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Société historique de la Saskatchewan

Des lieux

Garonne

Un bout d'histoire....(14)

Bellevue: Le chemin de fer va passer prochainement à Bellevue, il n'en est plus qu'à 25 milles. Il va traverser la contrée, et la station d'après tous les renseignements, va être placée à environ 2 milles et demi de l'église.

Le Patriote de l'Ouest
le 5 octobre 1910


Au tout début, Saint-Isidore de Bellevue fait partie de la vieille paroisse de Saint-Antoine de Padoue, Batoche. Dès 1885, plusieurs familles métisses sont installées à quelques milles à l'est de l'église de Batoche. Azarie Gareau, un Canadien français de Saint-Jacques l'Achigan est venu prendre un homestead dans la région en 1882. Il est un des rares Canadiens français dans la région à cette époque. Isidore Dumas, un Canadien français marié à une métisse, vit aussi dans la région de Bellevue en 1902, ainsi que Philippe Chamberland. Isidore Dumas était parent avec Michel Dumas, celui qui avait accompagné Gabriel Dumont aux États-Unis après la défaite à Batoche en 1885.

Au tout début, il ne semble pas y avoir personne qui habite la région près de la butte Minichinas. Azarie Gareau et les quelques familles métisses semblent tous être installés près de la réserve du chef indien Une Flèche.

C'est donc dans cette région qu'on ouvre la première école en 1885. En effet, cette école est située deux milles au sud et un mille et quart à l'ouest du village actuel. En 1885, le terrain semble appartenir à un Métis nommé Gariépy. Azarie Gareau et les Métis du coin demandent et reçoivent la permission du lieutenant-gouverneur, Edgar Dewdney, d'établir un district scolaire catholique, le premier dans les Territoires du Nord-Ouest.

L'école est située à deux milles au sud du homestead d'Azarie Gareau. Il devient le premier enseignant, mais puisque c'est trop de travail, il fait venir sa soeur, Rosanna, qui enseigne un an ou deux avant de marier
Philippe Chamberland en 1892.

Dans les années qui suivent, même si la région continue à faire partie de la paroisse de Saint-Antoine de Padoue, on lui donne le nom de Garonne.

Jusqu'en 1897, Azarie Gareau et les Métis s'étaient rendus à Batoche pour leur courrier. Le père Julien Moulin, o.m.i, avait ouvert un bureau de poste dans son presbytère en 1884. Au cours des prochaines années, le bureau de poste de Batoche est situé soit dans le presbytère ou dans le magasin de Solomon Venne.

Avec l'arrivée de plusieurs nouvelles familles en 1896 (les Gaudet et Grenier), Azarie Gareau demande alors à Ottawa la permission d'ouvrir un nouveau bureau de poste. Il l'établit sur son homestead, le carreau NE10-44-28-W2, le 1er octobre 1897. «Depuis qu'Azarie Gareau avait un bureau de poste (1897), on appelait les lieux du nom de Garonne. Lorsque Azarie avait fait la demande d'un bureau de poste, il aurait demandé le nom de Gareau; mais lorsque l'étampe arriva, le nom imprimé était celui de Garonne: était-ce confusion linguistique?»(1)

Azarie Gareau opère le bureau de poste jusqu'en 1915. Par la suite, le bureau de poste Garonne est déménagé deux milles à l'est chez Edmond Gaudet où la femme de ce dernier, Delvina, devient alors maîtresse de poste. Elle détient ce poste jusqu'en 1925 quand elle est le cède à sa fille Agnès. (Ma tante Agnès, comme elle était connue de tout le monde à Bellevue, est demeurée maîtresse de poste jusqu'à sa retraite vers la fin des années 1960.)

Lorsque l'abbé Pierre-Elzéar Myre arrive pour fonder la paroisse de Saint-Isidore de Bellevue en 1902, plusieurs autres familles francophones sont venues s'installer à Garonne: Ashby, Gaudet, Gauthier et Grenier pour n'en nommer que quelques-unes. Mais il y a toujours plusieurs familles métisses dans la région: Dumont, Gariépy, Légaré, Parenteau, Pépin et Smith. L'abbé Myre choisit alors d'établir son église entre les deux groupes, c'est-à-dire dans la vieille école construite en 1885.

«Mais M. Myre avait son homestead sur le carreau SE2-44-28... Sur ce carreau, une ancienne école et une maison sont encore debout.»(2) C'est le carreau qui avait appartenu à un Gariépy en 1885.

L'école est vide depuis plusieurs années. Il ne semble pas y avoir eu d'enseignant après le mariage de Rosanna en 1892. Puisqu'ils n'ont pas beaucoup d'argent, les paroissiens décident de rallonger l'école pour faire place à un sanctuaire. La vieille maison pourra éventuellement être transformée en presbytère.

Avec la création de la paroisse, d'autres familles viennent s'établir à Bellevue: Coderre, Éthier, Houle, Langlois et Leblanc. Le curé décide alors d'ouvrir un deuxième bureau de poste dans son presbytère, celui de Saint-Isidore de Bellevue. Lorsque le curé vendra son homestead à un nommé Honoré Beaulieu en 1907, celui-ci ouvrira un magasin et prendra en charge le bureau de poste de Saint-Isidore de Bellevue.

Ce deuxième bureau de poste opère jusqu'en 1927, un an après le déménagement de l'église au site de l'actuel village de Bellevue. Cette année-là, 1927, les bureaux de poste Garonne et Saint-Isidore de Bellevue sont jumellés en en celui de Bellevue. Et qu'advient-il du chemin de fer? Il ne se rend jamais à Bellevue; la gare la plus proche sera celle de Domrémy, sept milles à l'est.

La semaine prochaine, nous poursuivrons avec cette histoire de Saint-Isidore de Bellevue. Il sera question de la construction de la première église.

(1) Gaudet, abbé Roland, St. Isidore de Bellevue, 1902-1977, Saint-Louis: Roland Gaudet, 1977, p. 6.
(2) Ibid., p. 7.

Sources:

Dubuc, abbé Denis et Gaudet, abbé Roland, Généalogies des familles de la paroisse de St-Isidore de Bellevue, Sask., Saint-Louis: Roland Gaudet, 1970.

Gaudet, abbé Roland, St. Isidore de Bellevue, 1902-1977, Saint-Louis: Roland Gaudet, 1977.

Lapointe, Richard et Tessier, Lucille, Histoire des Franco-Canadiens de la Saskatchewan, Regina: Société historique de la Saskatchewan, 1986.





 
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