des lots 25 à 28.

Durant les années 1950, on voit apparaître le terrain de stationnement pour le magasin Co-op au coin sud de la rue. Le père de Bob Gamble est propriétaire du Nettoyeur Gamble et il y a aussi la station d’essence British American. Armand Arguin est propriétaire du poste d’essence.

Aujourd’hui, il ne reste que deux édifices sur cette rue, soit la clinique médicale construite par Léon Cornet et les ateliers de La Tribune de Gravelbourg. Ce bâtiment a été construit par Lucien LaRochelle de vieux bois sauvé de la bâtisse Murphy, c’est-à-dire le vieil édifice St-Germain au coin de la 6e Avenue.
Entre la 5e et la 6e Avenue, sur le côté ouest allant toujours du nord au sud, monsieur Henri Thibodeau se souvenait des bâtiments suivants vers 1926: le magasin de William St-Germain où l’on vendait du fer et des épiceries, le magasin de linge pour homme d’Ernest Cadieux, la boutique de barbier d’Élie Beaulieu, le couturier Albert Vien, le restaurant de madame Lambert, les bureaux du dentiste Goodman et de l’avocat Coutu et enfin le bureau
rue principale de Gravelbour
Photo: Université d?ottawa
Regard vers le sud de la rue principale de Gravelbourg en 1925. On y aperçoit le Paris-Café à gauche et le magasin St- Germain à droite. Remarquez l?écriteau «Departmental Store» devant le magasin. (Collection George s E. Michaud)

Le Star Café et le Magasin de 5 cents
Photo: Musée de Gravelbourg
Le Star Café et le Magasin de 5 cents durant les années 1940.

du docteur Antoine Soucy. Selon monsieur Thibodeau, «(m)onsieur Oliva Gauthier travaillait pour monsieur Beaulieu en 1923. En 1924, il est allé travailler pour monsieur Thibodeau. Il a été barbier à Gravelbourg pendant 23 ans.»(4)

Une recherche menée dans les documents de la Ville de Gravelbourg vient confirmer beaucoup des propos de monsieur Thibodeau. Selon cette enquête, William St-Germain était propriétaire de plusieurs lots au nord de la rue où il opérait son «Departmental Store». Plusieurs photos de l’époque mettent en évidence ce magasin qui, à un moment dans son histoire, ornait un beau gros écriteau sur la devanture comme on voyait seulement dans les grandes villes de l’époque. Cadieux et Beaulieu avaient aussi des commerces au sud de St-Germain, mais sur une photo on peut reconnaître l’écriteau d’un certain monsieur Forcier, agent d’immeubles.

Selon les livres d’imposition, un nommé J.-A. Hall était propriétaire de l’édifice à côté de celui du docteur Soucy, là où aurait été le restaurant Lambert. En 1944, on apprend que monsieur Hall a vendu la propriété à Peter Wong qui a établi le Star Café. C’est à environ ce même moment qu’une autre famille juive est venue s’établir à Gravelbourg, soit la famille de Charles Tarnow qui ouvre un magasin sur le lot 35.

Bien installé dans le bâtiment à l’angle de la 5e Avenue, le docteur Antoine Soucy a pratiqué la médicine à Gravelbourg de 1914 à 1950. Il a contribué à l’établissement de l’hôpital St-Joseph. Selon monsieur Thibodeau, le docteur Soucy tenait aussi une pharmacie dans son bureau.

Par les années 1950, le magasin St-Germain était devenu un magasin McBrides pour ensuite être connu sous le nom du «Murphy Building» où il y avait un salon de billard opéré par un certain «Tux» Bouffard. Durant les années 1970, l’édifice sera démoli pour y construire le Studio Électronique de Raymond Lizée.

C’est probablement à l’endroit où madame Lambert aurait eu son restaurant ou sa confiserie en 1923, qu’on a construit l’Hôtel Ambassadeur durant les années vingt. Aujourd’hui, l’hôtel existe encore sous le nom de Main Street Inn.
D’autres commerces ont fait leur apparition sur cette rue durant les années 1950 et 1960. Le magasin Fashionette, une boutique de vêtements pour femmes était opéré par les filles Duprat, Alec Allard était propriétaire de Allard’s Men’s Wear et le barbier, Bert Bouchard et son épouse, une coiffeuse, étaient installés dans l’ancien salon «Chez Beaulieu». Wong’s opérait aussi un magasin de 5 cents à côté du Star Café. L’ancien bureau du docteur Soucy allait devenir celui des docteurs Sheer et LeBlanc durant les années 1960. Aujourd’hui, le Health Center est situé dans un bâtiment à côté du Studio Électronique, le Main Street Sub est situé dans l’ancien magasin de 5 cents de Peter Wong, et Flowers’ Etc... est dans le vieux Star Café. Enfin, Al’s Custom Work et le Wood River Free Press sont dans les vieux bureau du docteur Soucy.

