Des lieuxForgetM. Marchand de Forget, était de passage en cette ville au cours de la semaine. Le Patriote de l'Ouest le 25 mars 1915 À une époque, le petit village de Forget dans le sud-est de la Saskatchewan était une communauté très francophone. Aujourd'hui, il y a encore des francophones dans cette communauté mais on entend rarement parler d'eux. Forget a été nommé en honneur du dernier lieutenant-gouverneur des Territoires du Nord-Ouest, et le premier de la province de la Saskatchewan, Amédée-Emmanuel Forget. Le premier bureau de poste du district portait le nom d'Alma. Il a été établi en mars 1897 sur le terrain de François Zoël DeGagné, le carreau NO-24-8-7-W2. «Son premier et seul maître de poste a été François Zoël de Gagné. Un fait divers intéressant est que les revenus de ce bureau de poste entre le 1er juillet et sa fermeture à la fin de l'année a été de seulement 5,37 $. Le salaire du maître de poste, selon les revenus de l'année précédente, était de 14,75 $.»1 Le district de Forget était à l'extrême ouest du territoire de colonisation de l'abbé Jean-Isidore Gaire, fondateur de Cantal et Bellegarde. Il est alors tout à fait naturel que des Français, des Belges et des Canadiens français aient été nombreux à venir s'installer dans la région à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Parmi ceux qui se sont établis à Forget entre 1892 et 1905 mentionnons Fernand et Eugène DeBeer, Antoine Bernhardt, Vincent Tourand, Isidore, Victor et Jean Perpette, Julius Morard, Cyprien, J.B. et Louis Michand, Joseph Dornier, Alphonse Jeannotte, Émile Boniver, Raoul Larrivée, Prosper et H. Huriet, Louis et Émile Laurent, Ernest Taillon, Auguste et Pierre Thieven, Henri Chambors, Joseph Pratte, Daniel Bezaird, J.A. Lebrine, Louis Siaud, Félix Jadelot, Jean B. Jacquemont, Léon Defosse, Théodore et François DeWild, Félix Lalond, Lucien Gavroy, Narcisse Perrault, François-Zoël, Georges et Joseph DeGagné, Yves Mazevet, Jules Caron, Emmanuel et Jules Marcq, Pierre Plouvies, Henri Halbardier, Dieuvorine Perran, Xavier Donais, Fortunat, Cyrille, Adalbert et Narcisse Marchand, Julien et Julien fils Padois, Auguste Parisot, Émile et C.V. Humbert, Aimable Hébert, A. Fontaine, Michel, Jérémie, C.W. et Azère Foy, Pierre Gérard, Ernest et Victor Paradis, Joseph Fournier, Charles Malinge, Léonard, Thomas et William St-Germain, Alphonse Lapierre, Joseph LaFrance, Eugène Denisot, Adonis Poquet, Maurice Kimpe, Émile Blain, Gustave LeBreton, Victor Moulin, H.M. Michaud, Hubert Mabee et Ernest, Camille et Édouard Guillemin. Les frères Guillemin arrivent vers 1892 et deviennent tôt de gros fermiers de la région. «Aux alentours de 1910, le plus riche agriculteur de la Saskatchewan, au témoignage du Dr. A. Doiron de Vonda, était Édouard Guillemin, de Forget. Venu d'Ambacourt (Vosges) en 1892 avec peu de ressources, vingt ans après il cultivait 6,880 acres. Son fils, Camille, est mort en 1955, à 81 ans, laissant trois fils également cultivateurs.»2 La plupart des colons français de Forget prennent des homesteads dans les Townships 7 et 8 Rang 7. Il y a même des femmes francophones de la région qui se prévalent de leur droit à un homestead: Josephine Halbardier en 1892, Clara Boissard en 1899, Josephine Hotton en 1900 et Josephe Paradis en 1902. Le plus fameux des colons de Forget a certainement été l'ancien lieutenant de Louis Riel lors des troubles au Manitoba en 1869-1870. Ambroise Lépine prenait comme homestead en 1902 le carreau SO-28-7-7-W2. Ses voisins sont Joseph Pratte, J.A. Lebrine et Daniel Bézaird. Nombreux ont été les francophones qui ont été propriétaires de commerce à Forget. Entre 1905 et 1910, le village avait son propre journal, le Forget Mail. Un nommé Gavroy en était copropriétaire avec un anglophone, Percy Davis. Louis Siaud était copropriétaire de l'hôtel Palace avec Alex McDonald. A. Donvil opérait un café tandis que de nombreux francophones ont manié le marteau comme forgeron au début du siècle: Charles et Louis Augey, Édouard Guillemin, François Hudon, Adolphe Marchand, Victor Moulin, J.B. Quensel, Killein Revet, Eugène DeBeer et Adolphe Huel. Ce dernier va s'établir à Gravelbourg après avoir passé quelques années à Forget. Les suivants ont été propriétaires de magasin général dans le district: Marcel Agarand, Alex Chapdelaine, Henri et Paul Dechief, A. Donvil, Louis Huel et Narcissus Perrault. Gustave Gavroy est propriétaire d'une quincaillerie alors que la salle de billard est opérée par Adalbert Marchard. Parmi les médecins francophones, mentionnons le docteur H.T. Picard (1926) et le docteur A.E. Cantalon (1927). Vers 1920, le village de Forget est un des plus florissants dans la région et la composante française est pleinement impliquée dans son développement. Comme il a déjà été mentionné, le village de Forget est situé à l'extrême ouest du territoire de colonisation de l'abbé Jean-Isidore Gaire. Les premiers colons arrivent à cet endroit en 1892, comme ceux de Cantal et de Bellegarde. La même année, Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface leur envoi un prêtre. «Le R.P. Albert Leuret est venu de France en 1892. Mgr Taché l'envoie à Alma, T.N.O., aujourd'hui Forget. Il demeure chez les Lapierre alors qu'il administre la paroisse. En 1893, il est envoyé à Willow Bunch.»