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Des lieux

Fife Lake

Un bout d'histoire (130)

Fife Lake Sask.: La vallée de Fife Lake est certainement appelée à devenir un bon centre catholique de langue française. Situé à 15 milles au sud du florissant village de Willow Bunch, Fife Lake a une population mixte dont à peu près 50 familles de Canadiens français, de Français et de Belges et une vingtaine de familles d'Allemands catholiques. Présentement nous sommes desservis par M. le curé de Willow Bunch qui vient nous dire la messe de temps à autre quand il peut disposer de son temps. M. l'abbé Lemieux s'efforce de conserver intact ce noyau de catholiques aussi nous entoure-t-il de sa sollicitude.

Le Patriote de l'Ouest
le 26 février 1914


Ce sont surtout des célibataires qui se sont établis dans la vallée de Fife Lake au début du siècle. Ils sont Français, Belges et Canadiens français; ils viennent de l'Europe, du Québec et des États-Unis. D'autres sont même venus du Manitoba et de la région de Forget et Vibank. Ces derniers ont probablement suivi l'abbé Alphonse Lemieux, anciennement curé de Cantal et, depuis 1905, pasteur de la paroisse Saint-Ignace-des-Saules à Willow Bunch.

Le premier bureau de postes ouvre ses portes en 1912 dans la maison de Mathurin Yobe. Il est remplacé comme maître de postes par Toussaint Lebastard en 1918. Les catholiques doivent attendre jusqu'en 1928 avant d'avoir une église. Entre temps, la messe est chantée dans les maisons des colons. «Notre territoire se nommait au début “Little Woody” et la visite d'un prêtre missionnaire était rare; dans les cas urgents, il fallait s'adresser à la paroisse-mère, Willow Bunch. Les pionniers ont le respectueux souvenir d'un missionnaire ambulant, le R.P. Jacob Wilhelm, allemand, qui parcourait le vaste territoire de Radville à la Montagne de Bois avec un cheval et une petite voiture. Il s'arrêtait ça et là chez les gens et ici , chez les Kupper, famille qu'il avait connue en Allemagne.»(1)

En 1928, l'abbé Joseph-Albert Ménard propose de bâtir une église à Fife Lake. Comme ailleurs, on avait vanté les atouts de la vallée afin d'attirer de nouveaux colons. «Fife Lake comme centre agricole ne peut-être surpassé par aucune vallée au sud de Moose Jaw, à raison de son étendue, de la beauté de son terrain et de sa bonne eau à peu de profondeur et à proximité des mines de charbon.»(2) Le permier curé résidant est l'abbé J.-A. Rochon.

Malheureusement, le chemin de fer n'arrive à Fife Lake qu'en 1926 ce qui réduit sensiblement la colonisation dans la région. En février 1914, les gens prévoient que la ligne du chemin de fer sera construite sous peu, mais la première guerre mondiale retarde sa construction et on doit attendre jusqu'en 1926 avant l'arrivée du Canadien Pacifique. «La gare fut nommée Fife Lake, pour une raison que l'on ne peut déterminer; peut-être en mémoire du comté de Fife, en Écosse, puisque Coronach, nommé en même temps, est le nom d'un cheval de course fameux d'Écosse.»(3)

Bien sûr, même si la gare prend le nom de Fife Lake en 1926, le lac, situé sept milles à l'ouest du village, portait déjà le nom Fife depuis la fin du XIXe siècle. Il n'y aurait donc aucun lien entre la construction de la gare en 1926 et le nom de Coronach, le célèbre cheval de course écossais. Certains historiens prétendent que le nom pourrait venir de quatre frères écossais établis près du lac vers 1888 qui aimaient jouer leurs cornemuses fyfes. Dans la région, il y a bien d'autres histoires au sujet de l'origine du nom de Fife Lake.

L'arrivée du chemin de fer en 1926 donne un nouvel essor au village et plusieurs commerces sont établis, certains par des Canadiens français. Raoul Chevalier fonde une agence d'équipement agricole, tandis que S. E. Sarazin établit une boulangerie et Gérald Beauchamp opère un magasin général. Mais l'arrivée de la crise économique des années 1930 pousse plusieurs familles françaises à quitter la région. «De 1929 à 1939, la paroisse eut à subir la disette qui s'était abattue sur toute la région. La vie devenait de plus en plus difficile et la souffrance morale encore plus que la souffrance physique poussa beaucoup de nos bonnes familles à abandonner leurs terres et à aller chercher ailleurs un avenir plus prometteur.»(4)

(1) Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l'occasion de son Jubilé d'Argent, 1930-1955, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1955, p. 30.
(2) «Fife Lake, Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 26 février 1914.
(3) Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l'occasion de son Jubilé d'Argent, 1930-1955, op. cit., p. 31.
(4) Ibid., p. 31.

Sources
Croquis historiques des paroisses du diocèse de Gravelbourg, Sask., à l'occasion de son Jubilé d'Argent, 1930-1955, Gravelbourg: Diocèse de Gravelbourg, 1955.

«Fife Lake, Sask.», Le Patriote de l'Ouest, le 26 février 1914.





 
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