En face, sur le côté est de la rue principale, Henri Thibodeau se souvenait des commerces suivants vers 1926: à l’angle de la 6e Avenue, il y avait le Paris-Café (un restaurant chinois) sur l’emplacement qui serait connu pendant de nombreuses années comme la Quincaillerie Legault. Il y avait aussi les bureaux de Pick et McMillan, le restaurant de Dan Lamothe, la boucherie Legault, les bureaux du docteur Gravel et de l’avocat Gallant et la
L?édifice qui abrita le bureau du Dr Antoine Soucy
Photo: Laurier Gareau
L?édifice qui abrita autefois le bureau du docteur Antoine Soucy se Dresse toujours fièrement au coin de la 5e Avenue.

Banque du Toronto Dominion où «les services étaient en anglais, mais où un employé était francophone: Monsieur Vincent.»(5)

Le Paris Café a été le deuxième restaurant ouvert par des Chinois à Gravelbourg. Il était opéré par Art Kwan et il s’agissait d’un endroit populaire à Gravelbourg. Selon Louis Stringer, il y a des anecdotes à propos des activités au Paris Café qui frôlent les moeurs du temps et qui ne sont pas racontables.
Donat Legault a été important dans l’établissement de deux commerces sur cette rue, soit la boucherie qui existait déjà vers 1926 et la quincaillerie qui serait un point de mire important jusqu’à sa démolition en 2005. Il était venu à Gravelbourg à l’âge de 15 ans, en 1909, avec un frère aîné, Dori. Devenu acheteur de bétail, il avait éventuellement ouvert une boucherie à l’angle de la 6e Avenue et la rue Somerset. Il a déménagé sa boucherie sur la rue principale là où l’on trouve aujourd’hui le Gravelbourg Drugs. Donat Legault a aussi commencé à vendre des meubles usagés et au début des années 1940,
Une Photo de la rue principale
Photo: Musée de Gravelbourg
Une Photo de la rue principale, entre la6e Avenue et la 4e Avenue, regardant vers le sud. On reconnaît le magassin St-Germain, le magasin Cadieux, l?hôtel Ambassadeur et le Star Café. Photo prise vers 1935

il a acheté le vieux Paris Café pour se lancer pleinement dans la vente de la quincaillerie. Plusieurs de ses enfants se sont joints à lui pour faire de Legault Ltée un commerce important à Gravelbourg pendant de nombreuses années.
En 1937, Rosario «Tux» Bouffard était propriétaire du bâtiment à côté du Paris Café, puis c’était un édifice qui appartenait à un monsieur McMillan. Monsieur Pick était locataire du bâtiment McMillan. Il était Juge de Paix et vendeur d’immeubles. Le docteur Soucy avait maintenant établi sa pharmacie là où se trouve aujourd’hui Gravelbourg Drugs.

Au début des années 1960, à l’emplacement du restaurant de Dan Lamothe, le bâtiment a fait place à une deuxième quincaillerie, la propriété de la chaîne MacLeods, opéré par Roger Pittet. Entre MacLeods et Legault, à la même époque, l’épicerie de Guy Bazinet était située dans les anciens bureaux du Juge de Paix Pick. Aujourd’hui, ce bâtiment a été incorporé dans le magasin MacLeods. Toujours durant les années 1960, on y trouvait entre MacLeods et la Pharmacie Rexall, le magasin Target de Ida Charbonneau. Puis, dans les années 1970, c’était le magasin Robinson de Léo Levac. À la fin des années 1980, il y avait deux magasins: Ray Pouteaux était propriétaire d’un Deli dans l’un et Lucien Bourgeois vendait de la peinture dans l’autre. Aujourd’hui, on trouve Terry’s Bakery/Boulangerie à cet endroit, la propriété de Thérèse Bouvier.
Entre l’actuel Toronto-Dominion et Gravelbourg Drugs, le docteur Maurice Gravel partageait des espaces de bureaux avec l’avocat Thomas Gallant. Frère du curé fondateur, le docteur Maurice Gravel était arrivé à Gravelbourg en 1908 et y a exercé son métier jusqu’à sa mort en 1946. Son beau-frère, Georges Hébert, a écrit à son sujet: «Fils et petits-fils de médecin, il semble que l’exercice de la profession médicale fut en lui et son seul souci était ses chers malades.»(6) Un de ses trois fils, Joffre, deviendrait un éminent médecin en cardiologie. Fait à noter: lorsque les Soeurs du Précieux-Sang sont arrivées à Gravelbourg en 1926, le docteur Maurice Gravel leur a vendu sa maison où est situé l’actuel Heritage Place. Acadien de Chéticamp, Nouvelle-Écosse, Thomas Gallant était arrivé à Gravelbourg vers 1926 où il s’est joint à la firme d’avocat Gravel et Gravel. À la mort du juge Alphonse Gravel en 1930, Thomas Gallant a été nommé pour le succéder comme juge du District judiciaire de Gravelbourg. Il a pris sa retraite en 1951 et est décédé en 1954. Dans ce même bloc il y avait l’épicerie d’Henri L’Heureux.

