Des motsGouine (2)Il m'arrive souvent que je ne cherche pas assez loin lorsque j'écris cette chronique. Madame Colleen Gerwing de Saskatoon m'envoyait une carte postale pour me signaler que j'avais omis un sens au mot gouine dans la Parlure fransaskoise du 22 mars dernier. Elle écrit: «J'ai regardé mon dictionnaire Collins-Robert (anglais/français) pour chercher le mot gouine. Évidemment, en anglais c'est dyke. J'ai cherché dyke: lesbian (gouine). Pourquoi est-ce que je ne vois pas ce sens dans votre article? En anglais, dyke est utilisé par les hommes qui sont contre les homosexuelles, mais pour la plupart d'entre-elles c'est un mot de fierté. Pour certaines ce n'est pas «une femme de mauvaise vie». C'est un peu comme le mot squaw. Maintenant c'est utilisé par les blancs comme une insulte, mais jadis c'était un mot qui décrivait une femme de grande sagesse.» Madame Gerwing a certainement raison, puisque lorsque j'ai reçu sa carte postale, j'ai vérifié dans le Petit Robert. Dans ce dictionnaire, on nous propose deux définitions pour le mot gouine: une prostituée (une femme de mauvaise vie) et une homosexuelle (dyke). Madame Gerwing doit me pardonner cet oubli. Ce n'est pas que je ne voulais pas en parler, mais plutôt, comme je l'ai dit plus haut, je n'avais pas explorer à fond le sens du mot gouine. Je me suis tenu exclusivement au sens qu'on donne au mot au Canada français. Madame Gerwing doit reconnaître que même si le Collins-Robert, ou mon Petit Robert, donne une certaine définition à un mot, cela ne veut pas nécessairement dire que le terme est utilisé dans ce sens au Canada français. Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, et Léandre Bergeron, dans son Dictionnaire de la langue québécoise, n'offrent qu'une seule définition au mot gouine soit celui d'une femme de mauvaise vie, une prostituée. C'est le seul sens qu'est couramment utilisé au Canada français. Les Canadiens français ont sûrement développé leur propre langage pour parler des homosexuelles. Un terme que j'ai déjà entendu pour parler de la dyke c'est une dogue venant de l'anglais «dog» et qui veut dire un gros chien de garde à nez écrasé et à lèvres pendantes. Il y a sans doute d'autre termes communs au Canada français, et, je crois que madame Gerwing sera d'accord avec moi, aucun ne sera trop favorable aux homosexuelles. Le sexe a donné naissance au Canada français à une série d'expressions et de termes. Lorenzo Proteau dans un petit volume intitulé La Parlure Québécoise nous en propose certains. Les voici: Avoir d'la mine dans l'crayon – montrer de remarquables dispositions à l'horizontale. Se dit d'un homme inépuisable, gaillard. Deux minutes, c'est correct, trois minutes c'est jouer avec – se dit lorsque quelqu'un fait un séjour prolongé dans la salle de bains. Se faire prendre la pine à l'air – être surpris en train d'uriner ou de copuler. Un coureur de jupons – se dit d'un homme qui aime les femmes. Elle a passé en dessous du bogué (buggy) – se dit d'une femme qui a passé la nuit avec un homme qui n'est pas son mari. Chaude comme une mère lapin – se dit d'une femme très affectueuse. |
|