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Des mots

Gibelotte

Dans cette chronique, je veux compléter la liste de termes et des expressions que m'avait soumise une lectrice de Régina. Celle-ci propose l'expression «faire une gibelotte avec des restants.» Dans certains foyers de la Saskatchewan on disait aussi «faire une popote avec des restants.»

Le terme gibelotte a beaucoup évolué au cours des années. Dans le Larousse de l'ancien français, on trouve le mot gibelet «n.m. (1162 Flamand) 1. Gibier, terme de cuisine. – 2. Abattis de volaille.» Dans l'ancien français, le terme correspondait à la viande même et non pas au mets qu'on préparait avec celle-ci.

Le Dictionnaire général de la langue française (1924) nous propose la définition suivante: «gibelotte s.f. (Etymologie. Même radical que l'ancien français gibelet, façon d'accommoder les oiseaux, lequel paraît se rattacher à gibier. Laissez cuire vostre gibelotte, École des officiers de bouche, p. 341. Administration Acadienne, 1762.» Cette dernière nous rapproche donc de l'utilisation contemporaine de la préparation d'un mets.

Bélisle, dans son Dictionnaire nord-américain de la langue française, nous dit qu'il s'agit d'un ragoût de lapin, tandis que David Rogers dans son Dictionnaire de la langue québécoise rurale nous rassure qu'il s'agit «d'un mets composé de plusieurs viandes.»

Lorsqu'on parle de gibelotte, on parle donc d'un mets qui peut être préparé avec de la volaille, du lapin ou toutes autres viandes. Toujours dans le dictionnaire de David Rogers on peut lire: «Et dans l'énorme bouilloire, tambour de cuivre occupant la moitié de la scène, mijote déjà un ensemble de truite, castor, orignal, porc, boeuf, perdrix, lapin, lièvre et poulet. Enfin, un ragoût clair, en l'honneur du lac aimé. Les hommes en causent encore, après dix ans, de cette glorieuse et vive gibelotte.» (À la hache, page 202-203.)

En anglais, ce met porte le nom de «hash» ou encore de «potluck». Le terme popote semblerait se rattacher davantage au deuxième sens de gibelotte que l'on retrouve dans plusieurs dictionnaires comme celui de la langue québécoise de Léandre Bergeron. Bergeron nous dit qu'une popote et une gibelotte sont des mets mal préparés. Je n'ai jamais préparé une gibelotte, mais je peux reconnaître qu'il soit possible de mal la réussir. Après tout, si on n'ajoute pas tout à fait assez de volaille pour enlever le goût du castor, et assez de lapin pour ajouter un petit piquant au porc, le tout sera gâché.

Le terme restants, lorsqu'on parle des restes d'un repas, n'est foncièrement pas faux. Selon le Petit Robert, «Restant adj. (1560; de rester) Qui reste, qui subsiste d'un ensemble, après disparition des autres éléments de cet ensemble.»

Dagenais, dans son Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, précise qu'il est mieux d'utiliser le terme restant au lieu du mot anglais balance quoiqu'il n'utilise pas le terme pour les restes de la table, mais dans le sens de «aller porter le restant chez votre voisin.»

Quant à lui, Bélisle reconnaît qu'on dit plus couramment le reste. Toutefois, qui pourrait s'empêcher d'utiliser une expression comme «tu donneras les restants au chien.»





 
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