En 1959, selon les livres de taxation, deux commerces avaient remplacé les bureaux de Gravel et Gallant, soit une boulangerie qui était la propriété d’Antonio Grégoire et le magasin de linge de Vic Piché. D’autres, comme Ted Verkeley et Wiebe Lemstra, deux Hollandais, ont aussi opéré une boulangerie à cet endroit entre les années 1960 et 1990. Aujourd’hui, il y a un lot vide à cet endroit.

La banque Toronto-Dominion est située à l’angle de la 5e Avenue depuis 1912 lorsqu’un monsieur Magee est arrivé à Gravelbourg comme premier gérant de la banque. En 1948, le bâtiment de la Toronto-Dominion a subi une grande rénovation et est devenu un point de mire de la rue principale. Le premier édifice de la banque Toronto-Dominion a été démoli vers les années 1960 pour faire place à l’actuel édifice.

Retraversons maintenant la rue principale pour continuer notre trajet vers le sud entre la 4e et la 5e Avenue. Henri Thibodeau se souvenait de quatre commerces sur cette rue vers 1926. Au coin de la 5e Avenue, il y avait la Royal Bank, une banque anglaise, selon monsieur Thibodeau. Puis, il y avait le magasin d’un deuxième monsieur Hyman, la boucherie d’Eusèbe Lizée et le Bureau de Poste. Il est peu probable qu’il y avait un deuxième magasin Hyman à cet endroit; monsieur Thibodeau se trompait sans doute avec le magasin Tarnow qui était situé entre la 5e et la 6e Avenue.

En même temps, soulevons que la mémoire de monsieur Thibodeau est un peu injuste quant à l’histoire de l’édifice de la Royal Bank. Ce bâtiment a été construit en 1919 par la Banque Union. Le bâtiment était encore la propriété de la Banque Union vers 1926. Il a seulement été acheté par la Banque Royale en 1929. En 1944, après la fermeture de la banque, la compagnie Jesmond Rural Telephone Company a utilisé la bâtisse comme centrale de téléphone jusqu’en 1962 quand il y a eu l’installation d’un système de téléphones plus modernes dans la région de Gravelbourg. Victor Larivière possédait la propriété où était située la compagnie Jesmond Telephone Company. Il a vendu son immeuble à Philippe Lafrance. Au fil des ans, depuis 1965, il y a eu différents salons de coiffure en bas avec appartement en haut. Le plus récent commerce dans l’édifice de la Royal Bank est DeLyne’s Hairstyling. Mentionnons qu’on y trouve encore aujourd’hui le coffre-fort de la Royal Bank dans cet édifice.

Si le bâtiment avait seulement été construit en 1919, la Banque Union était arrivée à Gravelbourg dès 1910, selon les témoignages du Juge Georges Hébert. Il parle d’un monsieur Vicq: «Il était le gérant de la Banque Union, grand ami du Père Gravel qui l’avait induit dès 1910, à faire un rapport à son bureau chef sur la prospère colonie de Gravelbourg qu’on appelait la future métropole française de la Saskatchewan. Il s’agissait d’obtenir l’autorisation d’y établir une succursale, ce qui se fit la même année, à la grande joie de la population de Gravelbourg.»(7)

Immédiatement au sud de l’édifice de la Banque Royale, Émery Allard avait ouvert, durant les années 1950, un Locker Plant pour y garder la viande au froid. Par la suite, les filles de Pierre Huel, Marion Piché et Jeanne Bouvier y ont ouvert un magasin pour femmes, La Boutique. Aujourd’hui, on trouve Minnie’s Mall dans ce bâtiment.

Le Théâtre Renaissance Gaiety a été construit en 1947 ou 1948 par Léon Jeannotte pour présenter des films aux gens de Gravelbourg. Durant les années 1950, André Nallou a acheté le théâtre Gaiety et l’Hôtel King. Il serait propriétaire de ces deux commerces jusqu’à sa mort en 1961. L’édifice est en processus de rénovation et de restauration depuis 1999: «il revit de ses meilleurs moments
Le «Lizée Block»
Photo: Archives de la Saskatchewan
Le «Lizée Block», vers 1925. On peut lire, au dessus de la première porte à gauche, que ce sont les bureaux de Georges Hébert.

de nos jours et se prête à toutes sortes d’activités tels des festivals musicaux, etc.»(8) Au musée de Gravelbourg, on retrouve des représentations des trucs publicitaires dont on se servait au théâtre dans les années 1940 et 1950.