(3) Il est peu probable que Forget, ou Alma, ait été reconnu comme paroisse en 1892. L'abbé Leuret administrait probablement une mission, comme ses successeurs, les R.P. Turcotte et Heynen qui ne visitait la région que de temps à autres. C'est seulement en 1899 qu'on fait enfin bâtir une église. «La première église a été construite en 1899 par les pères La Salette qui venaient juste d'arriver.»2 Les pères La Salette arrivent de France en 1899 et ils administreront la paroisse Notre-Dame de La Salette pendant 46 ans. Le premier curé de Notre-Dame de La Salette est le père J. Morard, M.S. Il surveille la construction de deux églises à Forget, celle construite en 1899 et une deuxième construite en 1904 lorsqu'on doit déménager à la suite de la construction d'une gare à quelques milles de la première église. La première église devient, dès le début, un lieu de pèlerinage à la Vierge Marie, Notre-Dame de la Salette. Au début du siècle, la population catholique et française de Forget est prête à accueillir des religieuses de la congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la Croix. Trois religieuses arrivent de Murinais, France, le 13 août 1905, pour y construire le Couvent Saint-Joseph. Elles sont venues à la demande de l'abbé Morard, qui les a averti, que dans la prairie canadienne, elles devaient connaître l'anglais. À cette fin, les trois premières religieuses ont déjà fait un séjour à Hartford, Connecticut. L'abbé Morard accepte de leur prêter son presbytère en attendant que le couvent soit construit. En décembre, sept autres Soeurs de Notre-Dame de la Croix arrivent à Forget: «Par un matin froid d'hiver, sept autres religieuses arrivent par train le 12 décembre 1905. L'abbé Morard, vêtu de son gros manteau de fourrure et de grosses bottes, vient rencontrer les Soeurs. Il voit que celles-ci ne portent que des capes légères et des petits gants.» (5) En septembre 1905, on a commencé la construction du couvent qui ouvre ses portes en mars 1906: «il y a soixante-sept garçons et filles passionnés - dix-huit pensionnaires et quarante-neuf externes.»4 Les religieuses doivent agrandir leur couvent en 1914 pour accueillir 80 élèves. Six ans plus tard, elles ajoutent une nouvelle chapelle, un dortoir et une salle de loisir. Le couvent de Forget porte le nom de l'Académie Saint-Joseph. Il devient aussi le noviciat des Soeurs de Notre-Dame de la Croix et accommode les jeunes filles de l'Ouest canadien qui veulent se joindre à cette congrégation religieuses. Si le nombre d'élèves diminuent à l'Académie Saint-Joseph pendant la crise économique des années 1930, le nombre rebondit durant la guerre, si bien qu'en 1945, il y a 200 élèves. Après la guerre, c'est à nouveau une baisse d'inscription. Les classes de l'élémentaire sont supprimées en 1961 et le couvent ferme ses portes peu de temps après. Au fil des ans, environ 3 000 élèves ont fait leurs études à l'Académie Saint-Joseph de Forget. Alors que les Soeurs de Notre-Dame de la Croix sont à bâtir un couvent à Forget en 1905, certains colons francophones se sont joints à des compatriotes anglophones pour établir une école publique. L. Huel, E. Guillemin, N. Marchand et J.B. Jacquemert sont parmi les fondateurs du district scolaire public No. 1320 le 29 août 1905. L'école publique de Forget est catholique et ce n'est qu'en 1914 qu'on établira une école séparée protestante dans le village. Références (1) Tecumseh History Book Committee, Tecumseh on the Prairies, Volume 1, Including Forget, Heward, Stoughton and area, Stoughton: Tecumseh History Book Committee, 1985. p. 112. (Traduction) (2) Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980. p. 103. (3) Tecumseh History Book Committee, Tecumseh on the Prairies, Volume 1, Including Forget, Heward, Stoughton and area, Stoughton: Tecumseh History Book Committee, 1985. p. 194. (Traduction) (4) Gerein, Rev. Frank, Outline History of the Archdiocese of Regina, Regina: Archdiocese of Regina, 1961. p. 151. (Traduction) (5) Archdiocese of Regina, A History 1910 - 1985, Regina (Sk): Archidiocese of Regina, 1988. p. 519. (Traduction) (6) Ibid. p. 520. (Traduction) Sources Un bout d'histoire... 171 et 172 Frémont, Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Les Éditions du blé, 1980. Tecumseh History Book Committee, Tecumseh on the Prairies, Volume 1, Including Forget, Heward, Stoughton and area, Stoughton: Tecumseh History Book Committee, 1985. Archdiocese of Regina, A History 1910 - 1985, Regina (Sk): Archidiocese of Regina, 1988. Gerein, Rev. Frank, Outline History of the Archdiocese of Regina, Regina: Archdiocese of Regina, 1961. |
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