Des lieuxFiliatrault (Frenchville)Un bout d'histoire (229) Filiatrault, Sask. Elle est vraiment intéressante cette jeune mission franco-canadienne située à 1 heure 1/2 au sud d'Admiral, via Shaunavon-Weyburn. Il y a déjà un bureau de poste et un grand magasin appartenant à la famille qui a donné son nom à la place. Pour le culte divin, on a aménagé une grande salle, avec autel, confessionnel, bancs qui sont tous bien affermés — orgue et surtout un bon choeur de chantres, etc. On se croirait dans l'église d'une jeune paroisse. Le Patriote de l'Ouest le 27 janvier 1916 Entre 1907 et 1910, l'abbé Albert Royer, curé de la paroisse Notre-Dame d'Auvergne, a fait venir des centaines de colons Français, Belges et Canadiens français pour peupler les vastes terres du sud-ouest de la Saskatchewan. Il a encouragé plusieurs de ces recrues d'aller s'établir environ 25 kilomètres au sud de Ponteix où un colon canadien-français, J.B. Filiatrault, avait construit une auberge pour les visiteurs. «Il s'agissait d'un bâtiment à deux étages; au rez-de-chaussée, il y avait la demeure de la famille, le bureau de poste et un petit magasin. À l'étage supérieur, il y avait des chambres à coucher.»(1) Un premier bureau de poste avait été établi dans la région le 1er septembre 1911. Il portait le nom de St. Aldwyn et était situé sur la section 12-17-13-W3. Le bureau de poste de St. Aldwyn n'existe que pour quelques mois, car le 1er janvier 1912 il a été déménagé dans le magasin de J.B. Filiatrault sur la section 12-07-15-W3 et a été renommé Filiatrault. Cinq ans plus tard, en 1917, le bureau de poste a été déménagé une autre fois, de l'autre côté de la route sur la section 14-07-15-W3 et renommé Frenchville. Donatien Frémont, dans son livre Les Français dans l'Ouest canadien, nous propose l'explication suivante pour ce dernier nom. «Il s'appela d'abord Filiatrault, nom bien canadien, qui s'effaça devant celui de Frenchville, peut-être parce que les Français y étaient en majorité, ou à cause du voisinage de la rivière Frenchman.»(2) Comme bien d'autres missions fondées par des Franco-Canadiens au début du siècle, Filiatrault-Frenchville était vouée à disparaître, faute de la présence du chemin de fer. «C'était un lieu perdu en pleine campagne, loin du chemin de fer, d'abord simple point marqué par une modeste église sans village, que l'abbé Passaplan fut le premier à desservir.»(3) La famille Filiatrault semble avoir quitté la région très tôt car dès 1916, leur ancienne auberge est devenue la première église de Filiatrault. L'église était située à l'étage supérieur tandis que le presbytère était au rez-de-chaussée. L'influence de l'abbé Royer dans la colonisation de Filiatrault a été évidente par le nombre de Français qui s'y sont établis. «L'abbé Royer y envoya plusieurs colons, entre autres Alphonse Esvêque et Marcel Champeau.»(4) Malheureusement, lorsque la première grande guerre a éclaté en 1914, plusieurs colons français sont retournés se battre pour la France. Certains ne sont jamais revenus. «De ce petit coin de l'Ouest devaient sortir des héros: Jean-Marie Lancier, tué à Verdun; Pierre Grangé, disparu au front du Tyrol. Il y eut aussi Marcel Campon, dragon qui fut garde d'honneur du généralissime Foch; Albert Coupé, qui fit la campagne de Salonique, après celle de France; P. Bailleul, Juillard et Lombard.»(5) Quelques-uns sont revenus après la guerre, comme Pierre Bailleul, Albert Coupé, Jean Lemonier et Alfred Jacquemin. Frenchville devient une paroisse catholique en 1922, mais durant la crise économique des années 1930 elle redevient une simple mission. En 1954, elle deviendra à nouveau une paroisse. Aujourd'hui, Frenchville n'apparaît même plus sur la plupart des cartes routières. (1) Admiral History Book Club, Admiral — Prairie to Wheatfields, Admiral: Admiral History Book Club, 1978, p. 129. (Traduction) (2) Frémont Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Éditions du blé, 1980, p. 108. (3) Ibid., p. 108. (4) Ibid., p. 108. (5) Ibid., p. 108. Sources Admiral History Book Club, Admiral — Prairie to Wheatfields, Admiral: Admiral History Book Club, 1978. Frémont Donatien, Les Français dans l'Ouest canadien, Saint-Boniface: Éditions du blé, 1980. |
|