Aujourd’hui, le propriétaire du Théâtre Gaiety Renaissance est Jack Walton.
Henri Thibodeau nous dit de la boucherie d’Eusèbe Lizée: «Monsieur Lizée louait aussi des chambres en haut de sa boucherie et sa famille demeurait à l’arrière.»(9) Eusèbe Lizée était arrivé à Gravelbourg en 1912 avec sa famille. Il venait ainsi rejoindre son frère Éphrem qui était installé dans une ferme à l’ouest de Gravelbourg depuis 1909. Eusèbe n’a pas tardé à se bâtir une maison et une boucherie le long de la rue principale. Une photo de l’époque nous révèle que le juge Georges Hébert avait ses bureaux dans le «Lizée Block». À la fin des années 1950, l’ancienne boucherie d’Eusèbe Lizée a été transformée et est devenue le populaire restaurant T & C «Town and Country» où se rassemblaient les jeunes du collège et de l’école secondaire après les heures de classe. Avant de devenir le T & C, il y avait eu un restaurant dans ce bâtiment, le Blue Boy Café. Marie-Jeanne Quirion gérait ce restaurant. Ce sont les Wong’s qui ont changé le nom du restaurant à Town and Country. Le bâtiment a changé de propriétaire à plusieurs reprises au fils des années et aujourd’hui, Julie Forest vient d’ouvrir un nouveau restaurant qui porte le nom «Le Bistro chez Julie».

Le Bureau de Poste de Gravelbourg est situé dans le même édifice sur la rue principale depuis 1928. Dans le livre Héritage, on apprend que le premier maître des
Vue de la cathédrale
Photo: Archives de la Saskatchewan
Vue de la cathédrale, la rue principale de Gravelbourg, un jour de fête, vers 1925. On aperçoit le Block Lizée à gauche e le magasin Rinfret àdroite.

postes à Gravelbourg a été Émile Gravel en 1907. Le Juge Hébert affirme dans son livre qu’il a lui-même mené une campagne en 1914 pour obtenir les pétitions et autres signatures nécessaires pour permettre à son beau-frère, le Père Gravel, de revendiquer auprès des autorités à Ottawa la construction d’un nouvel édifice pour les Postes à Gravelbourg. Un nouveau «Government Telegraph and Post Office Building» a alors été construit, en 1915, sur la rue principale à l’est du Bureau de Poste actuel. Cet édifice a été utilisé comme Bureau de Poste jusqu’en 1928. Arthur Mailhot a été maître des Postes pendant plusieurs années au début de la colonie, tandis que Joe Hamelin était télégraphiste. Selon le livre Héritage, Simon Mailhot a été nommé maître des Postes en 1933; poste qu’il a occupé pendant plus de 50 ans. Il avait commencé sa carrière à l’âge de 16 ans.

L’édifice où est présentement situé le Bureau de Poste a été déclaré site historique municipal. Selon le site Web de Gravelbourg, «(l)e deuxième étage a servi à plusieurs fins au cours des années. En 1938, le local en haut était occupé par la Gendarmerie Royale Canadienne. En 1954, la Gendarmerie avait été remplacée par le PFRA. Plus tard ce fut la résidence de Monsieur Northrup, concierge de l’édifice. Aujourd’hui le 2e étage sert comme local du Centre d’Entreprise de Gravelbourg.»(10)

Retraversons la rue principale pour retourner au coin de la 5e Avenue. Là où se trouve aujourd’hui Kim’s Fine Foods, Henri Thibodeau nous renseigne qu’en 1926, dans le même édifice, «il y avait une «pool room» de onze tables du style Boston, trois tables de «snooker» et deux allées de quilles.»(11) La salle de billard était la propriété d’Oscar Rinfret, mais c’était un monsieur Goulet qui était gérant, selon monsieur Thibodeau. Henri Thibodeau et Lucien Hébert avaient aussi leur salon de barbier et un petit magasin dans ce bâtiment où ils vendaient des boissons gazeuses, des cigares, etc. Enfin, Henri Thibodeau affirmait que Georges Hébert aurait aussi eu un cabinet d’avocat dans cet immeuble, quoi qu’une photo de cette même époque révèlerait que le juge Hébert avait ses bureaux dans le «Lizée Block» de l’autre côté de la rue.

Toujours dans ce même édifice, il y avait les bureaux des avocats Sam Bonneau et Jack Crépeau. Natif du Manitoba, Sam Bonneau avait travaillé comme journaliste durant ses années d’études au Collège St-Boniface et à l’Université du Manitoba où il avait obtenu un Baccalauréat en droit. Il était venu établir un cabinet d’avocat à Gravelbourg en 1918. En 1927, il a acheté l’imprimerie à Gravelbourg et a commencé à publier le Gravelbourg Star et une édition française, L’Étoile de Gravelbourg. Durant les années de la crise, il publiait deux autres journaux catholiques en français pour l’abbé Branch, La Voix Catholique et Le Blé qui Lève. Sam Bonneau a été maire de la Ville de Gravelbourg pendant sept ans, président du District scolaire de Gravelbourg et il a longtemps oeuvré pour l’Association catholique franco-canadienne de la Saskatchewan. Jean-Baptiste (Jack) Crépeau était arrivé à Gravelbourg en 1917, l’année avant Sam Bonneau. Les deux s’étaient probablement connus au Collège de Saint-Boniface et à l’Université du Manitoba. En 1917, Crépeau avait ouvert un cabinet d’avocat au deuxième étage de la salle de billard de Rinfret (Kim’s Fine Foods). Un passionné de la politique, Jack Crépeau était un partisan du Parti Libéral du Canada et il a eu l’occasion de présenter le premier ministre Mackenzie King lors d’une visite à Assiniboia durant les années 1920. Il était aussi un excellent violoniste et membre de l’orchestre Huel. Excellent chanteur, il était souvent invité à chanter lors de «concerts» dans diverses communautés francophones dans la région de Gravelbourg.

En 1944, le bâtiment Rinfret avait été vendu à Hermine Lambert qui opérait un magasin à cet endroit. Durant les années 1950, Émery Allard était devenu propriétaire de l’édifice et il avait ouvert une épicerie IGA. Plus tard, son fils Gaëtan a repris le commerce qu’il a géré jusque dans les années 1990. Pat’s Fine Foods s’est installé dans le vieil édifice pendant quelques années. Puis c’est la famille koréenne de John Oh qui a pris la relève et qui a ouvert Kim’s Fine Foods à la fin des années 1990.

En 1926, il y aurait eu une bijouterie à côté de la «pool room», selon monsieur Thibodeau. Joe L’Heureux en était le propriétaire. Un entrepreneur de cette époque, Napoléon L’Heureux, avait eu un commerce sur cette rue. En consultant les pages du livre Héritage, on apprend que Napoléon L’Heureux avait construit l’élévateur à grain qui deviendrait la United Grain Growers. «Une autre entreprise fut une boucherie située à 409, rue Centrale. Il avait son abattoir à deux ou trois cents mètres au sud-ouest du gymnase du Collège.» Toutefois, il a été impossible de fixer les dates d’opération de la boucherie. Joseph L’Heureux, le frère de Napoléon, était propriétaire d’une bijouterie en 1926. Cet édifice a par la suite été le bureau du dentiste Raymond Piché jusqu’en 1974 et le bureau de l’agent d’immeubles, Victor Préfontaine jusqu’à la fin des années 1980. Aujourd’hui le bâtiment est connu sous le nom du Petit Marché.

Vers 1926, la municipalité rurale de Gravelbourg #104 avait ses bureaux dans l’édifice au sud du futur Petit Marché. Selon les souvenirs de monsieur Thibodeau, le gérant de la municipalité était Hector Fortin à cette époque. Il est probable que Réal Forest ait acheté l’édifice de la municipalité. Pendant plusieurs années, son épouse, Julie, a opéré la boutique «Forest Cadeaux et Jouets» dans cet édifice.

À l’endroit où se trouve aujourd’hui la salle des Chevaliers de Colomb, il y avait en 1926, selon Henri Thibodeau, le théàtre d’un monsieur Dumont. Le gérant du théâtre était un monsieur Chabot. Le théâtre était connu sous le nom de Modern Theatre. Selon les souvenirs de certains, une des filles Lemoine venait jouer le piano pour les films muets. Le théâtre a été détruit par les flammes et Ernest Gauthier a rebâti l’édifice actuel des Chevaliers de Colomb. Pendant plusieurs années, il était concessionnaire de Massey Harris. À cette époque, durant les années 1940, les Chevaliers de Colomb étaient propriétaires de l’édifice sur le coin nord-ouest de la 3e Avenue. Ernest Gauthier aurait échangé de propriété avec les Chevaliers de Colomb, selon la recherche de Louis Stringer. Aujourd’hui, on y trouve toujours la salle des Chevaliers de Colomb.

Au 409 de la rue Centrale, dans l’ancienne boucherie de Napoléon L’Heureux, il y avait un autre barbier en 1926, un nommé Bédard.

L’histoire des restaurants chinois à Gravelbourg date de plus de 80 ans. À l’endroit où se trouve aujourd’hui le Peking Garden Family Restaurant, il y avait en 1926 un restaurant chinois, le Y.W. Café. Dans le livre Héritage, on en apprend un peu plus au sujet du Y.W. Café. «Le premier restaurant à Gravelbourg fut le Y.W. Café qui est maintenant le Dragon Seed Restaurant. Construit par Pierre Jauretche et Jean-Baptiste Brousse, il a toujours été opéré par des Chinois... Durant les années 1930, 1940 et 1950, le restaurant fut appelé le Regent Café et était géré par Tony Kwan et Jerry Kwan.»(12) Pierre Jauretche et Jean-Baptiste Brousse, deux Français, étaient venus à Gravelbourg en 1906 avec l’abbé Joseph-Albert Royer, curé fondateur de Notre Dame d’Auvergne aujourd’hui Ponteix.

Durant les années 1980, le restaurant était la propriété
La pharmacie O?neil à droite
Photo: Laurier Gareau
La pharmacie O?neil à droite, anciennement la Pharmacie de Guy Gravel et La Financière Gravelbourg Financial.

de Jung Lam Ly et Lam Ngu Yen et avait été renommé le Dragon Seed Restaurant. D’autres restaurants ont été la propriété de Chinois au fil des ans, comme le Paris Café, le Star Café et le T & C.

Et à l’angle de la 4e Avenue, il y avait en 1926, le magasin général d’Oscar Rinfret. «Ses employés étaient Monsieur Félix Lamarre, Monsieur S. Bachant, Monsieur Alex Desautels. Dans ce magasin, on vendait du fer, de l’épicerie, d’autres «fournitures». Il y avait aussi un département de vêtements pour femmes où travaillait Mademoiselle Émilia Boutin qui est maintenant Madame Émilie Coulombe.»(13) Par le milieu des années 1940, le magasin Rinfret avait fait place à l’Hôtel King qui était la propriété de Claire Dumont. En 1947, les Dumont ont vendu l’hôtel à un monsieur McKinnon et l’emplacement était géré par Léon Jeannotte, propriétaire du Théâtre Gaiety, qui a vendu son théâtre en 1950 à monsieur Nallou qui a aussi acheté l’Hôtel King. Au début des

La boucherie Bélan
Photo: wetern Canada Poctorial Index
La boucherie Bélan entre la 3e et la 4e Avenue. Vers 1920

années 1970, plusieurs entrepreneurs francophones ont investi dans un grand projet de rénovation de l’Hôtel King. L’édifice a été renommée Le Château, mais il a été détruit par les flammes à la veille de son ouverture officielle. Quelques années plus tard, la Caisse populaire de Gravelbourg a construit une nouvelle banque à cet endroit.

Les recherches de Louis Stringer ont révélé la présence d’autres commerçants sur cette rue au fil des ans, comme P.H. Bédard, Claire Gagnon, Napoléon Chevrier, qui gérait son propre Hôtel Bessborough à Gravelbourg et un monsieur Dubuisson qui était courtier à la bourse et qui a fait banqueroute avec l’arrivée du Krach d’octobre 1929.

Au coin de la 4e Avenue, sur le côté est de la rue principale, si l’on regarde vers l’ouest, au sud du Bureau de poste, on aperçoit un bâtiment dont l’usage n’a pas changé depuis plus de 90 ans. Pendant longtemps, c’était la Pharmacie Gravel. Guy Gravel, le benjamin des frères Gravel, était arrivé à Gravelbourg en 1908. «Aimant l’écriture, le chant, le théâtre, Guy rêvait davantage à Paris qu’à la prairie. Mais son attachement à la famille l’emporta et, aussitôt reçu pharmacien, il accourut à Gravelbourg où il se fit construire une petite pharmacie en 1908.»(14) Guy Gravel a été propriétaire de la pharmacie à l’angle de la 4e Avenue jusqu’à sa mort en 1954. Devenu la propriété du docteur Rosario Morin, la pharmacie a continué sous le nom de Pharmacie Gravel jusque dans les années 1970 quand elle a été vendue à Ron O’Neill. Au temps du docteur Morin, le pharmacien était un Franco-manitobain, Gilbert Dupas. Aujourd’hui, l’ancienne Pharmacie Gravel continue de surveiller la rue principale, même si elle porte maintenant le nom de Pharmacie O’Neill. Durant les années 1950, le docteur Rosario Morin avait bâti ses bureaux immédiatement à l’ouest de la pharmacie. Auparavant, Sam Bonneau avait eu son imprimerie à cet endroit.
Au sud de la Pharmacie Gravel, il y avait, en 1926, le restaurant de monsieur J.H. Lambert. Puis, il y a eu une confiserie dans cet édifice. Selon les recherches de Louis Stringer, les frères Morin avaient leur bijouterie à cet endroit pendant quelques années avant de déménager dans le bâtiment qui est aujourd’hui le Café Paris. C’est là que Rose Blouin a eu son salon de coiffeuse pendant plusieurs années. Aujourd’hui, Denis L’Heureux est le propriétaire du bâtiment d’où il dirige la Financière Gravelbourg Financial.

Un autre restaurant, celui de monsieur Roy, aurait été dans un édifice qui est aujourd’hui disparu. Selon monsieur Thibodeau, «Monsieur Roy ... lui aussi louait des chambres en haut.» Monsieur Thibodeau se souvenait aussi d’un bijoutier, Monsieur Landry, qui était co-locataire dans la même bâtisse que le restaurant de monsieur Roy. Aujourd’hui, le bâtiment de monsieur Roy a été remplacé par un autre immeuble. Louis Stringer a trouvé une référence à Léon Jeannotte qui aurait construit le bâtiment actuel et qui aurait opéré une agence John Deere à cet endroit avant son départ pour l’Alberta en 1950 ou 1951. Durant les années 1960, la Caisse populaire de Gravelbourg se trouvait à cet endroit. Quand la Caisse a construit une nouvelle banque au coin de la 4e Avenue, durant les années 1970, c’est la Municipalité rurale de Gravelbourg qui a aménagé dans ce bâtiment. Aujourd’hui, on y trouve aussi les bureaux de l’Administration du rétablissement agricole des prairies (ARAP).

Dans ses souvenirs, monsieur Thibodeau se rappelait que vers 1926, l’imprimerie de monsieur Coulombe se trouvait à l’est de la rue principale, entre la 3e et la 4e Avenue, probablement là où se trouve aujourd’hui Parkview Motors. Une photo de l’époque révèle la présence du Garage Huel et d’un autre bâtiment, possiblement l’imprimerie Coulombe. Lorsque Sam Bonneau a acheté l’imprimerie en 1927 et fondé les journaux le Star et L’Étoile de Gravelbourg, il s’est d’abord installé à l’ouest de la pharmacie Gravel et ensuite sur la rue principale dans l’édifice qui est maintenant Carrobourg Accounting, la propriété de Ronald Carrobourg. Le Star Print Shop a été dans la famille Bonneau jusqu’en 1974 et a été opéré par son fils Paul Bonneau jusqu à ce qu’il soit vendu à Bruce Pitfield. Ce dernier a revendu au boulanger hollandais, Wiebe Lemstra qui en a fait une boulangerie. Smith’s Bakery a été le prochain locataire de cette propriété avant qu’elle soit vendue à Ronald Carrobourg.

Une autre boucherie faisait pignon sur rue à Gravelbourg
Le Garage Huel
Photo: Musée de Gravelbourg
Le Garage Huel au coin de la 4e Avenue vers 1925

durant les années 1920. D’abord la propriété d’un monsieur Belan, Arthur Beauregard aurait probablement pris la relève vers 1924 ou 1925. Il en aurait été propriétaire pendant trois ans. En 1927, Lionel LeBlanc a acheté l’édifice pour devenir le troisième boucher à cet endroit. Lionel LeBlanc’s Groceries and Meats allait devenir une institution à Gravelbourg. En 1953, Gérald LeBlanc a acheté le magasin de son père. Il s’est affilié à la chaîne Red & White et, en 1962, il a acheté et rénové un édifice plus grand à l’angle de la 3e Avenue, l’ancienne salle des Chevaliers de Colomb et du concessionnaire Massey Harris. L’édifice aurait été une salle de billard avant d’être transformé en confiserie durant les années 1970, par l’enseignant Ronald Loiselle et son épouse Lorraine Blouin. Loiselle’s Confectionery a été à cet endroit jusqu’au début du XXIe siècle quand la propriété a été vendue à Louise et Paul Lalonde qui opèrent aujourd’hui Lalonde’s Confectionery and Movie Rental dans la vieille boucherie de monsieur Belan.

Selon monsieur Thibodeau, il n’y avait pas d’autres commerces au sud de la boucherie Beauregard en 1926. Pendant longtemps, entre 1950 et 1985, Noé Morin avait sa bijouterie dans un édifice juste au sud du magasin de Lionel LeBlanc. En plus de vendre toutes sortes de bijouterie, Morin’s Jewellers était aussi l’endroit primé pour tous les besoins photographiques. L’édifice directement au sud de la bijouterie Morin a possiblement été construit par Madame Huel, celle qui était connue sous le sobriquet de Tantine. À un temps, Léon Jeannotte était propriétaire de cet édifice et y opérait une salle de cinéma, le Legion Theatre. Les gérants du théâtre étaient deux Français, André Nassan et Pierre Jauretche. Une anecdote du temps raconte que les deux Français embauchaient des jeunes garçons pour aller sonner aux portes et annoncer le prochain film. En retour, ils avaient une entrée gratuite. Jeannotte a vendu la bâtisse au gouvernement de la Saskatchewan qui s’en est servi comme la régie d’alcool à partir des années 40. Au début du XXIe siècle, une nouvelle régie a été construite au nord de la ville sur le coin ouest de la 7e Avenue.

En 1962, Gérald LeBlanc a aménagé son magasin Red & White dans l’ancienne salle des Chevaliers de Colomb à l’angle de la 3e Avenue. Construit comme un garage par les frères Huel, l’édifice a été acheté par les Chevaliers de Colomb qui en ont été propriétaires pendant longtemps. Durant le séjour des Chevaliers de Colomb, il y avait une salle de quille au deuxième étage. Durant les années 1940, les Chevaliers de Colomb et Ernest Gauthier se sont échangés de bâtiments. Gauthier y a installé son agence Massey Harris jusqu’au début des années 1960. Puis, pendant 36 ans, Gérald LeBlanc a servi la population de Gravelbourg et de la région de son magasin Red & White sur le coin de la 3e Avenue. Toutefois, en 1998, lorsqu’il a voulu prendre sa retraite, il n’a pas pu trouver quiconque pour prendre la relève. Le magasin Red & White a fermé ses portes et est resté vide pendant quelques années. En 2002, la Ville de Gravelbourg a acheté l’immeuble. André Chevrier a loué un espace pour ouvrir un nouveau magasin, Styles. Monsieur Chevrier offre une panoplie de marchandises dans ce magasin. Au même moment, le Musée de Gravelbourg et district a aménagé dans la partie nord du magasin. Aujourd’hui, le Musée est en voie d’être déménagé au 2e étage de l’édifice Styles.
Le Palais de Justice
Photo: Musée de Gravelbourg
Le Palais de Justice sur la 3e Aveue vers 1935



Dans cette rue, il y a aussi eu à un temps le commerce de Michaud-Levac qui s’occupait de la réparation des radios et des télévisions.

En face, à l’est de la rue entre la 3e et la 4e Avenue, monsieur Thibodeau ne parle que de l’imprimerie Coulombe en 1926. Il y avait aussi le Garage Huel sur le coin nord de la rue. Pierre Huel était le deuxième fils d’Adolphe Huel, venu à Gravelbourg en 1918 de Forget, Saskatchewan. Il a fondé le Garage Huel vers 1924-1925. Pierre Huel a été membre de l’orchestre Huel pendant plusieurs années. Il était concessionnaire de voitures Chevrolet à Gravelbourg. Son gendre, Ernest Phillipson, avait le garage Parkview Motors à l’autre bout du bloc. George Spronken était un électricien qui avait son commerce entre les deux. Aujourd’hui, Parkview Motors est la propriété de Brent Douglas.
Au sud de la 3e Avenue, deux autres bâtiments nous intéressent avant notre arrivée à la co-cathédrale de Gravelbourg. À l’angle de la 2e Avenue, sur le côté ouest de la rue principale, on trouve aujourd’hui les appartements O.M.I. Il s’agit là du premier Palais de Justice à Gravelbourg. Le District Judiciaire de Gravelbourg a été fondé en 1918 et les Appartements O.M.I. ont été construits comme Palais de Justice et prison la même année. En 1928, un nouveau Palais de Justice a été construit de l’autre côté de la rue. Aujourd’hui, la Ville de Gravelbourg a ses bureaux dans l’ancien Palais de Justice. On y trouve aussi le cabinet de l’avocat Louis Stringer.

Enfin, pour terminer notre randonnée le long de la rue principale, nous arrivons à la co-cathédrale de Gravelbourg. D’abord baptisée en honneur de Sainte-Philomène en 1918 quand elle a été construite, l’église de Gravelbourg est devenue la Cathédrale du nouveau diocèse de Gravelbourg créé en 1930 avec Monseigneur Villeneuve comme premier évêque. Elle a été rebaptisée Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption en 1965 quand on a remis en question la sainteté de Sainte-Philomène. Avec la dissolution du diocèse en 1998, elle est devenue une co-cathédrale. En juillet 1995, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada recommandait la désignation de Site historique national au «Complexe religieux de Gravelbourg» qui comprend la cathédrale, l’évêché et la couvent Jésus-Marie, dit Collège Thévenet. Ce qui fait la merveille de la co-cathédrale se sont les toiles peintes par Monsignor Charles Maillard, P.D., curé de Gravelbourg de 1917 à 1935.

Notes et références
(1) Site Web de Gravelbourg, www.atouchofeurope.net/f_html/f_home.html.
(2) Hébert, Georges, Les débuts de Gravelbourg, Gravelbourg, SK., 1965, p. 29.
(3) Lecture du milieu, Gravelbourg, Service fransaskois d’éducation adultes, Gravelbourg, Saskatchewan, 1986, p. 34.
(4) Ibid., p. 34.
(5) Ibid. p. 35.
(6) Hébert, Georges, op.cit., p. 86.
(7) Ibid., p. 21.
(8) Site Web de Gravelbourg.
(9) Lecture du milieu, op.cit., p. 34.
(10) Site Web de Gravelbourg.
(11) Lecture du milieu, op.cit., p. 35.
(12) Héritage, Gravelbourg – District, 1906-1985, Gravelbourg Historical Society, Gravelbourg, 1987, p. 8. (Traduction de l’auteur.)
(13) Lecture du milieu, op.cit., p. 35.
(14) Héritage, op. cit., p. 396.





 
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